La commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures a adopté le rapport dIgnazio CORRAO (EFDD, IT) sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil visant à lutter contre le blanchiment de capitaux au moyen du droit pénal.
La commission parlementaire a recommandé que la position du Parlement européen adoptée en première lecture suivant la procédure législative ordinaire modifie la proposition de la Commission comme suit.
Objectif et champ dapplication: les députés ont souligné la nécessité dun cadre juridique européen renforcé pour combattre plus efficacement le financement du terrorisme et réduire la menace que représentent les organisations terroristes en entravant leur capacité à financer leurs activités.
La définition relative à l«activité criminelle» au sens de la directive devrait inclure tout type de participation criminelle à la réalisation des infractions prévues dans la directive (UE) 2017/541 relative à la lutte contre le terrorisme et les infractions fiscales pénales liées aux impôts directs et indirects, telles que définies par le droit national.
Les députés ont précisé que les infractions de blanchiment de capitaux devraient être punissables en tant quinfraction pénale, lorsque lauteur de linfraction soupçonnait ou aurait dû savoir que les biens provenaient dune activité criminelle ou dune participation à une activité criminelle.
Sanctions applicables aux personnes physiques: alors que la Commission propose que les infractions de blanchiment de capitaux soient passibles dune peine demprisonnement maximale dau moins quatre ans, à tout le moins dans les cas graves, les députés estiment que ces infractions devraient être passibles dune peine demprisonnement maximale dau moins cinq ans et dune peine minimale dau moins deux ans en présence dau moins une des circonstances aggravantes énumérées dans la directive.
Le fait dinciter à commettre une infraction, dy participer, de sen rendre complice et de tenter de la commettre devrait être passible dune peine demprisonnement maximale dau moins trois ans.
Les personnes physiques responsables dinfractions seraient aussi passibles de sanctions accessoires, notamment i) dune interdiction temporaire ou permanente de conclure des contrats avec les pouvoirs publics; ii) de linterdiction temporaire dexercer une activité commerciale; iii) dune interdiction à long terme de se porter candidat à des fonctions électives ou doccuper un poste de fonctionnaire, lorsque la condamnation est définitive.
Quant aux personnes morales, elles pourraient se voir exclues du bénéfice dune aide ou dun avantage public, notamment des programmes et des fonds de lUnion européenne ou se voir interdire, de façon temporaire ou permanente, de conclure des contrats avec les pouvoirs publics.
Circonstances aggravantes: serait qualifiée de circonstance aggravante le fait que:
- le bien objet du blanchiment provient de la participation à un groupe criminel organisé et racket dextorsion, du terrorisme, de la traite des êtres humains et du trafic illicite de migrants, de lexploitation sexuelle ou du trafic d'armes;
- linfraction a été commise en tout ou partie dans un pays ou territoire non coopératif inscrit sur la liste de lUnion;
- lauteur de linfraction est une personne politiquement exposée;
- la valeur des biens objet du blanchiment est égale ou supérieure à 500.000 EUR.
Confiscation des biens et des produits issus dactivités criminelles: les États membres devraient prendre les mesures nécessaires pour la confiscation de tous les biens et produits provenant de la commission dune infraction pénale de blanchiment de capitaux telle que définie par la directive. Ils devraient faire en sorte de garantir la coopération en matière de gel et de confiscation des biens provenant de la commission de telles infractions.
Compétence: lorsquune infraction relève de la compétence de plus dun État membre, les États membres concernés devraient coopérer pour décider lequel dentre eux poursuivra lauteur de linfraction avec pour objectif de centraliser les poursuites dans un seul État membre.
Outils denquête: des effectifs suffisants et une formation ciblée adaptée, ainsi que des ressources et une capacité technologique devraient être mis à la disposition des services chargés des enquêtes.
Enfin, les députés ont demandé que les États membres prennent des mesures pour améliorer léchange de données et la coopération au sein de lUnion et renforcer la coopération avec les pays tiers et les organisations internationales dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.