Le Parlement européen a adopté par 485 voix pour, 86 contre et 108 abstentions, une résolution sur la perspective de genre pendant la crise de la COVID-19 et la période de laprès-crise.
Le Parlement a insisté sur la nécessité dadopter une démarche qui tienne compte des questions dégalité des sexes dans tous les aspects de la réponse à la crise de la COVID-19. Il a invité la Commission à faciliter la création dun réseau permanent de partage des bonnes pratiques entre les États membres sur la manière de traiter ces questions. Il a recommandé la création dune formation spécifique du Conseil sur légalité entre les femmes et les hommes et dun groupe de travail formel afin de prendre des mesures communes et concrètes au plus haut niveau politique.
Aspects sanitaires de la COVID-19 et impact selon le sexe
Constatant le taux de mortalité plus élevé de la COVID chez les hommes, le Parlement a demandé à lOrganisation mondiale de la santé (OMS) et aux agences de lUnion concernées de se pencher sur limpact sanitaire différentiel sur les femmes et les hommes en vue de cerner la manière dont le virus et tout vaccin ou traitement potentiel pourraient affecter différemment les femmes et les hommes.
Les députés ont regretté que laccès aux services dans le domaine de la santé et des droits en matière de sexualité et de procréation ait été négligé, restreint ou même attaqué dans certains États membres pendant la crise. Ils ont invité Commission de prendre en compte les situations durgence telles que la COVID-19, de leur incidence sur des aspects de santé sexospécifiques, tels que les droits en matière de sexualité et de procréation, dans ses réponses politiques liées à la santé.
Violence sexiste pendant la pandémie de COVID-19
Les députés ont demandé aux États membres, dans leur réponse à la pandémie de COVID-19 :
- de sattaquer à la violence à caractère sexiste à laquelle sont confrontées les femmes et les filles, y compris les femmes transgenres, ainsi que les personnes intersexuées;
- de mettre en place des systèmes dalerte durgence sûrs et souples, de proposer de nouveaux services dassistance par téléphone, courrier électronique et message textuel pour les contacts directs entre la police et les services en ligne tels que les lignes dassistance, les plateformes numériques, les réseaux de pharmacie, et de fournir un financement durgence aux services de soutien et aux organisations de la société civile;
- de mettre à jour les protocoles pour les victimes de violence à caractère sexiste afin de les aider à demander de laide, à signaler les crimes et à accéder aux services de santé.
La Commission devrait pour sa part :
- élaborer un protocole de lUnion européenne sur la violence à légard des femmes en temps de crise et dans les situations durgence;
- promouvoir des campagnes de sensibilisation, dinformation et de promotion visant à lutter contre la violence domestique et sexiste sous toutes ses formes;
- proposer une directive visant à lutter contre toutes les formes de violence à caractère sexiste.
COVID-19, économie, relance et impact selon le sexe
Le Parlement a demandé de tenir compte du fait que la crise de la COVID-19 touche de manière disproportionnée les femmes dans la sphère socio-économique, y compris leur taux de revenu et demploi, ce qui risque daccroître les inégalités entre les hommes et les femmes ainsi que les discriminations sur le marché du travail. Ils ont demandé que tous les programmes dans le cadre du prochain CFP et de linstrument de lUnion européenne pour la relance intègrent les aspects sexospécifiques en tenant compte de légalité des sexes.
La résolution a appelé, entre autres, à :
- examiner la nature et la localisation du travail après la crise, soulignant que le télétravail nest pas une solution de substitution aux services de garde denfants;
- investir dans les soins pour garantir légalité entre les femmes et les hommes et lautonomisation des femmes sur le plan économique;
- encourager les hommes à avoir recours aux formules souples de travail, qui sont généralement choisies par une part disproportionnée de femmes;
- tenir compte des situations particulièrement difficiles auxquelles les parents isolés, dont une grande majorité de femmes (85 %), ont été confrontés au cours de la période de pandémie et daprès-crise;
- accroître la participation des femmes à léconomie et faire du principe «à travail égal salaire égal» un principe directeur lors de la conception de mesures en réponse à la crise de la COVID;
- soutenir les femmes entrepreneurs qui chercheront à valoriser les compétences quelles auront acquises au cours de la crise.
La résolution a également insisté sur la situation des femmes handicapées, des femmes migrantes, ainsi que sur les problèmes spécifiques des femmes sans-abris et des femmes prostituées, notamment leur vulnérabilité accrue face à la violence à caractère sexiste et au manque daccès aux établissements de santé. Elle a aussi insisté sur le caractère essentiel des services daide aux personnes LGBTQI+.
Action extérieure
Le Parlement a insisté sur la vulnérabilité des femmes et des filles dans de nombreuses régions du monde, en particulier dans les pays fragiles et touchés par les conflits. Il a invité la Commission à :
- veiller à ce que le soutien financier accordé aux pays partenaires pour faire face à la crise soit également destiné à soutenir les femmes et les filles;
- mener une politique commerciale fondée sur des valeurs, dont le respect des droits de lhomme, y compris légalité entre les femmes et les hommes;
- placer les femmes et les filles au cur de sa réponse à léchelle mondiale et à leur donner la possibilité de jouer un rôle actif dans la réponse à la pandémie.
La résolution a demandé que légalité entre les femmes et les hommes figure parmi les priorités stratégiques à prendre en considération lors de la future conférence sur lavenir de lEurope.