La commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures et la commission des droits des femmes et de légalité des genres ont adopté le rapport présenté par Malin BJÖRK (GUE/NGL, SE) et Eugenia RODRÍGUEZ PALOP (GUE/NGL, ES) sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 2011/36/UE concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes.
Les commissions compétentes ont recommandé que la position du Parlement européen arrêtée en première lecture dans le cadre de la procédure législative ordinaire modifie la proposition comme suit:
Infractions liées à la traite des êtres humains
Selon le texte amendé, lexploitation doit comprendre, au minimum, i) lexploitation de la prostitution dautrui ou dautres formes dexploitation sexuelle, ii) le travail ou les services forcés, y compris la mendicité, lesclavage ou les pratiques analogues à lesclavage, iii) la servitude, iv) lexploitation dactivités criminelles, v) le prélèvement dorganes, vi) le mariage forcé, vii) ladoption illégale, viii) la gestation pour autrui aux fins dexploitation génésique, ix) lexploitation des enfants placés en institutions résidentielles ou établissements de type fermé, ou x) le recrutement denfants en vue de se livrer à des activités criminelles ou dy participer.
Une infraction visée à la directive devrait être passible dune peine maximale dau moins dix ans demprisonnement, lorsque linfraction :
- a été commise à lencontre dune victime qui était particulièrement vulnérable (par ex : un statut de résident, une grossesse, une situation de dépendance ou un état de handicap, victime vivant dans des institutions telles que des maisons de retraite, des foyers pour enfants, des centres daccueil, de rétention ou dhébergement pour les demandeurs dasile);
- a été commise dans le cadre dune organisation criminelle;
- a délibérément ou par négligence grave mis la vie de la victime en danger ou causé la mort de la victime;
- a été commise par recours à des violences graves ou a causé un préjudice physique ou psychologique particulièrement grave à la victime;
- a été commise au moyen des technologies de linformation ou de la communication en créant des contenus sexuellement explicites qui mettent en scène une victime de la traite des êtres humains;
- a été commise en amenant la victime à prendre, à consommer ou à être sous linfluence de la drogue, de lalcool ou dautres substances inébriantes.
Les actes et moyens ainsi que lexploitation devraient être passibles damendes proportionnées à la gravité et à la durée du préjudice causé à la victime de la traite des êtres humains, ainsi quaux avantages pécuniaires accumulés lors de la commission de linfraction. Les personnes morales pourraient aussi être tenues pour responsables de certaines infractions lorsque ces dernières sont commises pour leur compte.
Gel et confiscation
Les instruments et produits gelés et confisqués provenant de la commission dinfractions devraient être utilisés en priorité en vue dapporter aux victimes une aide, une assistance quune protection, notamment au moyen dune indemnisation directe des victimes et afin dinvestir dans les enquêtes et les poursuites relatives aux affaires de traite des êtres humains.
Absence de poursuites ou non-application de sanctions à lencontre des victimes
Les victimes de la traite ne devraient pas être arrêtées, inculpées ou poursuivies parce quelles sont entrées ou séjournent illégalement dans un État membre ou sont impliquées dans des activités illicites, et elles ne devraient pas être exclues des mesures dassistance, de soutien et de protection au motif quelles décident de ne pas coopérer avec les autorités chargées des enquêtes ou des poursuites.
Assistance, aide et protection en faveur des victimes de la traite des êtres humains
Une assistance, une aide et une protection devraient être apportées aux victimes selon une approche intersectionnelle tenant compte du genre, du handicap et de la spécificité de lenfant. Les victimes devraient bénéficier de services dassistance, daide et de protection avant, pendant et durant une période suffisante après la clôture de la procédure pénale, ainsi que dune assistance gratuite, dans une langue quelles comprennent.
Victimes de la traite des êtres humains ayant besoin dune protection internationale
Les États membres devraient veiller au respect du principe de non-refoulement et du droit des victimes de demander une protection internationale, y compris lorsque la victime bénéficie de dune assistance, dune aide et dune protection et nonobstant lirrégularité de lentrée sur le territoire des États membres ou du séjour irrégulier.
Les victimes de la traite qui ont également besoin dune protection internationale devraient bénéficier dune assistance, dune aide et dune protection qui tiennent compte de leur situation personnelle, et notamment de leur éventuelle discrimination fondée sur des motifs tels que le genre, le sexe, la race ou lorigine ethnique, le handicap, lâge, lorientation sexuelle, lidentité de genre, lexpression de genre et les caractéristiques sexuelles, ou sur une combinaison de ces motifs.
Les États membres devraient prendre les mesures nécessaires pour que les actions spécifiques et les services daide destinés à assister et à aider les enfants victimes de la traite des êtres humains dans le cadre de leur rétablissement physique et psychosocial, soient engagées à la suite dune appréciation individuelle de la situation particulière de chaque enfant victime, compte tenu de son avis, de ses besoins et de ses préoccupations, en vue de trouver une solution durable pour lenfant. La situation personnelle de lenfant victime qui nest pas accompagné devrait être prise en compte.
Indemnisation des victimes
Les victimes de la traite des êtres humains devraient avoir accès à des régimes effectifs en matière dindemnisation des victimes de la criminalité intentionnelle violente, quune procédure judiciaire ait été entamée ou non. Lindemnisation accordée à une victime de la traite des êtres humains à la suite dune décision adoptée dans le cadre dune procédure pénale ou civile devrait être versée en temps utile à la victime.
Prévention
Les États membres devraient allouer les ressources nécessaires et prendre les mesures appropriées, telles que léducation, la formation et les campagnes, en accordant une attention particulière aux aspects liés à lenvironnement en ligne, pour cibler les utilisateurs réels ou potentiels à décourager et réduire la demande qui favorise toutes les formes dexploitation liées à la traite des êtres humains.
Coordinateurs nationaux de la lutte contre la traite des êtres humains
Les États membres devraient prendre les mesures nécessaires pour instituer des coordinateurs nationaux de la lutte contre la traite des êtres humains et les doter des ressources adéquates afin quils puissent sacquitter efficacement de leurs fonctions.
Plans daction nationaux
Les États membres devraient adoptent et mettre en uvre des plans daction nationaux de lutte contre la traite, en coopération avec les coordinateurs nationaux de la lutte contre la traite des êtres humains, les rapporteurs nationaux et les parties prenantes pertinentes, afin de prévenir et de lutter contre la traite des êtres humains, au plus tard deux ans après lentrée en vigueur de la directive. Ces plans devraient être révisés et mis à jour au moins tous les cinq ans.