Le Parlement européen a adopté par 468 voix pour, 166 contre et 14 abstentions, une résolution faisant objection au projet de décision dexécution de la Commission autorisant la mise sur le marché de produits contenant du maïs génétiquement modifié MON 94804, consistant en celui-ci ou produits à partir de celui-ci, en application du règlement (CE) nº 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil.
Le 14 février 2023, la société Bayer Agriculture BV, établie en Belgique, agissant au nom de Bayer CropScience LP, établie aux États-Unis, a soumis à lautorité compétente nationale des Pays-Bas une demande de mise sur le marché de denrées alimentaires, dingrédients alimentaires et daliments pour animaux contenant le maïs génétiquement modifié MON 94804, consistant en ce maïs ou produits à partir de celui-ci. LEFSA a adopté un avis favorable, qui a été publié le 26 avril 2024.
Le maïs génétiquement modifié la été par génie génétique pour produire un micro ARN artificiel destiné à supprimer deux gènes de manière sélective au sein dune grande famille de gènes impliqués dans la voie biosynthétique de lacide gibbérellique, ce qui diminue la hauteur de la plante.
Le Parlement souligne que des questions en suspens concernant les effets des micro ARN artificiels, estimant que le demandeur présente des données insuffisantes et incomplètes sur les interactions entre le micro ARN artificiel, les produits issus des autres processus dans les cellules, la persistance de ces molécules dans les cellules et leur interférence avec dautres réseaux de régulation. Les autres questions en suspens concernent les effets dun niveau réduit de gibbérellines. La nécessité de réduire la dépendance à légard des aliments pour animaux importés est également rappelée.
Les États membres ont soumis de nombreuses observations critiques à lEFSA, notamment que les données communiquées par le demandeur sont incomplètes en ce qui concerne lévaluation des effets potentiels de niveaux réduits de gibbérellines sur les processus physiologiques des plantes, et que la diversité des essais en champ est insuffisante. Les États membres ont également critiqué le manque de données sur les risques que pose la stabilité éventuelle à long terme du micro ARN artificiel dans la plante.
Sur le plan de la procédure, le Parlement rappelle quil a adopté 38 résolutions par lesquelles il sest opposé à la mise sur le marché dOGM. Si elle reconnaît elle-même les lacunes démocratiques, le soutien insuffisant des États membres et les objections du Parlement, la Commission continue dautoriser les OGM.
Sur la base de ces considérations, le Parlement a estimé que la décision d'exécution de la Commission nétait pas compatible avec le droit de l'Union qui impose d'établir les bases afin d'assurer un haut niveau de protection de la vie et de la santé des personnes, de la santé et du bien-être des animaux, de l'environnement et des intérêts des consommateurs, tout en garantissant le bon fonctionnement du marché intérieur.
En conséquence, le Parlement a demandé à la Commission :
- de retirer son projet de décision dexécution et de soumettre un nouveau projet au comité;
- de tenir compte des obligations qui incombent à lUnion en vertu daccords internationaux, tels que laccord de Paris sur le climat, la convention des Nations unies sur la diversité biologique et les objectifs de développement durable des Nations unies. Les projets dactes dexécution devraient être accompagnés dun exposé des motifs expliquant comment ils respectent le principe de «ne pas nuire».