OBJECTIF: présenter un nouveau plan daction européen pour intensifier la lutte contre le phénomène de la résistance aux antimicrobiens.
CONTEXTE: selon lOrganisation mondiale de la santé (OMS), la résistance aux antimicrobiens représente une menace sérieuse: elle est la cause de 25.000 décès par an dans lUnion européenne et de 700.000 décès chaque année dans le monde et pourrait causer davantage de décès que le cancer à lhorizon 2050. Les coûts qui résultent de la résistance aux antimicrobiens en soins de santé et en pertes de productivité sont estimés à 1,5 milliard dEUR par an.
LUnion a très tôt reconnu limportance de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. La stratégie communautaire de 2001 a été renforcée par le plan daction 2011 de la Commission qui repose sur la démarche globale «One Health» («Une seule santé») visant à lutter contre la résistance tant chez lhomme que chez lanimal.
Face aux problèmes que représente la résistance aux antimicrobiens aux niveaux régional et mondial, lUnion est en première ligne pour combattre ce phénomène. Depuis 1999, la Commission a investi plus de 1,3 milliard dEUR dans la recherche sur la résistance aux antimicrobiens.
Répondant à la demande des États membres formulée dans les conclusions du Conseil du 17 juin 2016, le nouveau plan proposé par la Commission s'appuie sur le premier plan d'action, mis en uvre de 2011 à 2016. Il s'inspire des recommandations résultant d'une évaluation externe indépendante, ainsi que des points de vue exprimés par les acteurs concernés lors dune consultation publique ouverte.
Fondé sur le principe «Une seule santé», le plan est motivé par la nécessité, pour lUnion, de jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le phénomène de la résistance aux antimicrobiens et dapporter une valeur ajoutée aux actions des États membres.
Son but est de préserver lefficacité des traitements des infections chez lhomme comme chez lanimal en fournissant un cadre pour des actions futures visant à endiguer lapparition et la propagation de la résistance aux antimicrobiens et à renforcer le développement et la disponibilité de nouveaux antimicrobiens efficaces dans lUnion et dans le reste du monde.
CONTENU: les principaux objectifs de ce nouveau plan sarticulent autour des trois grands axes suivants:
Axe 1 - Faire de lUnion une «région de pratiques dexcellence»: comme la montré lévaluation du plan daction de 2011, des bases factuelles de meilleure qualité, une coordination et une surveillance renforcées, ainsi que des mesures de contrôle plus efficaces seront nécessaires.
Laction de lUnion aura pour but daider les États membres dans létablissement, la mise en uvre et le suivi de leurs propres plans daction nationaux fondés pour la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, quils ont accepté de mettre en place lors de lAssemblée mondiale de la santé de 2015.
Lappui de la Commission prendra notamment les formes suivantes:
- fournir des données scientifiquement étayées, avec l'aide des agences de l'Union, et faire mieux prendre conscience des problèmes liés à la résistance aux antimicrobiens chez les humains et les animaux producteurs de denrées alimentaires;
- réviser la réglementation d'exécution de l'Union sur la surveillance et la notification de la résistance aux antimicrobiens chez les animaux, dans les denrées alimentaires et chez l'homme;
- soutenir les États membres dans leurs efforts de sensibilisation au niveau national par des outils de communication spécifiques;
- cofinancer des projets et collaborer avec lOMS en vue daider les États membres de lUnion à élaborer et à mettre en uvre des plans daction nationaux pour combattre la résistance aux antimicrobiens;
- élaborer des programmes de formation à lintention des autorités compétentes des États membres et des professionnels de la santé;
- contribuer à améliorer la sécurité des patients en milieu hospitalier en soutenant les bonnes pratiques en matière de prévention et de lutte contre les infections;
- élaborer des lignes directrices de lUnion pour une utilisation prudente des antimicrobiens en médecine humaine;
- adopter une politique de lUnion concernant les produits pharmaceutiques dans lenvironnement.
Axe 2 - Promouvoir la recherche, le développement et l'innovation: les objectifs sont i) de combler les lacunes actuelles en termes de connaissances, ii) dapporter des solutions et des outils novateurs pour prévenir et traiter les maladies infectieuses et iii) daméliorer le diagnostic afin denrayer la propagation de la résistance aux antimicrobiens.
La Commission travaillera en partenariat avec les États membres et les entreprises, y compris les petites et moyennes entreprises (PME) pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens chez les bactéries, les virus, les champignons et les parasites. Une attention particulière sera accordée à la liste des agents pathogènes prioritaires établie par lOMS ainsi quà la tuberculose, au VIH/SIDA, à la malaria et aux maladies infectieuses négligées.
La Commission entend notamment soutenir la recherche en vue:
- daméliorer le dépistage précoce et de mieux cerner les problèmes que la résistance aux antimicrobiens fait naître dans les secteurs européens des soins de santé, de lélevage et de la production de denrées alimentaires;
- délaborer de nouveaux médicaments et traitements, de remplacement notamment, ainsi que des approches et des produits antiinfectieux innovants pour lhomme comme pour lanimal;
- de mettre au point de nouveaux vaccins préventifs efficaces pour lhomme et lanimal ainsi que de nouveaux outils diagnostiques, en particulier les tests réalisés «sur le terrain»;
- de combler les lacunes dans les connaissances sur le rejet de micro-organismes résistants et dantimicrobiens dans lenvironnement.
Axe 3 - Donner corps aux objectifs mondiaux: dans un monde de plus en plus interconnecté, la Commission entend:
- renforcer la présence de lUnion à léchelle mondiale en contribuant aux travaux normatifs des organisations multilatérales telles que lOMS, lOrganisation mondiale de la santé animale (OIE), lOrganisation pour lalimentation et lagriculture (FAO) et les enceintes internationales;
- promouvoir les normes et mesures prises par lUnion pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens dans le contexte des accords commerciaux;
- contribuer à la réduction de la résistance aux agents antimicrobiens dans les pays les moins avancés au moyen de programmes de lutte contre les maladies infectieuses.
Les progrès seront examinés à intervalles réguliers dans le cadre du réseau «Une seule santé» sur la résistance aux antimicrobiens, afin dorienter les différents États membres dans leurs actions et de décider de lopportunité de nouvelles mesures au niveau de lUnion.