AVIS DE LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE sur une proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant des règles et une procédure uniformes pour la résolution des établissements de crédit et de certaines entreprises dinvestissement dans le cadre dun mécanisme de résolution unique et dun Fonds de résolution bancaire unique.
La Banque centrale européenne (BCE), consultée le 3 septembre 2013 par le Conseil, souscrit entièrement à la création dun mécanisme de résolution unique (MRU), qui contribuera, en tant que complément nécessaire du mécanisme de surveillance unique (MSU), à renforcer larchitecture et la stabilité de lUnion économique et monétaire.
La BCE considère que les principes généraux suivants sont dune importance cruciale pour lefficacité du MRU et se félicite quils soient largement repris dans le règlement proposé :
- le champ dapplication du MRU devrait sétendre à tous les établissements de crédit situés dans des États membres participant au MSU;
- au centre du MRU devrait être instituée une autorité de résolution unique, forte et indépendante, disposant dun pouvoir décisionnel suffisant pour prendre une mesure de résolution, dans un souci de stabilité au sein de la zone euro et de lUnion en général;
- le processus décisionnel devrait permettre de prendre les décisions en temps opportun et de manière efficace, dans un délai très court si nécessaire, à savoir quelques jours, voire quelques heures. Il devrait sappuyer sur une bonne planification des mesures de résolution;
- lautorité de résolution unique devrait disposer de pouvoirs, dinstruments et de ressources financières appropriés pour prendre des mesures de résolution, à légard des établissements, comme prévu dans la future directive sur le redressement et la résolution bancaires (DRRB);
- lautorité de résolution unique devrait pouvoir accéder au financement des procédures de résolution par le biais du Fonds de résolution bancaire unique, qui devrait être financé par des contributions ex ante fondées sur les risques, versées par toutes les banques soumises au MRU, complétées, au besoin, par des contributions ex post. En outre, il conviendrait de disposer dun dispositif de soutien public temporaire, sans incidence budgétaire, qui pourrait par exemple prendre la forme dune facilité de crédit accordée au Fonds;
- le cadre prévu pour le MRU devrait prévoir une coordination étroite entre la fonction de résolution du MRU et la fonction de surveillance prudentielle du MSU, tout en respectant les responsabilités de chaque institution.
La BCE soutient le calendrier prévu pour le MRU. Conformément à ce calendrier, le MRU entrerait en vigueur au milieu de lannée 2014 et serait totalement opérationnel le 1er janvier 2015 au plus tard.
Les remarques particulières de la BCE portent notamment sur les points suivants :
Gouvernance et responsabilité du Conseil de résolution unique (CRU) : les responsabilités des autorités concernées par le processus de résolution devraient être plus précisément définies pour éviter tout doublon ou chevauchement des pouvoirs. Une description plus approfondie de la manière dont les pouvoirs du CRU seront mis en uvre garantirait, en même temps, lexistence dune souplesse suffisante dans la gestion de chaque cas de résolution particulier.
Le règlement proposé devrait garantir que toute décision de résolution effective de la Commission est prise aussi rapidement que possible.
Coopération entre les autorités de résolution et les autorités de surveillance prudentielle: la BCE juge essentiel que les rôles et responsabilités respectifs des autorités de résolution et des autorités de surveillance prudentielle restent bien distincts avant quune crise ne soit envisagée et au tout début dune crise, lorsque lautorité de surveillance prudentielle peut prendre des mesures dintervention précoce à légard dun établissement de crédit, ainsi que lors de lévaluation des conditions de la résolution et de la dépréciation des instruments de fonds propres.
Participation de la BCE au Conseil de résolution unique et participation générale des banques centrales : la BCE recommande que lui soit fournie une invitation permanente à assister, en tant quobservatrice, à toutes les réunions (plénières et exécutives) du CRU.
Évaluation de la résolvabilité et exigence minimale de fonds propres et de passifs éligibles : alors que la consultation de lautorité de surveillance prudentielle est suffisante pour lévaluation de la résolvabilité, les mesures destinées à supprimer les obstacles à la résolvabilité devraient être arrêtées en commun et mises en uvre en coopération avec lautorité de surveillance prudentielle. Lévaluation ne devrait pas présupposer un soutien financier, de la part du Fonds, autre que la fourniture de liquidité temporaire.
En outre, le CRU devrait déterminer lexigence minimale de fonds propres et de passifs éligibles «en collaboration» avec lautorité compétente.
Renflouement interne : le règlement proposé prévoit que les dispositions en matière de renflouement interne sappliquent à compter du 1er janvier 2018. Cela signifie que, de 2015 à 2018, le MRU pourra avoir besoin de prendre des mesures de résolution à légard de banques sans cet instrument de résolution. La BCE est favorable à une mise en place de linstrument de renflouement interne avant 2018, ce qui contribuerait à la sécurité juridique, à la cohérence et à la prévisibilité, tout en évitant ladoption de solutions ad hoc.
Sagissant du rang de priorité des créances en cas dinsolvabilité, la BCE estime que les dépôts couverts devraient bénéficier dune «super priorité», tandis que les dépôts éligibles provenant de personnes physiques et de petites et moyennes entreprises devraient être prioritaires par rapport à dautres créances non garanties de premier rang.
Fonds de résolution bancaire unique : le règlement proposé prévoit pour le Fonds un niveau cible dau moins 1% des dépôts couverts. La BCE estime que les dépôts couverts ne constituent pas le point de référence le plus approprié, car ils ne reflètent pas entièrement les éventuels coûts de financement des procédures de résolution. Ce point de référence devrait donc être complété par une valeur de référence liée au total des passifs, à calibrer de façon adéquate par le CRU, tout en conservant le plan cher de 1% des dépôts couverts.
Dispositifs de soutien : la BCE constate que le règlement proposé reste vague à propos du projet de dispositifs de soutien supplémentaires. Alors que le règlement proposé prévoit la possibilité demprunter auprès de tiers, il ne précise pas si les dispositifs de soutien supplémentaires incluraient aussi un accès temporaire à des deniers publics ou sils recourraient uniquement à des emprunts auprès du secteur privé.
Dans ce contexte, la BCE estime important que les États membres participants veillent à ce quun dispositif commun et solide de soutien public soit disponible au moment de lentrée en vigueur du règlement proposé. Ce soutien public pourrait comprendre une facilité de crédit permettant au MRU davoir accès à des ressources budgétaires conjointes des États membres participants. Pour respecter le principe de neutralité budgétaire, la ligne de crédit devrait être entièrement remboursée après avoir été activée.
Lien avec le régime des aides dÉtat : la BCE pense quil convient dévaluer soigneuse ment lincidence de la mise en uvre du contrôle des aides dÉtat et ses répercussions sur les procédures de résolution engagées par le MRU.