La commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures et la commission des droits des femmes et de légalité des genres ont adopté le rapport intérimaire de Łukasz KOHUT (S&D, PL) et Arba KOKALARI (PPE, SE) sur la proposition de décision du Conseil portant conclusion, par lUnion européenne, de la convention du Conseil de lEurope sur la prévention et la lutte contre la violence à légard des femmes et la violence domestique.
Une femme sur trois dans lUnion, soit près de 62 millions de femmes, a subi des violences physiques et/ou sexuelles tandis que plus de la moitié des femmes (55 %) dans lUnion ont été victimes de harcèlement sexuel au moins une fois depuis lâge de 15 ans.
Les députés se félicitent que la Commission ait proposé, le 4 mars 2016, ladhésion de lUnion à la convention dIstanbul, à savoir linstrument juridiquement contraignant le plus complet au niveau international sur la prévention et la lutte contre la violence à légard des femmes et la violence fondée sur le genre, notamment la violence domestique.
Tout en saluant la signature de la convention dIstanbul par lUnion européenne le 13 juin 2017, les députés regrettent que, six ans plus tard, lUnion nait toujours pas ratifié la convention à cause du refus de quelques États membres au Conseil de lUnion européenne. Le Conseil est exhorté à ne pas retarder plus longtemps ladhésion de lUnion à la convention dIstanbul, laquelle devrait être considérée comme la norme minimale à suivre pour éradiquer la violence fondée sur le genre.
Le rapport condamne fermement toutes les formes de violence fondée sur le genre à légard des femmes et des filles et des personnes LGBTIQ+ et demande à la Commission de veiller à ce que la convention soit pleinement intégrée au cadre législatif et politique de lUnion.
Il est demandé à la Commission et aux États membres de:
- faire référence à la définition de la violence à légard des femmes donnée par la convention dIstanbul dans la législation pertinente;
- traiter de manière appropriée, par des moyens législatifs et non législatifs, des questions telles que les droits de garde et de visite des enfants, les conséquences civiles des mariages forcés, la traque furtive, le déni des droits et le refus daccès aux soins de santé en matière de procréation, et à protéger les victimes;
- mener des campagnes dinformation sur la convention dIstanbul et ses dispositions, ainsi que des programmes afin de faciliter la mise en uvre des dispositions de la convention;
- veiller à la mise en place de formations, de procédures et de lignes directrices, sensibles à la dimension de genre, ainsi quà des mesures de soutien et de protection spécifiques, axées sur les victimes, à lintention de tous les professionnels concernés, y compris ceux des forces de lordre, de la magistrature et du parquet.
Le rapport insiste sur la responsabilité qui incombe aux États membres de lutter contre limpunité dans les affaires de violence à légard des femmes et dautres formes de violence sexiste, y compris la violence intrafamiliale, et de préserver la fonction dissuasive des sanctions et des poursuites. Il prend acte de limportant travail effectué par le GREVIO (organe dexperts indépendants) en ce qui concerne le suivi de lapplication de la convention et demande à toutes les parties de suivre les recommandations adressées à chaque pays.
Compte tenu de limportance du rôle joué par la convention dIstanbul pendant la pandémie de COVID-19, les députés demandent lélaboration dun protocole de lUnion sur la violence à légard des femmes en temps de crise et dans les situations durgence.
Les députés condamnent fermement linstrumentalisation politique de la convention par certains États membres ainsi que les tentatives visant à dénigrer la convention et son incidence positive sur léradication de la violence fondée sur le genre. Les États membres sont invités à accélérer les négociations liées à la ratification et à lapplication de la convention dIstanbul, et à condamner fermement toute tentative de revenir sur les mesures déjà prises en application de la convention dIstanbul et visant à lutter contre la violence à légard des femmes. Le Parlement devrait être pleinement associé au processus de suivi de la mise en uvre de la convention après ladhésion de lUnion à cette dernière.
Le rapport condamne également la tentative polonaise de se retirer de la convention dIstanbul. Il invite les autorités nationales à lutter contre la désinformation et à mener des campagnes de sensibilisation pour dissiper tout doute sur la convention et sur les avantages quelle comporte pour la société dans son ensemble. Les six États membres restants ne layant pas encore fait - à savoir la Bulgarie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie et la Tchéquie sont appelés à ratifier la convention sans délai. Les députés invitent une nouvelle fois le Conseil à conclure durgence la ratification de la convention dIstanbul par lUnion, sur la base dune large adhésion et sans aucune restriction, et à encourager tous les États membres à la ratifier.
Les députés invitent la Commission à élaborer une stratégie intégrale de lUnion sur la lutte contre la violence à légard des femmes et la violence fondée sur le genre, stratégie qui devrait inclure un plan complet de prévention et de lutte contre toutes les formes dinégalités entre les hommes et les femmes et intégrer toutes les initiatives de lUnion visant à éradiquer la violence à légard des femmes.
Le Conseil est invité à activer la clause passerelle, en adoptant à lunanimité une décision définissant la violence fondée sur le genre comme lun des domaines de criminalité énumérés à larticle 83, paragraphe 1, du traité FUE.