Le Parlement européen a adopté par 494 voix pour, 103 contre et 72 abstentions, une recommandation au Conseil, à la Commission et au vice-président de la Commission/haut représentant de lUnion pour les affaires étrangères et la politique de sécurité concernant lorientation des relations politiques entre lUnion européenne et la Russie.
Le Parlement souhaite rappeler quil fait la distinction entre le peuple russe et le régime du président Poutine qualifié de «cleptocratie autoritaire». Les mesures proposées dans cette recommandation sont donc dirigées contre le régime de Poutine, ses actes criminels et ses politiques antidémocratiques et elles soulignent lurgente nécessité de tendre la main au peuple russe et de lui montrer que lUnion est disposée à répondre à ses préoccupations.
Les députés recommandent de réexaminer, avec les États membres, la politique de lUnion à légard de la Russie et délaborer une stratégie globale de lUnion à légard de la Russie fondée sur les principes et actions suivants:
Dissuasion de la menace russe - Lutte contre la menace pour la sécurité
Le régime russe actuel menace la paix et la sécurité en Europe en continuant de commettre des violations systématiques des droits de lhomme envers son peuple et de faire montre dun comportement agressif dans sa politique étrangère. Daprès lévaluation récente du groupe de réflexions de lOTAN, la Russie constitue une menace à long terme pour la sécurité de lEurope.
Le Parlement estime que lUnion devrait renforcer son rôle en tant quacteur global afin dempêcher la Russie de poursuivre une «bilatéralisation» des relations avec lUnion et devrait se pencher sur la stratégie de sécurité nationale la plus récente de la Russie, qui reconnaît officiellement lorientation anti-occidentale de la politique étrangère russe.
LUnion devrait coopérer davantage avec ses partenaires et investir dans des projets destinés à renforcer sa sécurité et ses capacités conjointes en matière dopérations militaires, dinformatique et dénergie, ainsi que la coordination des efforts de contre-espionnage des États membres.
Lutte contre lingérence russe dans lUnion et dans les pays du voisinage oriental
Les députés font remarquer quun nombre de plus en plus important dacteurs internationaux, dont la Russie, mettent en place des stratégies de guerre hybride, notamment contre lUnion européenne et ses États membres en vue de saper le projet européen, de polariser les sociétés démocratiques et de susciter des divisions entre elles au moyen de la désinformation. LUnion, en coordination avec lOTAN et ses partenaires, y compris les pays du Partenariat oriental devraient sassurer que suffisamment de ressources et dinstruments capables de combattre les menaces et ingérences hybrides russes sont déployés.
Par ailleurs, lUnion devrait reconnaître les aspirations européennes de ses pays voisins et rejeter la politique de sphères dinfluence de la Russie. Les députés estiment que lUnion, conjointement avec lOTAN et les partenaires internationaux, devrait exercer une action dissuasive sur la Russie afin de maintenir la paix et la stabilité en Europe et au-delà, en renforçant ses propres capacités de défense et en pressant les autorités russes de sabstenir de toute ingérence dans le voisinage oriental et méridional de lUnion.
LUnion devrait également veiller à ce que la dimension sécuritaire des pays du Partenariat oriental soit intégrée aux orientations stratégiques sur la sécurité et la défense et envisager de lancer une série de pactes de sécurité avec certains pays choisis de son voisinage, tels que lUkraine, la Moldavie et la Géorgie.
Engagement et dialogue sélectif avec le Kremlin pour préparer la transition de la Russie
Le Parlement estime que lUnion devrait travailler dans deux directions: dun côté, vers un dialogue sélectif sous condition avec les autorités du Kremlin et les gouvernements régionaux, et, de lautre côté, vers un engagement stratégique avec la société civile russe, qui lutte pour la démocratie en Russie ainsi quune coopération indépendante avec les acteurs régionaux et locaux. La stratégie de lUnion ne devrait pas exclure un dialogue avec les autorités, lorsque cela est dans lintérêt de lUnion et que cela ne compromet pas les engagements de lUnion en matière de droits de lhomme et dobjectifs démocratiques.
Réagir par des sanctions, des contrôles financiers et des enquêtes internationales
LUnion devrait renforcer sa coopération avec les États-Unis et dautres partenaires partageant les mêmes valeurs et proposer une boîte à outils pour la défense de la démocratie. Celle-ci devrait comprendre des actions conjointes en matière de sanctions, des politiques pour lutter contre les flux financiers illicites, des règles relatives à la conditionnalité de laide économique et financière, des enquêtes internationales et un programme ambitieux de soutien à la liberté et à la démocratie ainsi quaux hommes et femmes qui militent pour les droits de lhomme et défendent la démocratie.
LUnion devrait mettre en place un cadre centralisé de lutte contre les flux financiers illicites et renforcer davantage son cadre de lutte contre le blanchiment de capitaux. Les gouvernements nationaux et les organisations internationales devraient, en parallèle, mener des enquêtes sur les patrimoines cachés des principaux dirigeants et oligarques russes et rendre ces chiffres publics.
Par ailleurs, lUnion devrait mettre en uvre une stratégie claire sur la façon de réduire sa dépendance à légard du gaz, du pétrole et autres matières premières (notamment le fer, lacier, laluminium et le nickel) en provenance de Russie, tant que le président Poutine sera au pouvoir. Elle devrait défendre un programme environnemental ambitieux et ferme, et se fixer comme principale priorité géopolitique la mise en uvre rapide du paquet du pacte vert.
Soutien à une société en faveur de la démocratie en Russie
La transformation démocratique de la Russie est dun intérêt majeur pour la sécurité géopolitique de lUnion. Les députés estiment que la Russie peut devenir une démocratie et que, comme tous les peuples, le peuple russe aspire aux valeurs universelles de liberté et de démocratie. LUnion devrait donc présenter au peuple russe des propositions concrètes de coopération mutuellement bénéfique.
La Russie devrait sengager dans la résolution des conflits en cours et dans la prévention de tout conflit futur, en commençant par rétablir les territoires occupés et annexés illégalement dans la région du Partenariat oriental dans leurs frontières reconnues internationalement et en respectant les choix démocratiques, euroatlantiques et pro-européens des pays.
Conformément au principe de «la démocratie avant tout», lUnion devrait renforcer lexigence de conditionnalité dans ses relations avec la Russie en proposant ou en convenant avec celle-ci de mesures destinées à protéger les droits de lhomme et la liberté de la presse, et à organiser des élections libres, qui seraient des conditions sine qua non au dialogue.