Le Parlement européen a adopté par 504 voix pour, 79 contre et 112 abstentions, une résolution contenant des recommandations à la Commission sur le devoir de vigilance et la responsabilité des entreprises.
Selon une étude de la Commission, seules 37 % des entreprises interrogées font actuellement preuve de diligence raisonnable en matière d'environnement et de droits de l'homme. L'adoption de cadres et de normes de diligence raisonnable au sein des Nations unies, du Conseil de l'Europe, de l'OCDE et de l'OIT est volontaire et, par conséquent, leur application a été limitée. La législation de l'UE devrait progressivement et de manière constructive s'appuyer sur ces cadres et normes.
Mesures contraignantes à léchelle de lUE
Les députés estiment que lUnion devrait adopter de toute urgence des exigences contraignantes imposant aux entreprises didentifier, dévaluer, de prévenir, de faire cesser, datténuer, de surveiller et de communiquer les effets préjudiciables potentiels et/ou réels pour les droits de lhomme, lenvironnement et la bonne gouvernance dans leur chaîne de valeur, ainsi que den rendre compte, de sy attaquer et dy remédier.
Le Parlement a demandé que la Commission présente sans délai une proposition de directive relative aux obligations de vigilance dans la chaîne dapprovisionnement. La résolution contient des recommandations sur les éléments clés de linitiative législative proposée:
Champ dapplication
Le champ d'application du futur cadre européen obligatoire en matière de diligence raisonnable devrait couvrir les grandes entreprises régies par le droit dun État membre ou établies sur le territoire de lUnion, et sappliquer également à toutes les petites et moyennes entreprises cotées en bourse, ainsi quaux petites et moyennes entreprises à haut risque.
Stratégie de vigilance
En vertu de la directive proposée, les entreprises devraient :
- définir des règles pour sassurer que les entreprises font efficacement preuve de la vigilance appropriée en ce qui concerne les incidences négatives potentielles ou réelles sur les droits de lhomme, lenvironnement et la bonne gouvernance dans leurs activités et leurs relations daffaire;
- nouer avec les parties prenantes un dialogue de bonne foi, de manière efficace, constructive et avisée, lors de létablissement et de la mise en uvre de leur stratégie de vigilance;
- publier, dans le respect du secret commercial, la version actualisée de leur stratégie de vigilance ou la déclaration comportant lévaluation des risques et la mettre gratuitement à la disposition du public, en particulier sur leur site internet;
- communiquer leur stratégie de vigilance aux représentants des travailleurs et aux syndicats, ainsi quaux relations daffaires de lentreprise et, sur demande, à lune des autorités nationales compétentes;
- évaluer lefficacité et le caractère approprié de leur stratégie de vigilance et de sa mise en uvre au moins une fois par an, et la réviser chaque fois quune révision est jugée nécessaire à la suite de lévaluation;
- mettre en place un mécanisme de traitement des plaintes, à la fois comme mécanisme dalerte précoce des risques et comme système de médiation, permettant à toute partie prenante dexprimer des préoccupations raisonnables concernant lexistence dune incidence négative potentielle ou réelle sur les droits de lhomme, lenvironnement ou la bonne gouvernance;
- prévoir un processus de correction ou coopérer dans le cadre de celui-ci lorsquelles constatent quelles ont causé une incidence négative ou quelles y ont contribué.
Surveillance
Chaque État membre devrait désigner une ou plusieurs autorités nationales compétentes chargées de surveiller lapplication de la directive et de diffuser les meilleures pratiques en matière de devoir de vigilance. Les autorités nationales compétentes désignées devraient être indépendantes et disposer de ressources humaines, techniques et financières nécessaires, de locaux et dune infrastructure, et de lexpertise permettant de sacquitter efficacement de leurs obligations.
Les autorités compétentes des États membres pourraient mener des enquêtes pour sassurer que les entreprises respectent les obligations. Ces contrôles pourraient comprendre lexamen de la stratégie de vigilance de lentreprise, du fonctionnement du mécanisme de traitement des plaintes, ainsi que des contrôles sur place.
Lignes directrices
La Commission, en consultation avec les États membres et lOCDE, et avec laide de lAgence des droits fondamentaux de lUnion européenne, lAgence européenne pour lenvironnement et lAgence exécutive pour les PME, devrait publier des lignes directrices générales non contraignantes à destination des entreprises sur les meilleures manières de satisfaire aux obligations en matière de devoir de vigilance.
Un portail spécifique pour les PME devrait être disponible dans les États membres leur permettant de solliciter un soutien et des informations sur la meilleure façon de satisfaire à leurs obligations.