La commission des affaires économiques et monétaires a adopté le rapport d'Anouk VAN BRUG (RENEW, NL) sur la Banque centrale européenne (BCE) - rapport annuel 2024.
Selon les projections macroéconomiques de décembre 2024 établies par les services de l'Eurosystème pour la zone euro, l'inflation mesurée par l'IPCH devrait retomber à 2,1% en 2025, à 1,9% en 2026 et remonter à 2,1% en 2027. L'objectif principal de la BCE est de maintenir la stabilité des prix, qu'elle a définie comme un niveau d'inflation de 2% à moyen terme.
Vue d'ensemble
La Banque centrale européenne (BCE) joue un rôle crucial dans la préservation de la stabilité monétaire et financière, qui est essentielle à la croissance économique. Elle est chargée de maintenir la stabilité des prix dans la zone euro. Les députés ont souligné que l'indépendance de la BCE est essentielle pour lui permettre de remplir son mandat, de contribuer à la croissance économique, à la compétitivité et à la création d'emplois, tout en s'abstenant de prendre des mesures politiques.
Le rapport invite la BCE et le Parlement européen à utiliser pleinement les dispositifs de responsabilité et de transparence tout en préservant l'indépendance de la BCE. La BCE s'est efforcée de ramener l'inflation à son objectif de 2%, ce qui est nécessaire pour résoudre la crise du coût de la vie, car une inflation élevée affecte de manière disproportionnée les ménages à faible revenu et affaiblit le pouvoir d'achat.
Malgré les progrès réalisés, l'inflation de base reste élevée (2,7% en novembre 2024), ce qui crée une incertitude économique et augmente le coût de la vie. Si le maintien de taux d'intérêt trop élevés peut nuire à la croissance, une baisse trop rapide pourrait entraîner une nouvelle hausse de l'inflation. La BCE devrait évaluer soigneusement l'impact des changements de taux d'intérêt sur les différents secteurs économiques.
Les députés ont reconnu que les mesures de politique monétaire prises depuis la crise inflationniste, due à la hausse du coût de l'énergie, ont permis de maîtriser l'inflation tout en évitant de graves ralentissements économiques. Des politiques budgétaires prudentes des États membres peuvent compléter les efforts de la BCE, en permettant de répondre aux chocs économiques et en assurant la stabilité à long terme. Il est essentiel de remédier aux déficits publics excessifs et aux niveaux dendettement afin de maintenir une économie stable et une croissance durable. Les politiques de la BCE sont évaluées en fonction de leur proportionnalité afin de s'assurer que leur impact économique plus large est conforme à son mandat.
Politique monétaire
Les députés se félicitent que linflation globale soit passée de son pic de 10,6% en octobre 2022 à 2,2% en novembre 2024 et de la baisse de linflation sous-jacente, qui est passée de son pic de 7,6% en mars 2023 à 2,7% en novembre 2024. Toutefois, des inquiétudes subsistent face à la persistance d'une inflation de base élevée et à son impact potentiel sur l'inflation globale.
Les députés ont souligné que les chocs d'offre, principalement dûs à des sources externes, ont été parmi les principaux facteurs des poussées inflationnistes. Ils reconnaissent que la politique monétaire a un effet plus direct sur les niveaux d'inflation lorsqu'elle découle principalement de facteurs liés à la demande plutôt quà des facteurs relevant de loffre. En outre, ils ont invité la BCE à continuer de revoir et d'améliorer ses modèles et leur rôle dans l'élaboration de sa politique, à la lumière des performances médiocres des modèles ces dernières années, afin de tirer les leçons des crises précédentes, en particulier pour mieux distinguer les sources d'inflation liées à la demande de celles liées à l'offre.
Le rapport souligne que les chocs économiques au niveau de l'offre peuvent provenir de nombreuses sources, notamment d'événements géopolitiques, de catastrophes naturelles ou liées au climat et de cyberattaques.
La BCE a réduit ses programmes d'achat d'actifs afin de parvenir à un équilibre entre les conditions de liquidité du marché et les niveaux dinflation. Le rapport souligne quen raison des intérêts sur les réserves bancaires détenues par les banques commerciales, lEurosystème a dû payer 120 milliards deuros dintérêts aux établissements de crédit en 2023, soit 0,8% du PIB de la zone euro. Le rapport demande à la BCE d'atténuer ce problème.
En outre, le rapport souligne que les taux d'intérêt divergents dans la zone euro sont - en l'absence de perturbations financières graves - généralement le résultat de primes de risque différentes sur les obligations d'État reflétant, entre autres facteurs, des approches différentes en matière de politique budgétaire. Les États membres sont donc invités à mener des politiques budgétaires responsables et à garantir des niveaux d'endettement viables, afin d'assurer leur résistance aux chocs actuels et futurs.
L'euro numérique
La BCE progresse dans la mise en place de l'euro numérique. Cette initiative présente des avantages évidents, notamment une plus grande autonomie stratégique et une meilleure inclusion financière. Toutefois, les députés ont souligné que l'euro numérique devrait compléter, et non remplacer, les espèces physiques.
Rôle international
Les députés ont souligné qu'un renforcement du rôle international de l'euro entraînerait une baisse des taux d'intérêt dans la zone euro, un renforcement du statut de l'UE sur la scène internationale et une amélioration de la stabilité macroéconomique. Ils ont invité la BCE à envisager de renforcer le rôle international de l'euro en vue d'accroître son attrait en tant que monnaie de réserve et de soutenir les évolutions du marché dans ce sens.