Définition de la violence fondée sur le genre comme un nouveau domaine de criminalité énuméré à l’article 83, paragraphe 1, du traité FUE
Le Parlement européen a adopté par 427 voix pour, 119 contre et 140 abstentions, une résolution contenant des recommandations à la Commission sur lidentification de la violence fondée sur le genre comme un nouveau domaine de criminalité énuméré à larticle 83, paragraphe 1, du traité FUE.
La violence fondée sur le genre, y compris à légard des personnes LGBTIQ+, tant en ligne quhors ligne, assortie de labsence daccès à une protection suffisante est la manifestation la plus grave des discriminations fondées sur le genre et constitue une violation des droits fondamentaux consacrés dans la Charte des droits fondamentaux de lUnion européenne.
Les enquêtes menées par lUnion montrent quune femme sur trois dans lUnion, soit 62 millions de femmes, a subi des violences physiques et/ou sexuelles depuis lâge de quinze ans et une sur deux (55%) a été victime de harcèlement sexuel. LOrganisation mondiale de la santé (OMS) indique que dans le monde, près dun tiers (27%) des femmes âgées de 15 à 49 ans ayant eu une relation déclarent avoir subi une forme de violence exercée par leur partenaire intime. Au niveau mondial, pas moins de 38% de lensemble des meurtres de femmes sont commis par leur partenaire intime.
La crise liée à la COVID-19 a entraîné une augmentation spectaculaire de la violence fondée sur le genre, avec une hausse de 60% du nombre des appels durgence passés par des femmes victimes de violences.
Face à cette situation, le Parlement a demandé à la Commission de soumettre, sur la base de larticle 83, paragraphe 1, troisième alinéa, du traité sur le fonctionnement de lUnion européenne, une proposition de décision du Conseil identifiant la violence fondée sur le genre comme un nouveau domaine de criminalité particulièrement grave revêtant une dimension transfrontière. Cela servirait de base juridique pour une directive du Parlement européen et du Conseil, axée sur les victimes, visant à prévenir et à combattre toutes les formes de violence fondée sur le genre, en ligne et hors ligne.
La Commission est invitée à proposer une directive globale sur la violence fondée sur le genre qui mette en uvre les normes de la convention dIstanbul et dautres normes internationales telles que les recommandations du Comité pour lélimination de de la discrimination à légard des femmes, et qui comprenne au moins les aspects suivants:
- des mesures de prévention, y compris par des programmes éducatifs tenant compte de la dimension de genre et de lintersectionnalité à lintention des filles et des garçons, et par lautonomisation des femmes et des filles;
- des services de soutien et des mesures de protection des victimes et de réparation;
- des mesures visant à lutter contre toutes les formes de violence fondée sur le genre, y compris la violence à légard des personnes LGBTIQ + fondée sur le genre, lidentité de genre, lexpression de genre et les caractéristiques sexuelles, ainsi que contre la violence fondée sur le genre en ligne et lexploitation et les abus sexuels;
- des normes minimales en matière dapplication de la loi;
- une approche intersectionnelle et centrée sur la victime;
- lobligation pour les États membres de veiller à ce que les droits de garde et de visite des enfants soient dûment pris en considération dans les affaires de violences fondées sur le genre, en plaçant les droits de la victime au centre de leur législation;
- des mesures garantissant que les informations sont disponibles dans toutes les langues pertinentes; et
- des mesures visant à assurer la coopération entre les États membres et léchange de bonnes pratiques, dinformations et dexpertise.
Dans sa résolution, le Parlement a dénoncé le féminicide comme la forme la plus extrême de la violence fondée sur le genre à légard des femmes et des filles.
Les députés ont préconisé des mesures qui sattaquent aux causes profondes des inégalités entre les genres, notamment en luttant contre le sexisme et les normes, les valeurs et les stéréotypes patriarcaux en matière de genre et en accordant une place centrale à légalité des genres dans léducation. La Commission et les États membres devraient améliorer la fourniture régulière de données ventilées et de qualité sur toutes les formes de violence fondée sur le genre au niveau de lUnion et à léchelon national, ainsi que leur comparabilité.
Le Parlement a invité les États membres :
- prendre toutes les mesures nécessaires pour faciliter et assurer loctroi dun soutien et de réparations aux femmes et aux filles dans toute leur diversité et à toutes les personnes ayant survécu à la violence fondée sur le genre, et à promouvoir et garantir leur protection contre toutes les formes de violence;
- se conformer à la convention dIstanbul en mettant en place des mesures de protection à lintention des femmes qui reposent sur une compréhension fondée sur le genre de la violence à légard des femmes et de la violence entre partenaires intimes et qui soient axées sur les droits humains et la sécurité des victimes;
- veiller à ce que les enfants soient également considérés comme des victimes de la violence fondée sur le genre dans les cas de violence entre partenaires intimes;
- donner davantage de ressources et une formation plus poussée aux professionnels concernés, aux agents des services répressifs, y compris aux juges, procureurs, personnels de justice, médecins légistes, et évaluer la possibilité de créer des tribunaux spécialisés à cet effet;
- garantir laccès des victimes aux services essentiels, notamment les services de santé sexuelle et génésique, y compris dans les zones rurales.
La Commission est invitée à élaborer un protocole de lUnion sur la violence fondée sur le genre en temps de crise et à prévoir des services de protection des victimes, tels que des lignes dassistance téléphonique, des hébergements sûrs et des services de santé, en tant que «services essentiels» dans les États membres, afin de prévenir la violence fondée sur le genre et de soutenir les victimes lors de crises telles que celles de la pandémie de COVID-19.