Le Parlement européen a adopté par 354 voix pour, 53 contre et 266 abstentions, une résolution sur la gestion transparente et responsable des ressources naturelles dans les pays en développement: le cas des forêts.
La déforestation et la dégradation des forêts représentent la deuxième plus importante source démissions de carbone dorigine humaine et près de 20 % de lensemble des émissions de gaz à effet de serre. En mettant un terme à la déforestation et à la dégradation des forêts et en permettant aux forêts de repousser, on réaliserait au moins 30 % de toutes les mesures datténuation nécessaires pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C.
Le Parlement a invité la Commission à honorer les engagements internationaux de lUnion européenne, et notamment ceux pris dans le cadre de la COP21, qui est de promouvoir la gestion durable de tous les types de forêts, de mettre un terme à la déforestation, de restaurer les forêts dégradées et daccroître considérablement le boisement et le reboisement au niveau mondial dici à 2020.
Gouvernance foncière et forestière: le Parlement a demandé à lUnion européenne détablir une coopération plus étroite et des partenariats plus efficaces avec les principaux pays consommateurs de bois et les parties prenantes internationales en vue daméliorer la gouvernance des forêts. Il a souligné la nécessité dencourager la gestion participative et communautaire des forêts en renforçant la participation de la société civile à la planification et à la mise en uvre des politiques et des projets de gestion forestière, en menant un travail de sensibilisation et en veillant à ce que les communautés locales tirent profit des ressources forestières.
Les députés ont demandé aux pays partenaires de reconnaître et de protéger le droit des populations locales tributaires des forêts et des peuples autochtones, notamment des femmes indigènes, à la propriété coutumière et au contrôle de leurs terres. Ils ont demandé lapplication scrupuleuse du principe du consentement préalable, libre et éclairé aux acquisitions de terres à grande échelle.
La Commission est invitée à lancer une analyse dimpact ainsi quune véritable consultation des parties prenantes, associant notamment les populations locales et les femmes, afin de définir un plan daction de lUnion européenne relatif à la déforestation et à la dégradation des forêts.
Ce plan devrait comprendre des mesures réglementaires concrètes et systématiques ainsi quun mécanisme de contrôle afin quaucune chaîne dapprovisionnement ou transaction financière liée à lUnion ne contribue à la déforestation, à la dégradation des forêts ou à des violations des droits de lhomme. Un mécanisme de recours administratifs efficaces devrait être mis en place pour permettre aux victimes de violations des droits de lhomme et dautres conséquences néfastes de demander louverture de processus denquête.
Chaînes dapprovisionnement et financement responsables: étant donné que plus de la moitié des produits de base produits et exportés sur le marché mondial est issue de la déforestation illégale, les députés ont demandé que les importations de bois et de produits dérivés soient soumises à des contrôles plus minutieux aux frontières de lUnion afin de s'assurer que les produits importés respectent effectivement les conditions nécessaires à leur entrée sur le marché de lUnion.
Les chaînes dapprovisionnement et les flux financiers internationaux devraient soutenir uniquement une production légale, durable et nentraînant ni déforestation ni violations des droits de lhomme. LUnion devrait renforcer les efforts du secteur privé à cet égard au moyen de politiques et de mesures appropriées pour créer une base de référence commune pour toutes les entreprises.
Le Parlement a demandé à lUnion européenne de lutter contre la déforestation mondiale en réglementant la consommation et le commerce européens de produits présentant un risque pour les forêts tels que le soja, lhuile de palme, leucalyptus, la viande bovine, le cuir et le cacao. Ce cadre réglementaire devrait :
- établir des critères obligatoires pour des produits durables qui ne participent pas à la déforestation;
- imposer des obligations de vérification préalable aux opérateurs en amont et en aval des chaînes dapprovisionnement en produits présentant un risque pour les forêts;
- assurer la traçabilité des produits et la transparence tout au long de la chaîne dapprovisionnement;
- exiger des autorités compétentes des États membres quelles enquêtent sur les ressortissants de lUnion ou sur les sociétés établies dans lUnion qui bénéficient de la conversion illégale des terres dans les pays producteurs et quelles les traduisent en justice;
- se conformer au droit international sur les droits de lhomme,
Dans ce contexte, le Parlement a souligné la nécessité de mieux informer les consommateurs des conséquences néfastes de la production dhuile de palme non durable sur lenvironnement, lobjectif ultime étant de parvenir à une baisse drastique de la consommation dhuile de palme.
Criminalité forestière: selon le PNUE et INTERPOL, lexploitation illégale des forêts et le commerce associé constituent lun des cinq principaux secteurs de la criminalité environnementale, impliquant de manière croissante des groupes de la criminalité transnationale organisée. Les députés ont insisté sur limportance de la lutte contre le commerce illégal de bois tropical. Ils ont demandé à la Commission et aux États membres de s'attaquer aux risques associés au bois de la guerre et de veiller à ce quil soit classé comme illégal dans le cadre des accords de partenariat volontaire.
Le Parlement a souligné limportance de la mise en place, dans les pays producteurs, de sanctions réellement dissuasives et effectives pour lutter contre labattage et le commerce illégal du bois. Il a suggéré de renforcer lapplication du règlement (UE) nº 995/2010 du Parlement européen et du Conseil sur le bois en exigeant des vérifications préalables plus strictes de la part des opérateurs important des produits depuis des zones de conflit ainsi que linscription de clauses anticorruption dans les contrats conclus avec les fournisseurs. Il a également demandé à la Commission délargir le champ dapplication de la directive 2008/99/CE relative à la protection de lenvironnement par le droit pénal afin dy inclure lexploitation illégale du bois.
Questions commerciales: le Parlement a demandé à lUnion dinclure systématiquement, au chapitre «commerce et développement durable» des accords bilatéraux et multilatéraux de libre-échange et dinvestissement conclus par lUnion, des dispositions contraignantes et exécutoires visant à mettre fin à lexploitation illégale, à la déforestation, à la dégradation des forêts et à laccaparement des terres ainsi quà dautres violations des droits de lhomme, qui soient soumises à des mécanismes de règlement des différends appropriés et efficaces.
Les députés ont invité lUnion à intégrer la diplomatie forestière dans sa politique en matière de climat et à mettre en place une politique de marchés publics écologiques pour le bois afin de soutenir la protection et la restauration des écosystèmes forestiers dans le monde.