Résolution sur le projet de décision d’exécution de la Commission autorisant la mise sur le marché de produits contenant du maïs génétiquement modifié DP910521 consistant en ce maïs ou produits à partir de celui-ci, en application du règlement (CE) nº 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil
Le Parlement européen a adopté par 477 voix pour, 52 contre et 20 abstentions, une résolution faisant objection au projet de décision dexécution de la Commission autorisant la mise sur le marché de produits contenant du maïs génétiquement modifié DP910521 consistant en ce maïs ou produits à partir de celui-ci, en application du règlement (CE) nº 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil.
Le 27 juin 2022, Corteva Agriscience Belgium B.V., établie en Belgique, a, au nom de Corteva Agriscience LLC, établie aux États-Unis, présenté à lautorité nationale compétente des Pays-Bas une demande dautorisation de mise sur le marché de denrées alimentaires, dingrédients alimentaires et daliments pour animaux contenant du maïs génétiquement modifié DP910521.
Le maïs génétiquement modifié produit la toxine Cry1B.34 et est résistant à lherbicide glufosinate. Le Cry1B.34 est une protéine de fusion synthétique conçue pour la résistance aux insectes nuisibles de lordre des lépidoptères, sans spécificité démontrée pour les espèces cibles.
Le Parlement a souligné le manque dévaluation de lherbicide complémentaire. Il a rappelé à cet égard que plusieurs études ont montré que les cultures génétiquement modifiées tolérantes aux herbicides entraînent une augmentation de lutilisation dherbicides «complémentaires», du fait notamment de lapparition de plantes adventices tolérantes aux herbicides. Les cultures génétiquement modifiées tolérantes aux herbicides enferment les agriculteurs dans un système de gestion des plantes adventices qui dépend en grande partie ou entièrement des herbicides. Les effets néfastes dune dépendance excessive aux herbicides saggraveront en matière de santé des sols, de qualité de leau et de biodiversité des sols comme la biodiversité de surface, et entraîneront une augmentation de lexposition humaine et animale.
Par ailleurs, des questions restent en suspens concernant les toxines Bt et concernant effets sur les organismes non ciblés de lutilisation de cultures Bt génétiquement modifiées.
Les États membres ont adressé de nombreuses observations critiques à lEFSA, notamment que la liste des études pertinentes, recensées dans lexamen de la littérature du demandeur, ne comportait pas détudes sur le devenir des protéines Bt dans lenvironnement ni sur les effets éventuels des résidus de cultures Bt sur les organismes non ciblés, alors même que de telles études existent. De plus, le glufosinate, lherbicide complémentaire, est associé à des risques importants pour la biodiversité, la qualité des sols et de leau et la santé des écosystèmes à long terme.
Le Parlement a insisté sur la nécessité de garantir des conditions de concurrence équitables au niveau mondial étant donné les difficultés découlant de normes divergentes entre lUnion et ses partenaires commerciaux, et de respecter les obligations internationales de lUnion. Il a rappelé que le cadre mondial de Kunming-Montréal en matière de biodiversité, adopté lors de la COP15 de la convention des Nations unies sur la diversité biologique, en décembre 2022, comprend un objectif mondial de réduction des risques liés aux pesticides dau moins 50% dici 2030.
Or, laccord commercial entre lUnion et le Mercosur encouragera les importations dans lUnion de denrées alimentaires et daliments pour animaux contenant des organismes génétiquement modifiés, sachant que le Brésil et lArgentine comptent parmi les principaux producteurs dOGM et utilisateurs de pesticides à léchelle mondiale, y compris des OGM et des pesticides interdits dans lUnion pour des raisons sanitaires ou environnementales. Les députés ont également souligné limportance de réduire la dépendance à légard des aliments pour animaux importés.
Sur le plan de la procédure, le Parlement rappelle quil a adopté 38 résolutions par lesquelles il sest opposé à la mise sur le marché dOGM. Si elle reconnaît elle-même les lacunes démocratiques, le soutien insuffisant des États membres et les objections du Parlement, la Commission continue dautoriser les OGM.
Sur la base de ces considérations, le Parlement a estimé que la décision d'exécution de la Commission nétait pas compatible avec le droit de l'Union qui impose d'établir les bases afin d'assurer un haut niveau de protection de la vie et de la santé des personnes, de la santé et du bien-être des animaux, de l'environnement et des intérêts des consommateurs, tout en garantissant le bon fonctionnement du marché intérieur.
En conséquence, le Parlement a demandé à la Commission de:
- retirer son projet de décision dexécution et de soumettre un nouveau projet au comité;
- garantir la convergence des normes entre lUnion et ses partenaires dans le cadre des négociations daccords de libre-échange, afin de respecter les normes de sécurité de lUnion;
- ne pas autoriser le maïs génétiquement modifié en raison des risques croissants quil fait peser sur la biodiversité, la sécurité alimentaire et la santé des travailleurs;
- tenir durgence lengagement quelle a pris de présenter une proposition visant à garantir que les produits chimiques dangereux interdits dans lUnion européenne ne soient pas produits à des fins dexportation;
- prendre en considération les obligations qui incombent à lUnion en vertu daccords internationaux, tels que laccord de Paris sur le climat, la convention des Nations unies sur la diversité biologique et les objectifs de développement durable des Nations unies; les projets dactes dexécution devraient être accompagnés dun exposé des motifs expliquant comment ils respectent le principe de «ne pas nuire».