Sécurité des opérations pétrolières et gazières en mer
OBJECTIF : réduire les risques daccident majeur dans les eaux de lUnion et limiter les conséquences dun tel accident au cas où il surviendrait malgré tout.
ACTE PROPOSÉ : Règlement du Parlement européen et du Conseil.
CONTEXTE : lampleur des accidents (par exemple, Deepwater Horizon aux États-Unis en 2010, Montara en Australie en 2009, Usumacinta au Mexique en 2007) qui ont touché récemment des opérations pétrolières et gazières en mer, y compris dans lUnion, et ont eu un retentissement mondial, exigent que des mesures soient prises.
Des études, des consultations des parties concernées et des analyses de risques menées depuis 2010 ont permis de déterminer les principaux problèmes qui se posent pour lUnion:
- Le risque quun accident majeur lié à des activités pétrolières et gazières en mer survienne dans les eaux de lUnion nest pas négligeable, et la fragmentation de la législation actuelle, ainsi que la diversité des pratiques des autorités de régulation et de lindustrie ne permettent pas de réduire les risques dans lUnion autant que cela serait possible.
- Le cadre réglementaire et les modalités de fonctionnement actuels ne garantissent pas la plus grande efficacité des interventions durgence en cas daccident survenant dans les eaux de lUnion, et lattribution des responsabilités en matière de dépollution et de dommages classiques nest pas totalement claire.
Sur la base dune analyse de fréquence portant sur les performances de lindustrie en Europe, et des coûts documentés des accidents enregistrés, la moyenne annuelle des pertes économiques et des dommages résultant daccidents liés aux opérations pétrolières et gazières en mer dans lUnion varie entre 205 et 915 millions EUR. On estime que les avantages de ladoption de normes plus strictes pour lUnion et les États membres dépasseraient largement leurs coûts.
Selon la Commission, la maîtrise des risques liés aux dangers majeurs dans le secteur offshore doit être portée à des niveaux uniformément élevés partout dans lUnion. Quatre objectifs spécifiques devaient être poursuivis:
- assurer une utilisation cohérente par lindustrie des bonnes pratiques pour la maîtrise des dangers majeurs liés aux opérations en mer de lindustrie pétrolière et gazière susceptibles de toucher les eaux de lUnion ou ses côtes;
- mettre en uvre les bonnes pratiques de régulation dans tous les pays européens où sont réalisées des activités pétrolières et gazières en mer;
- renforcer la préparation et la capacité dintervention de lUnion pour gérer des urgences susceptibles de toucher les populations, léconomie ou lenvironnement de lUnion;
- améliorer et clarifier les dispositions existantes de lUnion en matière de responsabilité et dindemnisation.
ANALYSE DIMPACT : outre loption de référence qui correspond à un scénario dinaction (option 0), quatre options stratégiques ont été envisagées :
- Loption 1 (niveau de base en mer du Nord) correspond au niveau de base pour une intervention utile de la part de lUE. Elle introduit, dans la législation de lUnion, le «rapport sur les dangers majeurs», qui est fondé sur le document de sécurité et de santé exigé par la directive 92/91/CE, mais va plus loin en exigeant que lautorité réglementaire lapprouve avant que les opérations puissent commencer. Un régime dinspections et de sanctions serait nécessaire pour conforter les mesures décrites dans le rapport sur les dangers majeurs. Loption 1+ («mer du Nord+») va plus loin en introduisant des lignes directrices non contraignantes, entre autres, pour rendre plus strict lexamen de la capacité technique des candidats à loctroi de concessions pétrolières et gazières offshore;
- Loption 2 (bonnes pratiques de lUnion) pousse plus loin les réformes de loption 1+, pour en faire un train de mesures complet. Les bonnes pratiques reconnues à léchelle mondiale en matière de maîtrise des dangers majeurs seraient rendues obligatoires et lévaluation des risques pour lenvironnement serait intégrée au rapport sur les dangers majeurs. De même, les bonnes pratiques de régulation et les normes organisationnelles indispensables seraient introduites dans des arrangements contraignants pour les autorités compétentes nationales ;
- Loption 3 (Agence de lUE) renforce encore les effets de loption 2 en créant une agence de lUnion chargée dinstitutionnaliser et, partant, de consolider les réformes obtenues par loption 2. Cette agence procéderait à des inspections et à des enquêtes, surveillerait les performances et assurerait leur cohérence, développerait des capacités dintervention et contribuerait à la constitution de capacités dans des pays tiers limitrophes.
Loption stratégique préférée est loption 2, à savoir une réforme globale du secteur offshore qui relève dans toute lUnion, grâce à de nouvelles dispositions législatives, le niveau de gestion des risques et de préparation aux situations durgence dans lindustrie offshore. Le coût des mesures proposées (environ 134 à 140 millions EUR/an) est modeste par rapport à la réduction des risques quelles garantiront (environ 103 à 455 millions EUR/an).
BASE JURIDIQUE : article 192 du TFUE (Environnement) pour ce qui est des objectifs de protection de lenvironnement, et article 194 du TFUE (Énergie) en ce qui concerne la réduction des effets néfastes sur la sécurité de lapprovisionnement énergétique de lUE et le fonctionnement du marché intérieur de lénergie.
CONTENU : le règlement proposé crée les obligations suivantes pour les exploitants, les États membres et la Commission:
Exploitant :
- lexploitant devrait organiser ses activités autour dun modèle de bonnes pratiques, élaborer un rapport sur les dangers majeurs et le soumettre pour évaluation à lautorité compétente. Lexploitant serait, en outre, tenu de notifier à lautorité de régulation toutes les opérations sur puits ;
- aussi bien pour les rapports sur les dangers majeurs que pour les notifications dopérations sur puits, une vérification indépendante des éléments critiques pour la sécurité serait requise ;
- les exploitants devraient élaborer des plans dintervention durgence internes, promouvoir linteropérabilité et la compatibilité des moyens dintervention et signaler les incidents à lÉtat membre concerné en utilisant un formulaire type, en y joignant dautres informations déterminées ;
- les grandes entreprises ayant leur siège dans lUnion sengageraient à faire la démonstration des normes de sécurité offshore chaque fois quelles opèrent en dehors de lUnion.
États membres : lorsquelles envisagent doctroyer des concessions dexploration ou de production, les autorités compétentes des États membres évalueraient dune manière appropriée les performances potentielles des candidats en matière de sécurité et de respect de lenvironnement (ainsi que leur capacité financière à faire face aux défaillances de la sécurité).
Les États membres :
- se doteraient dautorités compétentes pour assurer la surveillance de la sécurité, de la protection de lenvironnement et de la préparation aux situations durgence, et adopteraient des normes robustes en matière dinspection et denquête, soutenues par des sanctions appropriées en cas de manquement des exploitants à leurs obligations ;
- devraient rendre facilement disponibles des informations concernant leurs secteurs offshore et signaler à la Commission tous les incidents majeurs et les enseignements qui en sont tirés ;
- établiraient, en collaboration avec les États membres limitrophes, des plans dintervention durgence externes.
Des mesures seraient prises pour assurer linteropérabilité de lexpertise et des moyens matériels destinés à soutenir une intervention au niveau de lensemble de lUnion, y compris de la part de lEMSA. Les États membres et lindustrie élaboreront des plans dintervention durgence quils soumettront à des tests périodiques.
Commission : la Commission devrait mettre sur pied un groupe des autorités offshore de lUE, comprenant des représentants des autorités compétentes responsables des activités pétrolières et gazières en mer dans les États membres de lUnion. Par lintermédiaire du règlement, elle modifiera la directive sur la responsabilité environnementale.
INCIDENCE BUDGÉTAIRE : lincidence budgétaire de la proposition est dapproximativement 2,5 millions EUR sur la période 2013-2016, incluant lindemnisation des frais de participation aux comités.
ACTES DÉLÉGUÉS : la proposition contient des dispositions habilitant la Commission à adopter des actes délégués conformément à larticle 290 du traité sur le fonctionnement de lUnion européenne.