OBJECTIF: apporter un élément de solution au problème de la rareté de la ressource en eau dans lensemble de lUnion, notamment en promouvant les pratiques de réutilisation de leau, en particulier à des fins dirrigation agricole.
ACTE PROPOSÉ: Règlement du Parlement européen et du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN: le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire sur un pied dégalité avec le Conseil.
CONTEXTE: un tiers du territoire de l'Union européenne souffre de stress hydrique toute l'année et la raréfaction de l'eau demeure une importante source de préoccupation pour bon nombre d'États membre. En particulier, le changement climatique et les sécheresses contribuent dans une mesure non négligeable à lépuisement des réserves deau douce qui est imputable au développement urbain et à lagriculture. Entre 1976 et 2006, le nombre de régions et de personnes touchées par les sécheresses a augmenté de près de 20 % et le coût total des sécheresses sest élevé à 100 milliards dEUR (CE, 2012).
L'irrigation agricole est de loin la principale application de l'eau réutilisée dans le monde et en Europe; c'est une utilisation importante de l'eau en Europe, qui représente globalement près dun quart de l'eau douce prélevée. En encourageant la réutilisation des eaux usées traitées pour l'irrigation agricole, lUnion pourrait donc améliorer sa capacité de réaction face aux pressions croissantes qui sexercent sur les ressources en eau.
La Commission a reconnu la nécessité de remédier à ce problème au niveau de lUnion dans sa communication de 2012 intitulée «Plan daction pour la sauvegarde des ressources en eau de lEurope». Dans un document de travail publié en novembre 2012 en tant quélément constitutif du plan daction et intitulé «Bilan de qualité de la politique de lUE en ce qui concerne leau douce», les services de la Commission ont conclu quil fallait pouvoir compter sur dautres solutions dapprovisionnement en eau ayant une faible incidence sur lenvironnement» pour remédier au problème de la rareté de la ressource en eau.
Le Conseil, le Comité européen des régions, mais aussi le Parlement européen dans sa résolution du 8 septembre 2015 sur le suivi de linitiative citoyenne européenne «Leau, un droit humain» (Right2Water), ont encouragé la Commission à élaborer un cadre législatif sur la réutilisation de leau. Deux instruments en vigueur dans lUnion encouragent la réutilisation de leau, sans toutefois préciser les conditions à cet égard. Il sagit de la directive-cadre sur leau (2000/60/CE) et de la directive relative au traitement des eaux urbaines résiduaires (91/271/CEE).
ANALYSE DIMPACT: loption privilégiée est celle dun instrument juridique garantissant la sécurité des produits agricoles au moyen dune approche fondée sur l«adaptation à lusage prévu» (exigences minimales fixées en fonction de la catégorie des cultures vivrières et de la technique dirrigation) ainsi que la protection de la santé publique locale et de lenvironnement (tâches essentielles de gestion des risques).
On estime que linstrument proposé pourrait conduire à une réutilisation de leau à des fins dirrigation agricole à hauteur de 6,6 milliards de m3 par an, contre 1,7 milliard de m3 si lUnion ninstaurait aucun cadre juridique en la matière.
CONTENU: le règlement proposé par la Commission vise à atténuer les pénuries d'eau dans l'Union, dans le contexte de l'adaptation au changement climatique. Il permettrait de faire en sorte que les eaux résiduaires traitées destinées à l'irrigation agricole soient sûres, protégeant les populations et l'environnement.
Concrètement proposition :
- définit les exigences minimales qui doivent être respectées en matière de qualité et de surveillance de leau, ainsi que lobligation daccomplir certaines tâches essentielles de gestion des risques afin de permettre la réutilisation sans danger des eaux urbaines résiduaires dans le cadre dune gestion intégrée de leau. Ces exigences devraient consister en un minimum de paramètres applicables à leau de récupération et en dautres exigences de qualité plus strictes ou supplémentaires, imposées, au besoin, par les autorités compétentes et couplées à déventuelles mesures de prévention appropriées;
- définit le processus de gestion des risques qui doit être appliqué par lexploitant dune station de récupération en coopération avec les parties concernées (lutilisateur final de leau de récupération, lexploitant de la station de traitement des eaux urbaines résiduaires approvisionnant en eau la station de récupération, etc.). Lexploitant dune station de récupération serait tenu délaborer un plan de gestion des risques liés à la réutilisation de leau. Ce plan devrait établir des exigences supplémentaires jugées nécessaires pour assurer la sécurité de l'eau réutilisée et devrait être joint à la demande doctroi dautorisation adressée à lautorité compétente;
- assure la transparence des informations et laccès à celles-ci en vue de renforcer la confiance des utilisateurs et du grand public dans linnocuité de leau récupérée: les citoyens auraient accès à des informations en ligne sur les pratiques en matière de réutilisation de l'eau dans leurs États membres. En ce qui concerne laccès à la justice, les citoyens et les ONG auraient la possibilité dexaminer la légalité des décisions prises par les États membres en vertu du règlement.
Le règlement sappliquerait à compter dun an suivant sa date dentrée en vigueur afin daccorder suffisamment de temps aux États membres pour sadapter au règlement, ainsi que de disposer du temps nécessaire pour élaborer un acte dexécution garantissant lapplication uniforme du processus de gestion des risques.