La commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures a adopté un rapport dinitiative de Maite PAGAZAURTUNDÚA (Renew, ES) sur lextension de la liste des infractions de lUE aux discours de haine et aux crimes de haine.
En 2021, la Commission a présenté la communication intitulée «Une Europe plus inclusive et plus protectrice: extension de la liste des infractions de lUE aux discours de haine et aux crimes de haine», en vue dajouter les crimes de haine et les discours de haine à la liste des domaines de criminalité pour lesquels le Parlement et le Conseil peuvent établir des règles minimales concernant la définition des infractions pénales et des sanctions applicables dans tous les États membres de lUnion.
Alors que la lutte contre les discours de haine et les crimes de haine devrait constituer une priorité claire pour lUnion, le Conseil na toujours pas adopté sa proposition de décision. Cette décision du Conseil constituerait une première étape dans la création de la base juridique nécessaire à ladoption, dans un deuxième temps, dun cadre juridique commun pour lutter contre les discours de haine et les crimes de haine dans lensemble de lUnion.
Étendre la liste des infractions de lUE aux discours de haine et aux crimes de haine
Le rapport prie instamment le Conseil dadopter une décision visant à inclure les discours de haine et les crimes de haine parmi les infractions pénales dans la liste visée à larticle 83, paragraphe 1, du traité FUE, afin que la Commission puisse entamer la deuxième étape de la procédure. Les députés regrettent vivement que près de deux ans après la publication de la communication de la Commission, le Conseil nait pas progressé sur ce dossier, alors quil a pu rapidement étendre la liste des infractions de lUE à dautres fins. Ils déplorent cette inaction compte tenu de laugmentation des discours de haine et des crimes de haine.
Les États membres sont invités à collaborer de manière responsable et constructive pour reprendre les négociations au sein du Conseil afin dadopter une décision du Conseil avant la fin de la législature actuelle.
Le rapport invite les présidences actuelle et futures du Conseil de lUnion à considérer la proposition de la Commission comme une priorité lors de lélaboration de leur programme et de la définition des objectifs. Il recommande de modifier larticle 83 du traité FUE afin quil soit soumis à une majorité qualifiée renforcée plutôt quà lunanimité actuellement requise, et demande que la «clause passerelle» soit activée à cet égard.
Future législation
Les députés soulignent que la future législation de lUnion établissant des normes minimales concernant la définition des infractions pénales et des sanctions pour les discours de haine et les crimes de haine doit protéger la dignité humaine, chercher à prévenir les préjudices, garantir légalité et lutter contre la haine et lintolérance, quelle que soit la motivation.
La Commission devrait envisager une approche ouverte, qui ne prévoit pas de limiter la liste des motifs de discrimination à une liste fermée, afin de lutter efficacement contre les discours de haine et les crimes de haine motivés par des dynamiques sociales nouvelles et changeantes.
Les députés insistent sur limportance :
- de porter une attention particulière aux mineurs, notamment ceux qui appartiennent à des groupes vulnérables, afin de leur accorder une protection particulière contre les discours de haine et les crimes de haine, à prévenir ces incidents, y compris le harcèlement à lécole et le cyberharcèlement, et à réduire au minimum leurs effets sur le développement et la santé mentale des mineurs;
- de veiller à la mise en place dun cadre de protection juridique solide au niveau de lUnion afin que les victimes soient effectivement protégées;
- dappliquer une approche intersectionnelle et dadopter des mesures globales, y compris la formation des professionnels susceptibles dentrer en contact avec les victimes, ainsi que des mesures visant à garantir la protection, un accès sûr à une justice indépendante, les services daide spécialisés et lindemnisation des victimes.
La Commission et les États membres sont invités, en coopération avec les organes et organismes compétents de lUnion, à mettre en place des systèmes adéquats de collecte de données qui permettent dobtenir des données solides, comparables, ventilées et anonymes sur les incidents à caractère haineux.