Le Parlement européen a adopté par 467 voix pour, 94 contre et 55 abstentions, une résolution sur la mise en uvre de laccord de Paris et sur la conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2016 (COP22), qui se tiendra à Marrakech (Maroc).
La résolution avait été déposée par la commission de lenvironnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire.
Rappelant que selon les données scientifiques le réchauffement du système climatique était indéniable, le Parlement a pris note des conclusions de la CCNUCC, selon lesquelles, si les émissions mondiales de gaz à effet de serre se maintiennent à leur niveau actuel, il ne faudra que cinq ans pour épuiser la totalité du budget carbone fixé en vue de limiter la hausse moyenne des températures mondiales à 1,5°C maximum.
Les députés ont souligné que tous les pays devaient accélérer la transition vers la neutralité carbone et la résilience au changement climatique. Ils ont demandé aux pays développés, en particulier à ceux de lUnion, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de manière draconienne, au-delà des engagements actuels.
Ratification et application de laccord de Paris : le Parlement a demandé lentrée en vigueur de toute urgence de laccord de Paris, et il a invité la Commission et les États membres à garantir une ratification rapide. La Commission devrait faire régulièrement rapport au Parlement sur les progrès du processus de ratification.
Les députés ont déploré que la somme des contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) à léchelon mondial ne permette même pas dapprocher lobjectif des 2°C. Ils ont souligné la nécessité dun surcroît dambition et appelé à une action concertée de lUnion et des autres principaux émetteurs de carbone visant à proposer des CPDN qui permettent de se rapprocher de lobjectif des 2°C.
La résolution a insisté sur limportance capitale de la révision à la hausse par toutes les parties, y compris par lUnion, de leurs engagements en matière de réduction des émissions de carbone tous les cinq ans. LUnion a été invitée à sengager par ses CDN à réduire davantage ses émissions de carbone dici 2030.
Le Parlement a également rappelé la nécessité déliminer progressivement les émissions mondiales de dioxyde de carbone dici 2050 ou peu après. Il a invité toutes les parties qui sont en mesure de le faire à mettre en uvre les stratégies qui leur permettront datteindre leurs objectifs nationaux en matière de décarbonisation, en éliminant en priorité les émissions provenant du charbon, source dénergie la plus polluante.
La COP22 à Marrakech : les députés sont convaincus que les négociations devraient progresser sur les éléments clés de laccord de Paris, notamment i) un cadre de transparence renforcé, ii) de nouvelles recommandations en matière de CPDN, iii) le financement de la lutte contre le changement climatique et le renforcement des capacités, iv) une gouvernance inclusive à plusieurs niveaux ainsi quun mécanisme destiné à faciliter la mise en uvre et à promouvoir la conformité.
Les députés ont souligné la nécessité dentamer des discussions sur la forme que prendra le dialogue de facilitation de 2018, qui sera une occasion essentielle pour combler lécart persistant en matière datténuation dans le contexte des CPDN actuels.
Un vaste effort de la part de tous les secteurs : le Parlement a insisté sur la nécessité de :
- renforcer la coopération internationale et laction de lUnion afin de mieux évaluer et optimiser le potentiel de piégeage du dioxyde carbone issu des émissions liées aux utilisations des sols en vue de garantir la séquestration sûre et durable du CO2;
- renforcer les capacités dadaptation et de résilience des forêts face au changement climatique et de réaliser des efforts datténuation centrés sur le secteur forestier tropical (REDD+);
- mettre en place une série de stratégies visant à réduire les émissions du secteur des transports aériens et maritimes : les députés ont demandé à toutes les parties de travailler par lintermédiaire de lOrganisation de laviation civile internationale (OACI) et de lOrganisation maritime internationale (OMI) à lélaboration dun cadre stratégique global en vue de mettre en place de mesures visant à fixer des objectifs appropriés avant la fin de 2016 ;
- porter toute lattention nécessaire à la question de la transition vers un modèle déconomie circulaire mondiale.
Le Parlement a demandé à ce que des efforts importants soient déployés afin que tout État membre amené à changer de statut puisse maintenir sa participation au système déchange de quotas démission (SEQE) de lUnion.
Les députés ont également :
- plaidé en faveur de ladoption dune élimination progressive des hydrocarbures fluorés (HFC) au niveau mondial en 2016 ;
- insisté sur le fait que lobjectif prioritaire de lutte contre le changement climatique devrait être poursuivi à léchelle mondiale tout en assurant la sécurité énergétique, le développement dune croissance économique durable et la création demplois ;
- invité lUnion à inciter la communauté internationale à adopter des mesures concrètes, y compris un calendrier, dans le but déliminer progressivement des subventions nuisibles pour lenvironnement ou léconomie, y compris des subventions en faveur des combustibles fossiles ;
- insisté sur le fait que la recherche et linnovation ainsi que les technologies économes en énergie étaient la clé dune lutte économiquement avantageuse contre le changement climatique, tout en rappelant le rôle catalyseur que pouvaient jouer les technologies numériques dans la transformation du système énergétique.
Résilience au changement climatique par ladaptation : les députés ont demandé que des objectifs à long terme dadaptation au changement climatique soient définis, et ont invité la Commission à proposer un instrument juridiquement contraignant si les efforts entrepris par les États membres étaient jugés insuffisants.
Préoccupé par le fait quentre 2008 et 2013, 166 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer à la suite dinondations, de tempêtes, de tremblements de terre ou dautres catastrophes, le Parlement a demandé de prendre au sérieux la question des réfugiés climatiques qui est la conséquence des catastrophes climatiques provoquées par le réchauffement de la planète.
Il a notamment attiré lattention sur le fait que les événements dorigine climatique qui surviennent dans certaines régions dAfrique et au Proche-Orient pourraient contribuer à linstabilité politique, aux difficultés économiques, et à laggravation de la crise des réfugiés en Méditerranée.
Les députés ont également souligné limportance du rôle des pays en développement pour la réalisation des objectifs de laccord de Paris et la nécessité de les aider à mettre en uvre leurs plans en faveur du climat.
Financement : des efforts supplémentaires seront nécessaires pour garantir la mobilisation du financement de la lutte contre le changement climatique et atteindre lobjectif des 100 millions de dollars dici 2020.
Les députés ont réclamé des mesures concrètes, au niveau de lUnion et à léchelle internationale, visant à apporter de nouvelles sources de financement, notamment i) ladoption dune taxe sur les transactions financières, ii) lécartement de quelques quotas démission du SEQE de lUE durant la période 2021-2030 et iii) lallocation des revenus issus des mesures relatives aux émissions provenant des activités aériennes et maritimes.
Enfin, le Parlement sest félicité que lUnion continue à accorder la priorité à la diplomatie climatique et sest engagé à ratifier laccord de Paris dès que possible et à utiliser son rôle international pour uvrer en faveur de la ratification et de lapplication rapide de laccord de Paris.