Relations institutionnelles entre l'Union européenne et le Conseil de l'Europe
Le Parlement européen a adopté par 494 voix pour, 76 contre et 76 abstentions, une résolution sur les relations institutionnelles entre lUnion européenne et le Conseil de lEurope.
Le Parlement estime quil est nécessaire de renforcer la coopération institutionnelle entre lUnion et le Conseil de lEurope et de donner une impulsion nouvelle à la coopération bilatérale dans le domaine de la promotion et de la défense de la démocratie, de létat de droit, des droits fondamentaux et des droits de lhomme, y compris les droits des minorités.
À mesure que lUnion sest progressivement transformée en une union politique, le nombre de domaines dans lesquels les activités des deux organisations se chevauchent et se complètent a augmenté. Les députés estiment par conséquent que, compte tenu du chevauchement fréquent des compétences, il est important déviter les doubles emplois ou les divergences entre les normes et de mettre en place des canaux de consultation appropriés entre lUnion européenne et le Conseil de lEurope qui permettraient de coordonner les travaux normatifs dans une phase initiale.
Adhésion de lUnion à la CEDH et autres formes de coopération en matière de droits fondamentaux
Le Parlement sest félicité de lengagement renouvelé de la Commission et du Conseil en faveur de ladhésion de lUnion à la convention européenne de sauvegarde des droits de lhomme et des libertés fondamentales (CEDH) et de la reprise des négociations en 2020. Il a réaffirmé son engagement et son soutien résolus en faveur de ladhésion de lUnion à la CEDH et invité le Conseil et les États membres à tout mettre en uvre pour résoudre les questions en suspens et répondre à toutes les préoccupations formulées par la Cour de justice de lUnion européenne pour mener à bonne fin les négociations avant le quatrième sommet du Conseil de lEurope, qui se tiendra les 16 et 17 mai 2023 en Islande.
La résolution indique que ladhésion constitue un objectif prioritaire pour les deux organisations et souligne les nombreux avantages de ladhésion de lUnion à la CEDH: la cohérence accrue entre le droit de lUnion et le système des conventions du Conseil de lEurope, et lharmonisation de la législation et de la jurisprudence en matière de droits de lhomme entre lUnion et le Conseil de lEurope.
Elle souligne, en outre, que ladhésion placerait lUnion sous la juridiction de la Cour européenne des droits de lhomme et renforcerait encore la protection des citoyens de lUnion contre les actions des institutions et organes de lUnion en permettant aux particuliers de porter des affaires contre lUnion directement devant la Cour européenne des droits de lhomme. Ladhésion de lUE à la CEDH établirait en outre un mécanisme externe indispensable pour garantir que lUE et ses institutions et organes respectent pleinement les droits de lhomme et létat de droit.
Le Parlement prône également lalignement le plus large possible de lUnion sur le système de la convention du Conseil de lEurope par la finalisation de son adhésion à dautres traités du Conseil de lEurope quelle a déjà signés, tels que la convention dIstanbul, et en uvrant en faveur de ladhésion à dautres traités auxquels elle nest pas encore partie, tels que la convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, la convention de Lanzarote sur la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels, la convention pénale sur la corruption et la convention civile sur la corruption. La Commission et les États membres sont encouragés à progresser sur la voie de ladhésion de lUnion européenne à la charte sociale européenne et à proposer un calendrier clair pour y parvenir.
Partenariat relatif au mécanisme de lUnion pour la démocratie, létat de droit et les droits fondamentaux
Les députés estiment que lUnion et le Conseil de lEurope devraient conclure un accord spécifique sur le mécanisme pour la démocratie, létat de droit et les droits fondamentaux se rapportant à toutes les valeurs définies à larticle 2 du traité UE. Compte tenu de la coopération étendue sur les questions de létat de droit et du recours massif de lUnion aux critères de référence du Conseil de lEurope, la coopération existante devrait être plus formalisée et structurée, garantissant ainsi une meilleure coopération et une visibilité accrue pour les activités du Conseil de lEurope.
Le Parlement a réitéré son appel à ce que lUnion européenne adhère à la convention-cadre pour la protection des minorités nationales (CCPMN) et à la charte européenne des langues régionales ou minoritaires (CELRM). Il sest prononcé en faveur de liens juridiques plus étroits entre lUnion européenne et le Conseil de lEurope sur les droits des minorités, notamment dans la perspective du processus délargissement aux Balkans occidentaux, à la Turquie, à lUkraine, à la Moldavie et à la Géorgie.
LUnion et le Conseil de lEurope devraient en outre continuer à coopérer sur les questions liées au soutien au travail des journalistes, à la protection de la liberté des médias, à la lutte contre les discours haineux et la diffusion de la désinformation à des fins de manipulation et à lingérence étrangère et nationale dans les processus électoraux.
Coopération dans le domaine de léducation, de la culture et de la diversité linguistique
Le Parlement a invité lUnion à renforcer son engagement auprès du Conseil de lEurope dans le domaine de léducation, encourageant la mise en place dun cadre de référence commun pour léducation civique, qui mettrait laccent sur la démocratie, létat de droit et les droits de lhomme.
Les députés ont souligné limportance de la coopération, en particulier en ce qui concerne la promotion et la protection des langues et des cultures régionales et minoritaires. Ils ont invité à nouveau la Commission et le Conseil à renforcer la coopération avec le Conseil de lEurope en vue de promouvoir les valeurs fondamentales de diversité culturelle, de dialogue interculturel et de développement territorial durable de destinations moins connues, tout en préservant, protégeant et revalorisant le patrimoine culturel et naturel de ces sites.
Coopération parlementaire
Compte tenu de limportance croissante que revêt la démocratie parlementaire aux termes du traité de Lisbonne, la coopération parlementaire entre lUnion européenne et le Conseil de lEurope pourrait être approfondie et, sur la base des articles 223 et 225 de son règlement intérieur. Les députés ont proposé la création dune délégation interparlementaire pour une coopération renforcée, afin daméliorer lélaboration de la législation dans les domaines dactivité communs, dorganiser des activités de sensibilisation et de garantir un échange réciproque sur les activités et le fonctionnement de lautre partie, et de contribuer à une diffusion plus systématique de linformation et à un dialogue plus structuré et régulier.
La Commission est invitée à entamer une révision du mémorandum daccord de 2007 afin de tenir compte des nouvelles compétences que lUnion a acquises avec lentrée en vigueur du traité de Lisbonne, ainsi quà formaliser le partenariat stratégique de coopération qui sest consolidé entre les deux institutions, en particulier dans le domaine de létat de droit, de la démocratie et des droits fondamentaux, y compris les droits des minorités.