Le rôle de la politique de développement face à la perte de biodiversité dans les pays en développement, dans le contexte de la réalisation du programme de développement durable à l’horizon 2030
La commission du développement a adopté un rapport dinitiative de Michèle RIVASI (Verts/ALE, FR) sur le rôle de la politique de développement face à la perte de biodiversité dans les pays en développement, dans le contexte de la réalisation du programme de développement durable à lhorizon 2030.
Cohérence des politiques au service du développement
Selon les députés, lefficacité de la politique extérieure de lUnion en matière de biodiversité dépend de la cohérence entre celle-ci et les autres politiques extérieures clés de lUnion, comme les accords commerciaux et dinvestissement.
Inquiets de la perte de biodiversité qui compromet les avancées dans environ 80% des objectifs mesurables relatifs aux objectifs de développement durable (ODD), les députés ont demandé à lUnion européenne de sattaquer de manière complète aux causes profondes de la perte de biodiversité et dintégrer des obligations de conservation et dutilisation durable des ressources et de restauration des écosystèmes dans ses politiques et ses partenariats de coopération au développement extérieur.
Le rapport a insisté pour que les objectifs de lUnion en matière de biodiversité sappuient sur des connaissances scientifiques solides et soient pleinement intégrés à son action extérieure, notamment dans le cadre des stratégies et accords de partenariat, tels que les accords de pêche conclus avec les pays en développement.
LUnion est invitée à renforcer le soutien financier et technique quelle apporte aux pays en développement afin datteindre les nouveaux objectifs mondiaux et à introduire le droit à un environnement sûr, propre, sain et durable dans la charte des droits fondamentaux de lUnion européenne et à plaider pour que ce concept soit reconnu au niveau mondial comme droit de lhomme.
Le rapport insiste sur limportance de la planification et du suivi de lIVCDCI - Europe dans le monde, rappelant que linstrument doit contribuer à lambition selon laquelle 7,5% des dépenses annuelles au titre du cadre financier pluriannuel (CFP) en 2024, puis 10% à partir de 2026, devront être consacrées aux objectifs en matière de biodiversité. Les députés souhaitent une augmentation significative du financement accordé à la préservation de la biodiversité, conformément à laccord sur le CFP, et une aide technique en vue de la création dinstruments supplémentaires de mobilisation des ressources.
Les députés ont salué lengagement pris par la Commission délaborer une proposition législative sur un devoir de diligence contraignant pour les entreprises en matière de droits de lhomme et denvironnement à toutes les étapes de leurs chaînes dapprovisionnement. Ils ont invité la Commission de présenter durgence une proposition en faveur dun cadre juridique de lUnion pour enrayer et inverser la déforestation et de dégradation des forêts dont lUnion est responsable à léchelle mondiale.
Prendre en compte la biodiversité dans tous les domaines daction
Le rapport exhorte lUnion à tenir compte de la biodiversité et des services écosystémiques dans tous les domaines daction qui y sont liés, en particulier lagriculture, la pêche, la foresterie, lénergie, les activités minières, le commerce, le tourisme et le changement climatique, et dans ses politiques et actions en faveur du développement et de la réduction de la pauvreté.
La politique de développement de lUnion devrait notamment :
- prévoir des incitations financières et des actions volontaires comme réglementaires en faveur de ladoption et de la mise en application par les agriculteurs de pratiques bénéfiques pour la biodiversité et lenvironnement;
- tenir compte des obligations de lUnion au titre daccords internationaux et veiller à ce que laide au développement ne serve pas à promouvoir des technologies de modification génétique dans des pays en développement;
- soutenir les régimes de droits de la propriété intellectuelle qui favorisent la production de variétés de semences adaptées à léchelle locale et de semences paysannes;
- soutenir les efforts des pays en développement visant à durcir la réglementation sur les risques liés aux pesticides;
- améliorer les accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable;
- prendre toutes les mesures nécessaires pour agir de façon globale sur les causes profondes de la pollution marine et de lépuisement des ressources halieutiques;
- évaluer les incidences des accords commerciaux sur la déforestation, la perte de biodiversité et les droits de lhomme dans le cadre des évaluations de lincidence sur le développement durable, en sappuyant sur des données scientifiques;
- se focaliser davantage sur les soins de santé, la prévention des maladies et laccès aux médicaments dans les pays en développement et renforcer laction de lUnion contre les pandémies et les autres menaces sanitaires, en tenant compte des relations entre les pandémies zoonotiques et la perte de biodiversité;
- accorder une attention particulière aux projets et aux accords susceptibles davoir des répercussions sur les terres, territoires ou ressources naturelles des peuples autochtones et des communautés locales;
- combattre la criminalité environnementale (notamment le trafic despèces sauvages) qui représente une menace au niveau mondial pour la conservation de la nature, le développement durable, la stabilité et la sécurité.
LUnion et ses États membres sont invités à inclure lécocide et le droit des générations futures dans le droit international relatif à lenvironnement.