En adoptant le rapport d’initiative de M. Vittorio AGNOLETTO (GUE/NGL, IT), le Parlement européen se rallie dans les grandes lignes à la position de sa commission au fond et menace de rejeter les accords internationaux qui lui seront proposés qui ne contiendraient pas de clause des droits de l'homme. Pour rappel, cette clause, aux termes de laquelle "le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l'homme (...) constitue un élément essentiel des accords conclus entre l'UE et les pays tiers ", prévoit la possibilité de prendre des sanctions pouvant aller jusqu’à la suspension pure et simple de l’accord en cas de violation constatée et répétée desdits principes. Elle a désormais été introduite dans plus de cinquante accords internationaux de l'UE et son insertion est devenue plus ou moins systématique depuis le début des années 1990.
Soucieux d'obtenir un renforcement de la politique des droits de l'Homme de l'Union européenne, le Parlement demande maintenant que cette clause, qui ne figure toujours pas dans nombre d'accords avec des pays développés et des accords sectoriels, tels que ceux conclus sur les textiles, l'agriculture et la pêche ou l’assistance technique, soit aussi systématisée dans ce type d’accords. Il indique dans la foulée qu’il ne sera plus disposé à donner son avis conforme à de nouveaux accords internationaux qui ne contiendraient pas cette clause.
Á plusieurs reprises, le Parlement a fait valoir que l'Union n'avait pas été capable de réagir de manière appropriée aux violations graves et répétées des droits de l'homme et des principes démocratiques. Il faut donc que l'UE élabore de nouvelles procédures et de nouveaux critères concernant l'application de la clause dans le domaine des droits de l'homme et de la démocratie afin d’être appliquée sans discrimination entre les États ou entre leurs niveaux de développement. Ce faisant, le Parlement demande plus de transparence au moment de la mise en œuvre de la clause et rappelle que les sanctions prévues ne peuvent être infligées en fonction des pays en question mais en fonction de la violation proprement dite.
Le Parlement demande également la mise en place de sous-commissions des droits de l'homme au sein des Conseil d’association liant l’UE à un pays tiers dans le cadre d’un accord. Il propose que ces sous-commissions soient chargées de vérifier le respect, l'application et la mise en œuvre de cette clause, proposent des actions positives pour renforcer la démocratie et la protection des droits de l'homme et évaluent la mise en œuvre de la clause. Il estime par ailleurs qu’il doit être beaucoup mieux associé à la définition du mandat de négociation des accords à conclure et qu’il faut améliorer la transparence interinstitutionnelle dans cette matière. Le Parlement devrait également jouer un rôle accru au sein des Conseils d’association avec les pays tiers.
Par ailleurs, le Parlement estime que cette clause souffre d’une formulation relativement vague, ce qui a compromis sa bonne application. Aussi, pour garantir une approche plus cohérente, efficace et transparente de la politique européenne des droits de l'homme, une révision de son libellé actuel s'impose. Le Parlement souligne que cette clause révisée devrait :
Le Parlement se félicite de l’expérience acquise avec la clause « droits de l’homme » de l’accord de Cotonou qui a conduit à la suspension temporaire de la coopération économique avec certains États ACP, renforçant la crédibilité de l’UE. Il se dit donc favorable à la généralisation de cette expérience dans les accords entre l’Union et les pays tiers, sachant que le contenu politique et juridique et les sanctions applicables sont beaucoup mieux précisés dans l’accord de Cotonou. Il propose à cet effet un mécanisme efficace de contrôle du respect de la clause comprenant :
Le Parlement demande également l’extension de la dimension positive de la clause « droits de l’homme », ce qui implique un suivi des progrès effectués par les pays concernés dans ce domaine. Il faut en outre mieux faire connaître l’existence de la clause « droits de l’homme » auprès de l’opinion publique européenne.
Le Parlement ajoute encore que dans le cadre des accords liant l’Union à ses partenaires de la « politique de voisinage », il serait opportun d’aller plus loin encore et de proposer la mise en commun d’institutions de promotion des principes démocratiques (sur l’exemple du Conseil de l’Europe, notamment) et que les pays partenaires s’accordent sur une base mutuelle le droit d’observer leurs élections dans un souci de transparence.
Enfin, suivant un amendement Verts/ALE (adopté en Plénière par 357 voix pour, 251 voix contre et 18 abstentions), le Parlement souligne également que pour que des élections soient considérées comme "démocratiques, libres et équitables", certaines conditions devraient être remplies au préalable comme le respect des droits civiques et politiques, la liberté d'expression et le respect du pluralisme politique.