Avenir des relations commerciales UE-Afrique
Le Parlement européen a adopté par 463 voix pour, 43 contre et 81 abstentions, une résolution sur lavenir des relations commerciales UE-Afrique.
LAfrique est une priorité géographique essentielle de la nouvelle stratégie commerciale de lUnion. Vu limportance dun dialogue renforcé entre lUnion et lAfrique, le Parlement a souligné que lUnion européenne devrait déployer davantage defforts pour que le partenariat dépasse la traditionnelle relation donateur-bénéficiaire. La Commission devrait approfondir et mieux structurer sa coopération avec les partenaires africains et, par conséquent, instaurer un dialogue politique régulier de haut niveau, assorti dune dimension parlementaire associant également le Parlement européen.
Le Parlement a souligné limportance de créer une base industrielle et des infrastructures résilientes, compétitives et solides en Afrique en vue de développer des chaînes de valeur résilientes et de transformer les matières premières à haute valeur ajoutée en Afrique. Il a souligné, à cet égard, la nécessité daider lAfrique à adapter ses propres politiques macroéconomiques, budgétaires, monétaires et commerciales indépendantes et invité la Commission à permettre aux pays de lOrganisation des États dAfrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) de protéger leurs industries naissantes. Les efforts de protection de lenvironnement devraient être placés au centre des politiques de coopération.
Nouvelle base pour le partenariat
Les députés estiment que lUnion a besoin dune toute nouvelle base pour son partenariat économique avec lAfrique, fondée sur des conditions de concurrence équitables, légalité, le respect mutuel et la compréhension. Il sagit dune occasion unique de relancer les relations commerciales entre les deux continents, de sengager dans un partenariat renouvelé, mutuellement bénéfique et durable, fondé sur la solidarité et la coopération, et de remodeler les relations économiques et commerciales dans le but dautonomiser lAfrique.
La résolution souligne que les conclusions du sixième sommet UE-UA doivent constituer un nouveau point de départ pour faire avancer les relations UE-Afrique et demande à la Commission dentamer un dialogue bilatéral et structuré avec des partenaires africains et de poursuivre les relations UE-Afrique au moyen dune action régionale et multilatérale.
Relevant labsence de soutien de la part de nombreux gouvernements africains à légard de la résolution de lAssemblée générale des Nations unies condamnant lagression contre lUkraine, le Parlement a demandé à la Commission de rechercher les diverses raisons de ce scepticisme et dintensifier les efforts diplomatiques en vue de parvenir à des positions communes face à des agressions militaires sur les deux continents.
Le Parlement a demandé à lUnion de soutenir activement la zone de libre-échange continentale africaine. Il a entre autres demandé de :
- soutenir un système pluripartite qui permettra aux nations de lUnion africaine de produire leurs propres vaccins, ce qui ouvrira la voie du développement du potentiel scientifique et réduira, à léchelle mondiale, la dépendance vis-à-vis dune poignée dentreprises;
- promouvoir le développement de chaînes de valeur régionales et de meilleures infrastructures régionales en Afrique;
- investir de manière significative dans les infrastructures de transport, la connectivité et la numérisation poursuivre la création dinfrastructures pour les zones rurales;
- nouer le dialogue avec des partenaires africains en vue de promouvoir légalité hommes-femmes et lautonomisation des femmes dans le cadre des relations commerciales UE-Afrique;
- continuer de collaborer avec des pays africains en vue de faciliter et de promouvoir linvestissement privé sur le continent; lengagement pris par lUnion de stimuler les investissements du secteur privé dans le but datteindre les ODD doit se traduire par la définition dobligations de diligence contraignantes en matière de droits de lhomme, de droits sociaux et denvironnement.
Partenariat dégal à égal
Les députés sont convaincus quun nouveau partenariat dégal à égal permettra de défendre au mieux des intérêts de lUnion européenne tels que ceux liés à laccès aux matières premières, au modelage des relations économiques en vue de promouvoir léconomie de lUE et à la gestion des migrations, par exemple en sattaquant aux causes profondes des problèmes. LUnion européenne devrait privilégier une action constructive sur tous les aspects de la migration, du déplacement forcé et de la mobilité, en veillant à faire en sorte que la migration se déroule dune manière sûre et bien réglementée.
Constatant les répercussions de la COVID-19 sur les chaînes dapprovisionnement, la résolution a insisté sur le fait quil importe de créer des chaînes dapprovisionnement plus résilientes dans le monde daprès-pandémie, tant dans lUE que dans lUnion africaine.
Déplorant les répercussions majeures de linvasion de lUkraine par la Russie sur les prix de lénergie, des carburants, des matières premières et des produits agricoles, le Parlement a plaidé pour une action renforcée au niveau international pour faire en sorte que la sécurité alimentaire soit au cur des décisions politiques, afin déviter la pénurie et dassurer la sécurité nutritionnelle dans les pays les plus vulnérables, notamment sur le continent africain.
Le Parlement a demandé à lUnion et à ses États membres de sengager à soutenir les pays africains dans la mise en uvre dune action pour le climat juste et ambitieuse. LUnion européenne devrait approfondir ses relations économiques et commerciales avec lAfrique au moyen dinvestissements qui créent des emplois décents et promeuvent les droits de lhomme, les droits des travailleurs et les droits environnementaux. Le Parlement a également suggéré :
- délaborer un système de microcrédit efficace et facilement accessible et, à cet égard, à renforcer ses capacités pour soutenir le développement du secteur privé en Afrique;
- daccroître le soutien aux pays africains et à lUnion africaine dans la lutte contre les flux financiers illicites et la fraude fiscale des entreprises;
- de renforcer lintégration au système commercial international des pays moins avancés;
- dappuyer les efforts déployés par les partenaires africains en matière de diversification de leurs flux commerciaux;
- détablir des règles commerciales multilatérales qui soutiennent une agriculture substantielle et durable, fondée sur des réformes agraires approfondies dans divers États africains, afin de garantir la sécurité alimentaire sur lensemble du continent.
Le Parlement a souligné que le partenariat commercial entre lUnion européenne et lAfrique doit préserver le droit des pays africains à la souveraineté alimentaire, garantir le respect des principes de durabilité et ne devrait jamais porter atteinte à la sécurité alimentaire, à la sûreté et à la qualité des aliments, ni favoriser la déforestation ou la dégradation de lenvironnement.
Les députés estiment nécessaire que les importations en provenance dAfrique, notamment les produits agricoles et alimentaires, respectent les normes sanitaires, de sécurité et de qualité de lUE. Ils ont également insisté sur la nécessité daider les pays africains à réduire lutilisation de pesticides interdits au sein de lUnion par linstauration de systèmes de substitution pour la lutte contre les organismes nuisibles.
Le Parlement a rappelé que les différents APE devraient contribuer au développement de lintégration intra-africaine et dun modèle commercial équitable et durable, ainsi quà la réduction de la pauvreté. Il a insisté sur le droit des pays africains à réguler leurs matières premières dans lintérêt public et demandé à lUnion de sabstenir dadopter des mesures commerciales qui interdisent aux pays africains de prélever des taxes à lexportation sur les matières premières, pour autant que cela soit compatible avec les règles de lOMC.
Un système denseignement et de formation professionnelle apte à fournir aux personnes les compétences requises par le marché du travail constitue un élément clé du développement. Les députés estiment dans ce contexte, que la coopération entre des universités, des institutions de recherche et des programmes denseignement et de formation professionnels sur les deux continents doit être renforcée.