Vers un mécanisme européen d’ajustement des émissions de carbone aux frontières compatible avec l’OMC
Le Parlement européen a adopté par 444 voix pour, 70 contre et 181 abstentions, une résolution vers un mécanisme européen dajustement des émissions de carbone aux frontières compatible avec lOMC.
Les députés constatent que si les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans lUnion ont diminué de 24 %, les émissions de GES intégrées dans les importations vers lUnion nont cessé daugmenter, sapant ainsi les efforts déployés par lUnion pour réduire son empreinte carbone mondiale.
Les importations nettes de biens et de services dans lUnion représentent plus de 20 % des émissions de CO2 de lUnion. Les émissions de GES contenues dans les importations devraient donc être mieux surveillées afin didentifier les mesures possibles pour réduire lempreinte carbone mondiale de lUnion.
Un mécanisme européen dajustement des émissions de carbone aux frontières compatible avec lOMC
Le Parlement a soutenu la mise en place dun mécanisme européen dajustement carbone aux frontières, à condition quil soit compatible avec les règles de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) et les accords de libre-échange (ALE) de lUnion et quil soit exclusivement conçu pour promouvoir les objectifs climatiques et ne soit pas utilisé abusivement pour renforcer le protectionnisme.
Selon les députés, lintroduction dun mécanisme dajustement carbone aux frontières devrait:
- faire partie dun ensemble de mesures législatives visant à garantir la réduction rapide des émissions de GES résultant de la production et de la consommation de lUnion, notamment en renforçant lefficacité énergétique et le déploiement des énergies renouvelables;
- être associé à des politiques visant à favoriser les investissements dans les processus industriels à faible intensité de carbone, notamment au moyen doutils de financement innovants et dune politique industrielle européenne à la fois ambitieuse sur le plan environnemental et socialement équitable, en vue de guider une réindustrialisation décarbonée de lEurope.
En complément de lintroduction dun tel mécanisme, la Commission devrait proposer des normes et des standards plus ambitieux et contraignants en matière de réduction des émissions de GES et déconomie de ressources et dénergie pour les produits mis sur le marché de lUnion.
Lien avec la révision du système déchange de quotas démission de lUE (SEQE-UE)
La résolution préconise détudier les modalités pour la conception dun mécanisme dajustement carbone aux frontières couplée à la révision du SEQE de lUE, de façon à garantir leur complémentarité et leur cohérence.
Pour prévenir déventuelles distorsions sur le marché intérieur et le long de la chaîne de valeur, les députés estiment que le mécanisme devrait couvrir tous les produits importés dans le cadre du SEQE-UE, y compris lorsquils sont incorporés dans des produits intermédiaires ou finaux.
Dans une première phase (dès 2023) et à la suite dune analyse dimpact, le mécanisme devrait couvrir le secteur de lélectricité et les secteurs industriels à forte intensité dénergie tels que ceux du ciment, de lacier, de laluminium, du raffinage de pétrole, du papier, du verre, des produits chimiques et des engrais, qui continuent de bénéficier de quotas gratuits en quantités importantes et représentent encore 94 % des émissions industrielles de lUnion.
Afin de répondre au risque de fuite de carbone potentielle tout en respectant les règles de lOMC, le mécanisme devrait facturer la teneur en carbone des importations dune manière qui reflète les coûts du carbone payés par les producteurs de lUnion. La tarification du carbone dans le cadre du mécanisme devrait refléter lévolution dynamique du prix des quotas de lUnion dans le cadre du SEQE de lUE tout en garantissant la prévisibilité et en réduisant la volatilité des prix du carbone.
Les critères environnementaux devraient jouer un rôle essentiel dans le choix de linstrument, en garantissant un prix du carbone prévisible et suffisamment élevé qui encourage les investissements de décarbonation.
Aspects liés au commerce dun mécanisme dajustement carbone aux frontières
Les députés exigent que laccord de Paris figure parmi les grands principes directeurs de la politique commerciale, auxquels toutes les initiatives en matière de commerce ainsi que leurs instruments de politique doivent être ajustés, par exemple en intégrant ce principe comme élément essentiel des ALE.
Soulignant le rôle de premier plan de lUnion dans laction mondiale en faveur du climat, la résolution encourage la Commission et les États membres à intensifier leur diplomatie climatique aussi bien avant quaprès ladoption de la proposition législative pour un mécanisme dajustement carbone aux frontières, et à veiller en particulier au dialogue continu entre les partenaires commerciaux, pour stimuler laction mondiale pour le climat.
Tout mécanisme devrait inciter les industries de lUnion et des pays tiers à fabriquer des produits propres et compétitifs, et à éviter les fuites de carbone, sans nuire aux possibilités commerciales.
Alimenter le budget européen en tant que nouvelle ressource propre
Le Parlement a soutenu lintention de la Commission dutiliser les recettes générées par le mécanisme dajustement carbone aux frontières comme de nouvelles ressources propres pour le budget de lUnion. Ces nouvelles recettes devraient permettre de soutenir davantage laction pour le climat et les objectifs du pacte vert, ainsi que daccroître la contribution de lUnion au financement international de la lutte contre le changement climatique en faveur des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement qui sont les plus vulnérables au changement climatique.