La commission des affaires juridiques a adopté un rapport dinitiative de Virginie ROZIÈRE (S&D, FR) sur les mesures légitimes visant à protéger les lanceurs dalerte qui divulguent, au nom de lintérêt public, des informations confidentielles dentreprises et dorganismes publics.
La commission des affaires économiques et monétaires, exerçant ses prérogatives de commission associée en vertu de larticle 54 du Règlement du Parlement européen, a également exprimé son avis sur ce rapport.
Les lanceurs dalerte jouent un rôle important dans le signalement dactes illégaux ou répréhensibles portant atteinte à lintérêt général et au fonctionnement de la société. Or, la protection des lanceurs dalerte est fragmentée en Europe ce qui engendre une insécurité juridique dans les situations transfrontalières en particulier.
Protéger les lanceurs dalerte: la Commission est invitée à présenter, avant la fin de lannée 2017, une proposition législative établissant une protection des lanceurs dalerte dans lUnion à tous les niveaux des secteurs public et privé, ainsi que dans les institutions nationales et européennes.
Les citoyens et les journalistes devraient faire lobjet dune protection juridique plutôt que de poursuites lorsquils divulguent des informations au nom de lintérêt général. Aussi, la législation de lUnion devrait établir une procédure claire de traitement correct des signalements et de protection efficace des lanceurs dalerte. Elle devrait prévoir que les entreprises qui mettent en uvre des représailles à lencontre des lanceurs dalerte ne puissent ni bénéficier de fonds européens ni conclure de marchés avec ladministration publique.
Les députés déplorent que seuls quelques États membres se soient dotés de systèmes suffisamment avancés de protection des lanceurs dalerte. Ils invitent les États membres qui nont pas encore adopté de législation en la matière à le faire dans un avenir proche, et demandent à la Commission denvisager la création dune plateforme déchange des bonnes pratiques dans ce domaine entre États membres, ainsi quavec les pays tiers.
Les États membres et les institutions de lUnion sont invitées à promouvoir le rôle positif que les lanceurs dalerte jouent alors quils sont souvent vulnérables et sans défense, notamment par des campagnes de sensibilisation et de protection.
Mécanisme de signalement: les députés appellent à mettre en place un système fiable qui permette les signalements en interne, aux autorités compétentes et à lextérieur des organisations. Les employeurs devraient mettre en place des procédures de signalement interne et chaque organisation devrait mettre en place des canaux de signalement clairs, avec une personne ou une entité indépendante et impartiale chargée de recueillir les alertes.
Chaque travailleur devrait être informé de la procédure de signalement applicable, laquelle devrait garantir le respect de la confidentialité et dun délai raisonnable dans le traitement de lalerte.
Protection accordée en cas de signalement: les députés estiment que lorsquune personne est reconnue comme un lanceur dalerte, des mesures devraient être prises afin de la protéger contre toutes mesures de représailles prises à son encontre et de lui accorder une réparation intégrale du préjudice et des dommages subis. Les représailles devraient faire lobjet dune pénalisation et de sanctions efficaces.
Les lanceurs dalerte devraient également avoir la possibilité dintroduire une demande en référé visant à prévenir des représailles telles que le licenciement.
Les députés suggèrent également de mettre en place des moyens clairement encadrés de signalement anonyme. Lidentité du lanceur dalerte ainsi que toute information permettant son identification ne sauraient être révélées sans son consentement et toute violation de lanonymat devrait faire lobjet de sanctions.
Accompagnement des lanceurs dalerte: les députés rappellent quau-delà des risques professionnels, les lanceurs dalerte font face à des risques personnels, psychologiques, sociaux et financiers.
Cest pourquoi les députés estiment nécessaire de prévoir un soutien psychologique, loctroi dune aide juridictionnelle aux lanceurs dalerte qui le demandent et manquent des ressources nécessaires, ainsi que loctroi dune aide sociale et financière lorsque le besoin est justifié et à titre conservatoire en cas de procédure civile ou pénale à leur encontre.
La Commission est invitée à évaluer la possibilité de confier des tâches au Médiateur européen dans ce contexte.
Les députés appellent la création dune autorité européenne centralisée pour la protection efficace des lanceurs dalerte et des personnes qui les aident dans leur action. Ils invitent également les États membres à mettre en place des organismes indépendants, dotés de ressources budgétaires suffisantes et de compétences spécialisées, chargés de recueillir les signalements, den vérifier la crédibilité, dassurer le suivi de la réponse donnée et de fournir des conseils aux lanceurs dalerte.
Le rapport souligne enfin que les enquêtes sur les questions soulevées par des lanceurs dalerte devraient être effectuées de manière indépendante et dans le plus bref délai possible, en protégeant également les droits des personnes qui pourraient être visées par une divulgation.