Le Parlement européen a adopté par 530 voix pour, 53 contre et 55 abstentions, une résolution sur l'état des relations UE-Chine.
Les députés ont affirmé que le partenariat stratégique global UE-Chine était l'un des plus importants pour l'UE et qu'il reposait sur un engagement commun d'ouverture et de collaboration dans le cadre d'un système international fondé sur des règles. Toutefois, ils se sont inquiétés du fait que linfluence économique et politique grandissante de la Chine au niveau mondial au cours de la dernière décennie a mis à lépreuve les engagements communs.
Les Parlement a recommandé que lEurope tire avantage de son pouvoir de négociation collectif plus important vis-à-vis de la Chine, et quelle défende ses démocraties afin de mieux faire face aux efforts systématiques déployés par la Chine pour influencer la société civile et les responsables politiques européens.
Investissements chinois: les députés ont noté lintérêt que la Chine porte aux investissements stratégiques dans les infrastructures en Europe en se servant de linitiative «Ceinture et route». Ces investissements s'inscrivent dans une stratégie globale visant à ce que des entreprises contrôlées ou financées par lÉtat prennent le contrôle du secteur bancaire, du secteur de lénergie ainsi que dautres chaînes dapprovisionnement. Les résultats d'enquêtes récentes montrent que depuis 2008, la Chine a acquis des actifs en Europe pour une valeur de 318 milliards de dollars.
Le Parlement a demandé aux États membres participant au format «16+1» (entre la Chine, dune part, et onze pays dEurope centrale et orientale ainsi que cinq pays des Balkans) de veiller à ce que cette participation permette à lUnion de sexprimer dune seule et même voix dans ses relations avec la Chine. Il a invité les dits États membres à analyser et à contrôler rigoureusement les projets dinfrastructure proposés et à veiller à ne pas compromettre les intérêts nationaux et européens pour un soutien financier ou des engagements à long terme au regard de la participation de la Chine à des projets dinfrastructure stratégiques qui pourraient encore accroître linfluence politique de celle-ci, au préjudice des positions communes de lUnion concernant la Chine.
Les députés ont soutenu lappel lancé à la Chine pour quelle adhère aux principes de transparence dans les marchés publics ainsi quaux normes environnementales et sociales. Ils ont proposé que les données sur tous les investissements dans des infrastructures effectués par la Chine dans les États membres de lUnion et les pays candidats soient partagées avec les institutions de lUnion et les autres États membres. Ils ont également insisté sur le fait que l'initiative «Ceinture et route» devait être assortie de garanties en matière de droits de lhomme.
Droits de l'homme: la promotion des droits de l'homme et de l'État de droit devrait être au cur de l'engagement de l'UE avec la Chine. Le Parlement a fermement condamné le harcèlement, les arrestations arbitraires et les poursuites dont font l'objet les défenseurs des droits de l'homme, les avocats, les journalistes, les blogueurs, les universitaires et les défenseurs des droits des travailleurs. Il sest dit inquiet des systèmes de surveillance massive de linternet déployés par la Chine et a condamné la répression des libertés relatives à internet par les autorités chinoises, notamment la liberté daccéder à des sites étrangers.
Le Parlement a invité l'UE et ses États membres à poursuivre une politique plus ambitieuse, plus cohérente et plus transparente en ce qui concerne les droits de l'homme en Chine et à procéder à la consultation de la société civile et à un dialogue approfondi avec celle-ci. Il a invité le Conseil, le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) et la Commission à veiller à ce que la coopération UE-Chine soit fondée sur l'État de droit et l'universalité des droits de l'homme.
Étudiants chinois: les députés ont attiré l'attention sur la nécessité de soutenir davantage les étudiants et les universitaires chinois qui sont en Europe afin quils soient moins vulnérables aux pressions exercées par les autorités chinoises pour quils se surveillent les uns les autres et deviennent les chevilles ouvrières de lÉtat chinois. Ils ont également souligné limportance dexaminer les financements substantiels accordés par la Chine à des établissements denseignement supérieur à travers lEurope.
Enfin, le Parlement a invité la Commission à surveiller activement les mesures chinoises de distorsion des échanges, qui affectent la position des entreprises de l'UE sur les marchés mondiaux, et à prendre les mesures appropriées au sein de l'OMC et d'autres enceintes, y compris des actions de règlement des différends.