Le Parlement européen a adopté par 578 voix pour, 65 contre et 51 abstentions, une résolution sur la mise en uvre de la directive 2000/78/CE du Conseil portant création dun cadre général en faveur de légalité de traitement en matière demploi et de travail à la lumière de convention des Nations unies sur les droits des personnes handicapées (CNUDPH).
La CNUDPH est entrée en vigueur pour lUnion européenne en janvier 2011. La convention est contraignante pour lUnion européenne, pour ses institutions et pour ses États membres, qui ont lobligation directe de la mettre pleinement en uvre, y compris son article 27 relatif au travail et à lemploi. La convention reconnaît le droit des personnes handicapées à travailler sur un pied dégalité avec les autres, à choisir librement leur métier, à être acceptées et à travailler dans un milieu de travail ouvert, accessible et favorisant linclusion.
Les députés rappellent que le taux de chômage des personnes handicapées (17,1 %) est près du double de la population générale (10,2 %). Seuls 50,6 % des personnes handicapées occupent un emploi, contre 74,8% des personnes non handicapées au sein de lUnion. Les femmes handicapées continuent dêtre confrontées à des discriminations multiples dans tous les domaines de la vie. Seulement 20,7% dentre elles ont un emploi à temps plein.
Mettre pleinement en uvre les dispositions de la CNUDPH
Le Parlement demande aux institutions de lUnion et aux États membres de réaffirmer leur engagement à parvenir à légalité inclusive des personnes handicapées et dintensifier leurs efforts en vue de créer un marché du travail accessible et sans discrimination pour les personnes handicapées. Ils appellent à une révision rapide de la directive sur légalité en matière demploi en vue de lharmoniser avec les dispositions de la CNUDPH et de mettre en uvre un processus visant à assurer la participation directe et totale des organisations représentatives de personnes handicapées.
Pour un lieu de travail inclusif et accessible
La résolution demande à la Commission et aux États membres dadopter des normes de conception universelles et des lignes directrices relatives à laccessibilité des environnements, des programmes, des services et des lieux de travail, de leurs équipements et de leurs infrastructures.
Les États membres sont en particulier invités à :
- garantir des aménagements raisonnables à lintention des personnes handicapées sur le lieu de travail sans quaucun coût ne soit supporté par les travailleurs, à préparer des documents dorientation en ce sens et à fournir une formation pertinente dans des formats accessibles aux employeurs et aux travailleurs;
- recourir à lintroduction de quotas contraignants en matière de diversité sur le lieu de travail avec des sanctions efficaces et proportionnées en cas de non-respect, y compris des amendes, dont le montant serait investi dans des programmes dinclusion; les institutions de lUnion devraient montrer lexemple en fixant un quota en matière de diversité;
- soutenir les entreprises publiques et privées dans la mise en uvre des plans annuels pour la diversité assortis dobjectifs mesurables et dévaluations périodiques et aider les employeurs à recruter des personnes handicapées;
- adopter des politiques durables et inclusives en matière demploi, telles que des procédures de recrutement adaptées ou des emplois flexibles et personnalisés;
- recourir à des incitations fiscales et dautres mesures de soutien financier pour les entreprises qui recrutent des personnes handicapées, soutenir les entreprises inclusives par le biais des marchés publics et promouvoir la responsabilité sociale des entreprises en matière demploi de personnes handicapées;
- mettre en place, de toute urgence, des mesures destinées à évaluer les principales tendances qui se dessinent pour lavenir du travail sous langle du handicap;
- évaluer en permanence, conjointement avec les représentants des personnes handicapées, les caractéristiques et la diversité des ateliers protégés existants ainsi que leur efficacité à apporter aux personnes handicapées les compétences nécessaires pour trouver un emploi.
Pour un lieu de travail sans discrimination
Le Parlement demande à la Commission et aux États membres de lancer des campagnes de sensibilisation sur les contributions des personnes handicapées, dans des formats accessibles et en langues des signes, afin déliminer la stigmatisation et les préjugés qui existent à lencontre les personnes handicapées et de lutter contre le harcèlement et lexploitation.
Les États membres sont notamment invités à :
- prendre des mesures pour garantir la non-discrimination des personnes handicapées, afin dassurer laccessibilité des lieux de travail, des transports et de lenvironnement bâti, et à prévoir des aménagements raisonnables à toutes les étapes du parcours professionnel travail en faveur de conditions de travail saines et de laide à lemploi;
- prendre les mesures appropriées pour garantir que des conseils et une assistance juridiques raisonnables et accessibles puissent être obtenus et fournis aux victimes de discrimination à toutes les étapes du processus judiciaire;
- sattaquer à lécart actuel de rémunération basé sur le sexe, le handicap et les origines ethniques, et à lutter ainsi contre la discrimination salariale et le risque de pauvreté au travail pour les travailleurs confrontés à des obstacles au travail et qui sont soumis à de multiples discriminations, en particulier les personnes LGBTI, les femmes, les Roms et les réfugiés;
- ne pas priver les personnes handicapées de leurs prestations dinvalidité, qui couvrent les surcoûts liés à leur handicap, lorsquelles entrent sur le marché du travail ou lorsquelles dépassent un certain seuil de revenu.
Actions ciblées supplémentaires et intégration des droits des personnes handicapées
La résolution demande à la Commission et aux États membres dharmoniser la définition du handicap et dassurer la reconnaissance mutuelle du statut de handicap entre les États membres. La Commission est invitée à fixer des objectifs clairs, mesurables et ambitieux en matière de diversité sur le lieu de travail dans sa stratégie en faveur des personnes handicapées pour laprès-2020.
Enfin, les députés demandent la collecte, à léchelle de lUnion, de données relatives au handicap qui repose sur une approche fondée sur les droits de lhomme et inclue les personnes handicapées, qui étaient jusquà présent exclues des statistiques.