La commission de lenvironnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire a adopté un rapport dinitiative de Yannick JADOT (Verts/ALE, FR) intitulé «vers un mécanisme européen dajustement des émissions de carbone aux frontières compatible avec lOMC».
Les députés estiment que le fait de garantir une tarification efficace et significative du carbone, dans le cadre dun environnement réglementaire plus large, pourrait inciter à développer des méthodes de production présentant une empreinte carbone plus faible et pourrait stimuler les investissements dans linnovation et les nouvelles technologies.
Le rapport indique que les émissions de gaz à effet de serre (GES) intégrées dans les importations vers lUnion nont cessé daugmenter, sapant ainsi les efforts déployés par lUnion pour réduire son empreinte carbone mondiale. Les importations nettes de biens et de services dans lUnion représentent plus de 20 % des émissions de CO2 de lUnion.
Un mécanisme européen dajustement des émissions de carbone aux frontières compatible avec lOMC
Les députés ont soutenu la mise en place dun mécanisme européen dajustement carbone aux frontières, à condition quil soit compatible avec les règles de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) et les accords de libre-échange (ALE) de lUnion et quil ne soit pas utilisé abusivement pour renforcer le protectionnisme.
En appuyant les politiques climatiques de lUnion et mondiales en faveur de la neutralité en gaz à effet de serre, dans le droit fil des objectifs de laccord de Paris, un tel mécanisme permettrait de réduire les émissions mondiales de CO2 et de prévenir les fuites de carbone. Il encouragerait également les industries européennes et les partenaires commerciaux de lUnion à décarboner leurs industries.
Selon les députés, lintroduction dun mécanisme dajustement carbone aux frontières devrait:
- faire partie dun ensemble de mesures législatives visant à garantir la réduction rapide des émissions de GES résultant de la production et de la consommation de lUnion, notamment en renforçant lefficacité énergétique et le déploiement des énergies renouvelables;
- être associé à des politiques visant à favoriser les investissements dans les processus industriels à faible intensité de carbone, notamment au moyen doutils de financement innovants et dune politique industrielle européenne à la fois ambitieuse sur le plan environnemental et socialement équitable, en vue de guider une réindustrialisation décarbonée de lEurope.
Lien avec la révision du système déchange de quotas démission de lUE (SEQE-UE)
Les députés ont préconisé détudier les modalités pour la conception dun mécanisme dajustement carbone aux frontières couplée à la révision du SEQE de lUE, de façon à garantir leur complémentarité et leur cohérence.
Pour prévenir déventuelles distorsions sur le marché intérieur et le long de la chaîne de valeur, le mécanisme devrait couvrir tous les produits importés dans le cadre du système déchange de quotas démission de lUE (SEQE-UE), y compris lorsquils sont incorporés dans des produits intermédiaires ou finaux.
Le rapport a souligné que, dans une première phase (dès 2023) et à la suite dune analyse dimpact, le mécanisme devrait couvrir le secteur de lélectricité et les secteurs industriels à forte intensité dénergie tels que ceux du ciment, de lacier, de laluminium, du raffinage de pétrole, du papier, du verre, des produits chimiques et des engrais, qui continuent de bénéficier de quotas gratuits en quantités importantes et représentent encore 94 % des émissions industrielles de lUnion.
Les députés estiment quafin de répondre au risque de fuite de carbone potentielle tout en respectant les règles de lOMC, le mécanisme devrait facturer la teneur en carbone des importations dune manière qui reflète les coûts du carbone payés par les producteurs de lUnion. La tarification du carbone dans le cadre du mécanisme devrait refléter lévolution dynamique du prix des quotas de lUnion dans le cadre du SEQE de lUE tout en garantissant la prévisibilité et en réduisant la volatilité des prix du carbone.
Aspects liés au commerce dun mécanisme dajustement carbone aux frontières
Les députés exigent que laccord de Paris et son objectif de 1,5 °C figurent parmi les grands principes directeurs de la politique commerciale, auxquels toutes les initiatives en matière de commerce ainsi que leurs instruments de politique doivent être ajustés, par exemple en intégrant ce principe comme élément essentiel des ALE.
Soulignant que lUnion a joué un rôle de premier plan dans laction mondiale en faveur du climat, le rapport encourage la Commission et les États membres à intensifier leur diplomatie climatique aussi bien avant quaprès ladoption de la proposition législative pour un mécanisme dajustement carbone aux frontières, et à veiller en particulier au dialogue continu entre les partenaires commerciaux, pour stimuler laction mondiale pour le climat.
Alimenter le budget européen en tant que nouvelle ressource propre
Les députés ont soutenu lintention de la Commission dutiliser les recettes générées par le mécanisme dajustement carbone aux frontières comme de nouvelles ressources propres pour le budget de lUnion. Ils ont défendu lobjectif que cette ressource soit principalement affectée au pacte vert pour lEurope et à la transition juste et quune partie significative soutienne les transitions dans les pays les plus pauvres et les plus impactés par le dérèglement climatique.