Le Parlement européen a adopté par 469 voix pour, 104 contre et 55 abstentions, une résolution sur la proposition de décision du Conseil portant conclusion, par lUnion européenne, de la convention du Conseil de lEurope sur la prévention et la lutte contre la violence à légard des femmes et la violence domestique.
Une femme sur trois dans lUnion, soit près de 62 millions de femmes, a subi des violences physiques et/ou sexuelles tandis que plus de la moitié des femmes (55 %) dans lUnion ont été victimes de harcèlement sexuel au moins une fois depuis lâge de 15 ans. Les députés estiment quà son rythme actuel, lUnion aurait besoin denviron 60 ans pour parvenir à légalité entre les hommes et les femmes, ce qui suppose, comme condition préalable, léradication de la violence fondée sur le genre.
Adhésion de lUnion à la convention dIstanbul
Le Parlement sest félicité que la Commission ait proposé, le 4 mars 2016, ladhésion de lUnion à la convention dIstanbul, à savoir linstrument juridiquement contraignant le plus complet au niveau international sur la prévention et la lutte contre la violence à légard des femmes et la violence fondée sur le genre, notamment la violence domestique.
Tout en saluant la signature de la convention dIstanbul par lUnion européenne le 13 juin 2017, les députés regrettent que, six ans plus tard, lUnion nait toujours pas ratifié la convention à cause du refus de quelques États membres au Conseil de lUnion européenne. Le Conseil est exhorté à ne pas retarder plus longtemps ladhésion de lUnion à la convention dIstanbul, laquelle devrait être considérée comme la norme minimale à suivre pour éradiquer la violence fondée sur le genre.
Droit à un avortement sûr et légal
Condamnant fermement toutes les formes de violence fondée sur le genre à légard des femmes et des filles et des personnes LGBTIQ+, le Parlement a affirmé que le refus daccorder des services liés à la santé et aux droits en matière de sexualité et de procréation, y compris le droit à des solutions davortement licites et sans risques, constitue une forme de violence à lencontre des femmes et des filles.
Les députés ont condamné le fait que, dans certains États membres, les droits sexuels et génésiques des femmes, en particulier le droit à un avortement sûr et légal, sont constamment menacés. Ils ont salué les initiatives de certains États membres, comme la France, visant à inscrire le droit à lavortement dans leur Constitution et ont demandé que le droit à un avortement sûr et légal soit inscrit dans la charte des droits fondamentaux de lUnion européenne.
Assurer la bonne application de la Convention
Le Parlement a invité la Commission à veiller à ce que la convention soit pleinement intégrée au cadre législatif et politique de lUnion et a demandé à tous les États membres de veiller à la pleine application, dans leurs lois et leurs politiques nationales, des mesures découlant de la convention. Il a condamné les tentatives de certains États membres de révoquer les mesures déjà prises afin dappliquer la convention dIstanbul et de lutter contre la violence à légard des femmes et la violence intrafamiliale.
Il est demandé à la Commission et aux États membres de faire référence à la définition de la violence à légard des femmes donnée par la convention dIstanbul dans la législation pertinente.
Propositions concrètes pour la mise en uvre
Le Parlement a demandé à la Commission et aux États membres de :
- traiter de manière appropriée, par des moyens législatifs et non législatifs, des questions telles que les droits de garde et de visite des enfants, les conséquences civiles des mariages forcés, la traque furtive, le déni des droits et le refus daccès aux soins de santé en matière de procréation, et à protéger les victimes;
- mettre en uvre des mesures préventives, y compris une prévention primaire renforcée de la violence sexiste à lécole, ainsi quune approche des services daide aux victimes et des mesures de protection pour les rescapés, telles quune aide financière, un soutien psychologique, des lignes dassistance téléphonique, des refuges, laccès au logement social et la possibilité de prendre congé pour faire face à une situation de violence intrafamiliale, ainsi que des mesures permettant daider les victimes à continuer de vivre à leur domicile en toute sécurité;
- mener des campagnes dinformation sur la convention dIstanbul et veiller à la mise en place de formations, de procédures et de lignes directrices appropriées, sensibles à la dimension de genre, ainsi que des mesures de soutien et de protection spécifiques, axées sur les victimes, à lintention de tous les professionnels concernés, y compris ceux des forces de lordre, de la magistrature et du parquet.
Désinformation
Les députés ont condamné lopposition croissante à la convention dIstanbul dans certains États membres ainsi que les tentatives visant à dénigrer la convention et son incidence positive sur léradication de la violence fondée sur le genre. Tout en condamnant la tentative polonaise de se retirer de la convention dIstanbul, le Parlement invité les autorités nationales à lutter contre la désinformation et à mener des campagnes de sensibilisation pour dissiper tout doute sur la convention et sur les avantages quelle comporte pour la société dans son ensemble.
Conclure durgence la ratification
Le Parlement a souligné quil nexiste aucun obstacle juridique empêchant le Conseil de procéder à la ratification de la convention, étant donné quune majorité qualifiée suffit pour ladopter. Il a invité une nouvelle fois le Conseil à conclure durgence la ratification de la convention dIstanbul par lUnion, sur la base dune large adhésion et sans aucune restriction, et à encourager tous les États membres à la ratifier. Les six États membres restants ne layant pas encore fait - à savoir la Bulgarie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie et la Tchéquie - sont appelés à ratifier la convention sans délai.
Les députés invitent la Commission à élaborer une stratégie intégrale de lUnion sur la lutte contre la violence à légard des femmes et la violence fondée sur le genre, stratégie qui devrait inclure un plan complet de prévention et de lutte contre toutes les formes dinégalités entre les hommes et les femmes et intégrer toutes les initiatives de lUnion visant à éradiquer la violence à légard des femmes.
Le Conseil est invité à activer la clause passerelle, en adoptant à lunanimité une décision définissant la violence fondée sur le genre comme lun des domaines de criminalité énumérés à larticle 83, paragraphe 1, du traité FUE.