Le Parlement européen a adopté par 566 voix pour, 7 contre et 47 abstentions, une résolution concernant limpact des nouvelles technologies sur la fiscalité: crypto‑technologies et technologies de chaînes de blocs.
Le Parlement estime que les nouvelles solutions technologiques, telles que la chaîne de blocs, peuvent être employées par les administrations fiscales pour mieux répondre aux besoins des contribuables, pour échanger des informations entre juridictions, ainsi que pour décourager la corruption, mais que ces technologies peuvent également être utilisées à mauvais escient et servir de canal à des activités illicites, dans lintention criminelle déviter limpôt. La visibilité accrue des transactions des chaînes de blocs pourrait faciliter les efforts déployés par les administrations fiscales pour lutter contre la fraude fiscale.
Potentiel des nouvelles technologies telles que la chaîne de blocs
La résolution souligne que ladaptation des capacités informatiques des autorités fiscales à laide des nouvelles technologies émergentes, telles que les technologies des registres distribués comme les chaînes de blocs ou lintelligence artificielle, doit permettre de favoriser des procédures fiscales et administratives intelligentes, de faciliter le respect des obligations fiscales par les citoyens et les entreprises, et daméliorer la traçabilité et lidentification des opérations imposables et de la propriété des actifs corporels et incorporels dans un environnement mondialisé où les opérations transfrontières se multiplient.
La technologie des registres distribués et la chaîne de blocs, grâce à ses caractéristiques uniques, comme la traçabilité et sa capacité à stocker des données immuables et fiables, et donc à protéger lintégrité de ces données, pourrait offrir un nouveau moyen dautomatiser la perception de limpôt.
Les députés ont toutefois souligné que lutilisation de la chaîne de blocs, de lintelligence artificielle (IA) et dautres outils numériques par les administrations fiscales a ses avantages mais présente aussi des risques, en particulier en matière de qualité des données, lesquels doivent être dûment atténués, notamment pour prévenir les violations de la vie privée et le traitement biaisé et discriminatoire des contribuables.
La résolution a préconisé de recenser les meilleures manières dutiliser la technologie afin de renforcer la capacité danalyse des administrations fiscales, de normaliser les données afin de faciliter le respect des obligations fiscales des PME et des contribuables (au moyen notamment de normes communes de déclaration) et de veiller à ce que la fiscalité corresponde davantage à lenvironnement commercial à lère numérique, tout en garantissant un niveau élevé de protection des données.
La Commission est invitée à :
- évaluer la manière dont les différents États membres taxent les crypto-actifs ainsi que les différentes politiques nationales en matière de lutte contre la fraude et lévasion fiscales dans le domaine des crypto-actifs;
- prendre en considération les solutions numériques existantes dans les États membres et à évaluer la possibilité dintégrer des solutions fondées sur la chaîne de blocs sur les plateformes déchange dinformations afin de promouvoir laudit et léchange dinformations en temps réel;
- envisager la création dune nouvelle plateforme de formation et de partage des bonnes pratiques entre les autorités fiscales nationales dans le domaine de la lutte contre la fraude et lévasion fiscales au sein de léconomie numérique, et notamment dans le contexte de lutilisation des crypto-actifs;
- continuer dévaluer lincidence opérationnelle et les aspects liés à la gouvernance fiscale de la technologie des chaînes de blocs et des autres registres distribués, notamment dans le cadre du programme Fiscalis.
Enjeux fiscaux liés aux crypto-actifs
Les députés estiment que les crypto-actifs doivent être soumis à une imposition équitable, transparente et efficace, afin de garantir une concurrence juste et des conditions de concurrence équitables entre le traitement fiscal des actifs et des produits financiers et entre les prestataires de services financiers. Ils invitent les autorités à envisager un traitement fiscal simplifié pour les petits opérateurs et sont favorables à la création dun environnement propice à linnovation sur le marché unique numérique pour les entrepreneurs, les PME et les jeunes pousses.
La résolution a souligné la nécessité :
- dadapter la notion détablissement stable, notamment au moyen dune définition claire de létablissement stable virtuel, conformément aux normes internationales, étant donné que les opérateurs de léconomie numérique peuvent exercer dimportantes activités commerciales dans un État membre sans y établir de présence physique;
- de disposer dune définition claire et largement acceptée des crypto-actifs à des fins fiscales;
- de trouver une définition cohérente du fait générateur afin de garantir un niveau dimposition adéquat, tout en évitant les cas de double imposition.
En raison de la dynamique des marchés de crypto-actifs, les députés estiment quil est urgent de disposer de règles quant au choix du type dimposition à appliquer, à la définition du fait générateur, au moment et au lieu où un fait générateur se produit, ainsi quà sa valorisation.
La Commission est invitée à tenir compte de la question des crypto-actifs, de la numérisation et des nouvelles technologies dans toutes ses propositions législatives prévues et à venir dans le domaine fiscal. Les États membres sont invités à tenir compte des spécificités de lutilisation des crypto-actifs dans leurs réformes fiscales nationales et à envisager de mettre au point des systèmes plus efficaces.
Progression dans lélaboration dun cadre réglementaire et juridique efficace
Le Parlement a souligné que les crypto-actifs sont utilisés dans le monde entier et que le traitement fiscal des crypto-actifs doit se fonder sur une approche internationale coordonnée. LOCDE, qui a déjà accompli un travail considérable en matière de fiscalité et de traitement des crypto-actifs, pourrait être en lespèce une enceinte appropriée. En labsence daccord international sur limposition des crypto-actifs, lUnion et ses États membres sont dépourvus dune base sur laquelle ils pourraient bâtir une approche intelligente et tournée vers lavenir.
La Commission est invitée à présenter une évaluation des principaux faits générateurs et des formes de revenus associés aux crypto-actifs et à réaliser une analyse dimpact sur les bonnes pratiques recensées pour taxer équitablement et efficacement les crypto-actifs.
La résolution a préconisé dadopter une approche commune en ce qui concerne la fiscalité des crypto-actifs dans le respect des compétences définies par les traités. Le Conseil est invité à engager un dialogue structuré avec le Parlement sur cette question.
Il est par ailleurs nécessaire de modifier le champ dapplication de la directive relative à la coopération administrative afin que le cadre pour léchange dinformations dans le domaine fiscal englobe les crypto-actifs et la monnaie électronique. La Commission est invitée à inclure dans sa prochaine révision de la directive, les futures recommandations de lOCDE sur la déclaration des crypto-actifs et les révisions de la norme commune de déclaration, ainsi que les recommandations du Parlement telles que formulées dans sa résolution sur lapplication des exigences de lUnion en matière déchange de renseignements fiscaux.