Le Parlement européen a adopté par 414 voix pour, 213 contre et 8 abstentions une résolution déposée par la commission sur lenvironnement, la santé publique et la sécurité alimentaire sur la mise en uvre du paquet «économie circulaire»: solutions possibles pour les questions à linterface entre les textes législatifs relatifs aux substances chimiques, aux produits et aux déchets.
Considérations générales: tout en soutenant la conception globale présentée par la Commission dans sa communication, le Parlement a recommandé ladoption de mesures dans les meilleurs délais pour remédier aux problèmes situés «à linterface». entre les textes législatifs relatifs aux substances chimiques, aux produits et aux déchets.
Les objectifs prioritaires de la Commission devraient être les suivants :
- éviter que les produits chimiques dangereux nentrent dans le cycle des matières ;
- rendre parfaitement cohérentes les lois qui transposent les politiques adoptées en matière de déchets et de substances chimiques, et veiller à une meilleure application de la législation en vigueur ;
- remédier aux lacunes de la réglementation, notamment concernant les articles importés, qui pourraient faire obstacle à la mise en place dune économie circulaire durable dans lUnion.
Les députés ont insisté sur le besoin dappliquer strictement la hiérarchie des déchets et, dans la mesure du possible, de supprimer progressivement les substances préoccupantes. Les activités réglementaires dans le but de favoriser le remplacement des substances extrêmement préoccupantes et de restreindre les substances qui présentent des risques inacceptables pour la santé humaine ou lenvironnement dans le cadre du règlement REACH devraient sintensifier. Le cas particulier des PME devrait être pris en considération au stade de ladoption de mesures.
Information insuffisante sur les substances préoccupantes présentes dans les produits et les déchets : les députés ont souligné que toutes les substances préoccupantes devraient faire lobjet dun suivi et que les informations relatives à ces substances devraient être intégralement mises à la disposition de lensemble des acteurs qui participent à la chaîne dapprovisionnement, des recycleurs et du grand public. Le système de suivi devrait également couvrir tous les produits importés dans lUnion qui pourraient contenir des substances préoccupantes, et sattaquer au problème des substances non enregistrées contenues dans les articles importés.
Le Parlement a souligné la néssité de renforcer la collaboration internationale relative aux articles importés avec des acteurs tels que le programme des Nations unies pour lenvironnement (PNUE), les pays tiers pour qui les articles importés posent des problèmes similaires, ainsi que les pays exportant de tels articles. Il a invité lAgence européenne des produits chimiques (ECHA) à intensifier ses efforts dans le cadre de REACH (Contrôle du caractère complet des enregistrements) pour ne pas accorder laccès au marché aux produits chimiques dont les dossiers denregistrement sont incomplets et inadéquats.
Le Parlement a également souhaité garantir que toutes les substances extrêmement préoccupantes concernées, y compris celles qui répondent aux critères dun degré de préoccupation équivalent, comme les perturbateurs endocriniens et les substances sensibilisantes, soient inscrites dici 2020 sur la liste de substances candidates du règlement REACH, comme le prévoit le 7e programme daction pour lenvironnement.
Sattaquer à la présence de substances préoccupantes dans les matériaux recyclés : lUnion devrait garantir que le recyclage des matériaux nimplique pas la poursuite de lutilisation de substances dangereuses. Cependant, le Parlement sest inquiété du fait que la législation visant à éviter la présence de substances chimiques dans les produits, y compris les articles importés, est constituée de textes épars et nest ni systématique ni cohérente, et quelle ne sapplique quà très peu de substances, de produits et dutilisations. Il a appelé à lélaboration dune stratégie de lUnion pour un environnement non toxique qui viserait, entre autres, à réduire lexposition aux substances préoccupantes présentes dans les produits. Les députés ont fait les constats suivants :
- la possibilité de recycler les matériaux contenant des substances préoccupantes devrait être envisagée uniquement lorsquil nexiste pas de substituts ne contenant pas de substances préoccupantes ;
- il serait souhaitable de répondre au problème des produits contenant des substances dont les déchets sont dangereux grâce à un système efficace denregistrement, de suivi et délimination ;
- étant donné que 80 % de lincidence environnementale dun produit est déterminée lors de la phase de conception, la directive relative à lécoconception ainsi que la législation spécifique à certains produits devraient servir en sus du règlement REACH à instaurer des exigences visant à remplacer les substances préoccupantes ;
- lutilisation de substances toxiques ou préoccupantes, comme les polluants organiques persistants et les perturbateurs endocriniens, devrait être étudiée spécifiquement à laune de critères élargis en matière décoconception ;
- il est primordial de garantir des conditions de concurrence équitables entre les articles fabriqués dans lUnion et ceux qui sont importés.
Incertitudes quant à la manière dont une matière cesse davoir le statut de déchet : les députés ont plaidé pour linstauration de règles claires de lUnion qui précisent les conditions à remplir pour sortir du régime applicable aux déchets, et pour la définition de critères harmonisés en ce qui concerne la fin du statut de déchet.
Méthodes de classification des déchets de lUnion : le Parlement a déclaré que les règles permettant de déterminer si un déchet est dangereux ou non dangereux devraient être cohérentes avec les règles de classification des substances et mélanges relevant du règlement CLP (classification, étiquetage et emballage), en tenant compte des particularités relatives aux déchets et à leur manipulation. Il a demandé à la Commission de préciser linterprétation correcte du règlement CLP afin de prévenir toute classification erronée de déchets contenant des substances préoccupantes
Il conviendrait de poursuivre lélaboration du cadre de classification relatif aux déchets et aux produits chimiques en vue dy inclure des points critiques dévaluation extrêmement préoccupants, comme la présence dun degré élevé de persistance, de perturbation endocrinienne, de bioaccumulation ou de neurotoxicité.
En dernier lieu, le Parlement a souligné que le que le défaut dapplication de la législation de lUnion en matière de déchets était inacceptable et que ce problème devait être traité en priorité.