Le Parlement européen a adopté par 377 voix pour, 87 contre et 224 abstentions, une résolution sur le renforcement de la transparence et de lintégrité des institutions de lUnion par la création dun organisme européen indépendant chargé des questions déthique.
Le Parlement a proposé la conclusion dun accord interinstitutionnel sur la base de larticle 295 du traité FUE afin de mettre en place, pour le Parlement et la Commission, un organisme européen indépendant chargé des questions déthique ouvert à la participation de lensemble des institutions, organes et organismes de lUnion.
Principes, champ dapplication et mandat
Dans le cadre de ses missions, notamment en matière de contrôle et denquête, lorganisme devrait se fonder sur les compétences actuellement conférées aux institutions pour demander des informations à leurs membres ou sur l'autorisation des autorités nationales pour partager des informations. La procédure suivie par lorganisme européen devrait assurer un niveau de transparence approprié tout en préservant les garanties procédurales définies dans la charte des droits fondamentaux de lUnion européenne.
Le nouvel organisme devrait se voir déléguer une liste de missions convenues et être consulté sur les règles éthiques applicables aux membres de la Commission, aux députés au Parlement européen et au personnel des institutions participantes avant, pendant et, dans certains cas, après leur mandat ou leur carrière conformément aux règles applicables.
Composition
Afin de garantir lefficacité et lintégrité de ce nouvel organisme, le Parlement propose quil se compose de neuf membres indépendants, à savoir trois choisis par la Commission, trois élus par le Parlement et trois nommés de jure parmi les anciens présidents de la Cour de justice, les anciens présidents de la Cour des comptes et les anciens Médiateurs européens.
Les membres de lorganisme devraient être choisis en fonction de leurs compétences, de leur expérience et de leurs qualités professionnelles, ainsi que de leur intégrité personnelle, avoir un comportement éthique irréprochable et fournir une déclaration dabsence de conflits dintérêts. Lorganisme pourrait élire un président et deux vice-présidents parmi ses membres. Léquilibre hommes-femmes devrait être respecté dans sa composition.
Lorganisme serait assisté par un secrétariat disposant des ressources humaines et financières à la hauteur de ses tâches.
Compétences et pouvoirs
Toutes les institutions participantes devraient confier à lorganisme européen chargé des questions déthique, dune part, un rôle préventif par la sensibilisation et lorientation en matière déthique et, dautre part, un rôle en matière de contrôle de la conformité et de conseil assorti de la faculté démettre des recommandations en matière déthique, y compris en ce qui concerne les conflits dintérêts.
Les députés estiment que cette capacité de contrôle devrait comprendre, entre autres, la possibilité de vérifier la véracité de la déclaration dintérêts financiers, qui devrait être directement transmise à lorganisme par les personnes qui en relèvent, ainsi quau Parlement en ce qui concerne les commissaires désignés.
Lorganisme européen indépendant chargé des questions déthique devrait :
- avoir le droit douvrir une enquête de son propre chef et de mener des enquêtes sur place et sur pièce sur la base dinformations quil a recueillies ou quil a reçues de tiers, par exemple de journalistes, de médias, d'ONG, de lanceurs d'alerte, de la société civile ou du Médiateur européen;
- protéger les lanceurs dalerte, en particulier les fonctionnaires européens, afin qu'ils puissent faire part de leurs préoccupations concernant d'éventuelles violations des règles sans craindre de représailles;
- conseiller les députés au Parlement européen ou les membres de la Commission lorsque ceux-ci sollicitent ses conseils en matière déthique;
- disposer des pouvoirs denquête appropriés, ainsi que du pouvoir de demander des documents administratifs et dy avoir accès, afin de lui permettre de procéder à des évaluations bien motivées et documentées.
Procédures
En vue de contribuer à linstauration dune culture institutionnelle fondamentalement basée sur la prévention, le soutien et la transparence, le Parlement propose que lorganisme européen puisse appliquer, en cas de violation ou déventuelle violation des règles, une démarche en deux étapes.
Ainsi, dans le cas où lorganisme apprend lexistence dune violation ou dune éventuelle violation des règles éthiques, il pourrait recommander tout dabord des mesures visant à mettre fin à la violation. Dans le cadre de cette première étape préventive, la confidentialité et le droit de la personne dêtre entendue devraient être assurés.
Dans le cas où la personne concernée refuse de prendre les mesures appropriées et où la violation persiste, lorganisme formulerait une recommandation motivée de sanctions et transmettrait lensemble des informations pertinentes sur laffaire à lautorité compétente, qui déciderait des suites à donner à la recommandation dans un délai de 20 jours ouvrables.
Passé ce délai, la recommandation motivée de lorganisme devrait être rendue publique avec la décision de lautorité compétente, qui devrait apporter une explication si les recommandations ne sont pas intégralement suivies.
Le Parlement a recommandé que toute violation intentionnelle, négligence grave, dissimulation déléments de preuve, absence de respect des règles ou absence de coopération soit considérée comme une circonstance aggravante pour les recommandations de sanctions, même lorsque la violation elle-même a cessé.