OBJECTIF : mettre en place linstrument visant à renforcer lindustrie européenne de la défense au moyen dacquisitions conjointes.
ACTE PROPOSÉ : Règlement du Parlement européen et du Conseil
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN : le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire et sur un pied d'égalité avec le Conseil.
CONTEXTE : linvasion de lUkraine par la Russie le 24 février 2022 et le conflit armé en cours en Ukraine marquent le retour dune guerre de haute intensité et dun conflit territorial en Europe, nécessitant une augmentation significative de la capacité des États membres à combler les lacunes les plus urgentes et les plus critiques, en particulier celles exacerbées par le transfert de produits liés à la défense vers lUkraine.
Les chefs dÉtat ou de gouvernement de lUnion, réunis à Versailles le 11 mars, se sont engagés à «renforcer les capacités de défense européennes» à la lumière de lagression militaire russe contre lUkraine. La déclaration de Versailles indique notamment que les États membres devraient i) augmenter leurs dépenses en matière de défense; ii) intensifier la coopération grâce à des projets conjoints; iii) remédier aux insuffisances et atteindre les objectifs en matière de capacités; iv) stimuler linnovation, notamment au moyen de synergies civiles/militaires; et v) renforcer et développer lindustrie de la défense de lUnion, y compris les PME.
Si la coopération présente plusieurs avantages manifestes (amélioration de linteropérabilité, réduction des coûts unitaires et du coût de la maintenance), les États membres de lUnion continuent dacquérir des systèmes de défense de manière essentiellement nationale. Selon les données de défense de lAgence européenne de défense (AED) pour 2020, les États membres de lUnion nont investi que 4,1 milliards deuros dans des passations de marchés collaboratives pour des équipements de défense (11% de leurs dépenses totales), soit une baisse de 13% par rapport à 2019). Ce chiffre est nettement inférieur au seuil de 35% sur lequel les États membres se sont engagés.
La fragmentation du marché de la défense du côté de la demande se traduit par une série de problèmes et dinefficacités, y compris du côté de loffre, tout en augmentant les coûts de maintenance dune multitude de systèmes différents. Il y a donc lieu dencourager les acquisitions conjointes. La situation actuelle exige une intervention politique au niveau de lUnion afin daméliorer le niveau de coopération en encourageant la coopération financière entre les États membres dans le cadre des procédures de passation de marchés dans le domaine de la défense.
CONTENU : la proposition vise à mettre en place un instrument à court terme destiné à renforcer la collaboration des États membres lors de la phase de passation de marchés dans le domaine de la défense. Linstrument visera à inciter les États membres à mener des actions collaboratives et, en particulier lorsquils passent des marchés afin de combler ces lacunes, à le faire conjointement, en augmentant le niveau dinteropérabilité et en renforçant et en réformant leurs capacités industrielles de défense.
Linstrument contribuera à renforcer et à développer la base industrielle de défense de lUnion afin de lui permettre de combler les lacunes industrielles par rapport aux besoins les plus urgents et les plus critiques en matière de produits liés à la défense, en particulier ceux qui sont révélés ou exacerbés par la réaction à lagression russe contre lUkraine.
Linstrument proposé est cohérent avec les initiatives collaboratives de lUnion en matière de défense, comme celles qui existent dans le cadre du Fonds européen de défense (FED) et de la coopération structurée permanente (CSP), et permet des synergies avec dautres programmes de lUnion. Linstrument est pleinement cohérent avec lambition de la boussole stratégique. Il faudra, pour en bénéficier, que les marchés publics conjoints soient passés avec des entités juridiques qui sont établies dans lUnion ou dans des pays associés et qui ne sont pas soumises au contrôle de pays tiers non associés ou dentités de pays tiers non associés.
Linstrument reprend lapproche du FED en ce qui concerne linterdiction de soutenir des biens ou des services, prohibés par le droit international applicable, ou des armes létales autonomes ne permettant pas un contrôle humain significatif sur les décisions de sélection et dengagement prises dans le cadre de frappes visant des êtres humains.
Lenveloppe financière pour lexécution de linstrument pour la période allant de lentrée en vigueur du règlement au 31 décembre 2024 est établie à 500 millions dEUR en prix courants.