Conformément au règlement (CE) n° 1234/2007 du Conseil, la Commission présente un rapport relatif à lexpérience acquise dans le cadre de la mise en uvre de la réforme du secteur du vin de 2008. Le rapport :
La Commission estime que la réforme de 2008 - qui visait principalement à augmenter la compétitivité des producteurs de vin européens - a été correctement mise en uvre :
1) Régime darrachage : lobjectif du régime darrachage était de supprimer du marché les vins de qualité inférieure non compétitifs destinés aux distillations subventionnées. Cette mesure a constitué un franc succès, avec une surface de 161.164 ha arrachés, ce qui a entraîné une diminution annuelle denviron 10,5 millions hl de la production européenne de vin. Au terme de la période de trois ans, 1.024,62 millions EUR ont été versés pour cette mesure.
2) Programmes de soutien nationaux : dix-huit États membres ont bénéficié de la possibilité dutiliser, en fonction de leurs besoins particuliers, leur budget alloué pour financer des mesures liées au secteur vitivinicole. La mise en uvre des programmes de soutien nationaux - élément clé de la réforme de 2008 - sest déroulée sans problème majeur au cours des trois premières années (2009-2011).
Le taux dexécution globale du budget est resté élevé au cours de cette période, puisque les États membres ont dépensé 97 % de la totalité du budget disponible, qui sélève à 2,8 milliards deuros : 42 % des fonds ont été utilisés aux fins de la restructuration et de la conversion des vignobles, 12 % pour la distillation dalcool de bouche, 10 % pour la distillation de sous-produits du vin, 8,5 % pour la promotion des vins de lUE dans les pays tiers et 8,2 % pour lutilisation du moût de raisins concentré par les caves. Les États membres ont transféré 7 % des fonds de lOCM unique vers le régime de paiement unique (RPU) et 6 % ont été utilisés pour des investissements.
Pour les deux années restantes (2012-2013), la suppression progressive de certaines mesures de marché, comme les aides pour la distillation et le moût de raisins concentré, devrait permettre à dautres mesures de gagner en importance. Certaines mesures méritent dêtre quelque peu clarifiées et améliorées. En outre, des dispositions particulières doivent être établies pour les programmes de soutien nationaux en Croatie.
3) Situation du marché : ces dernières années, la situation du marché vitivinicole de lUE se caractérise par les facteurs suivants: i) une diminution de la production européenne de vin (passant de 186 millions hl en 2006-2007 à 163 millions hl en 2011-2012), ii) une diminution de la consommation européenne de vin (passant de 140 millions hl en 2006-2007 à un tout petit peu plus de 135 millions hl en 2010-2011) et iii) des exportations accrues de vin vers les pays tiers dépassant largement laugmentation des importations.
· Les exportations totales de lUE vers les pays tiers ont augmenté, passant de 17,9 millions hl en 2007 à 22,8 millions hl en 2011 (+27 %). La valeur totale des exportations de vin de lUE est passée de 5,9 milliards EUR en 2007 à 8,1 milliards EUR en 2011 (+36 %). En 2011, les principales destinations des exportations étaient les États-Unis (23 %), la Russie (18 %) et la Chine (10 %). Soixante-cinq pour cent de lensemble des exportations de vin de lUE vers les pays tiers concernaient le vin en bouteille, 24 % le vin en vrac et 10 % le vin mousseux.
· Parallèlement, les importations totales de lUE en provenance des pays tiers sont passées de 12,9 millions hl en 2007 à 13,6 millions hl en 2011 (+5 %). Le montant total des importations de vin non européen a enregistré une baisse, passant de 2,7 milliards EUR en 2007 à 2,4 milliards EUR en 2011 (-12 %).
Le solde de la balance commerciale du vin de lUE est positif et a augmenté, passant de 5 millions hl en 2007 à 9 millions hl en 2011 (+80 %). Cest aussi le cas en valeur, où lon constate une augmentation de 3,2 milliards EUR en 2007 à 5,7 milliards EUR en 2011 (+76 %).
4) Politique de qualité, étiquetage et présentation : la nouvelle politique de qualité entre en vigueur à partir du 1er août 2009 et sapplique aux AOP, aux IGP et aux mentions traditionnelles (MT). La modernisation de cette politique a été considérée comme étant essentielle pour harmoniser les règles de lUE et adapter les produits vitivinicoles à la demande du marché. La nouvelle politique devrait renforcer la consolidation de vins de qualité dotés dAOP et dIGP, ainsi que leur protection contre lusurpation en Europe et dans les pays tiers.
La Commission estime que la politique de qualité devrait également couvrir les vins de marque et les vins de cépage, puisque les consommateurs les reconnaissent comme des produits de qualité. Il conviendrait aussi de réviser les règles en matière de MT, en particulier en ce qui concerne le champ dapplication de la protection et les règles en matière de contrôle.
Les dispositions relatives à létiquetage et à la présentation ont été substantiellement simplifiées et harmonisées pour différents produits vinicoles. Toutefois, plusieurs États membres se montrent réticents à lidée de développer leur vin de cépage, en excluant leurs variétés les plus pertinentes afin de les préserver en faveur des vins AOP. Afin de renforcer ce nouveau marché, une nouvelle catégorie de vin intitulée «vin de cépage» pourrait être ajoutée à lannexe XIb du règlement (CE) n° 1234/2007.
En ce qui concerne les indications concernant la variété à raisins de cuve sur les étiquettes, la législation de lUE souffre toujours dune absence de cohérence, en particulier pour les cépages qui coïncident avec des AOP ou IGP européennes. En outre, il nexiste pas de donnée scientifique concernant les différences entre les variétés Vitis et Vitis vinifera. Afin de répondre à ces préoccupations, il convient denvisager la modification des règles sappliquant aux variétés à raisins de cuve.
5) Pratiques nologiques : une demande croissante a été observée pour les produits vitivinicoles dont le titre alcoométrique est réduit et les producteurs de vin de lUE semblent intéressés par cette nouvelle possibilité de segmentation de loffre. Pour éviter toute fragmentation du marché européen, la Commission estime que lUE devrait développer une politique unique et uniforme en la matière, grâce à lintroduction et à la promotion de nouvelles catégories de produits de la vigne («vin désalcoolisé» et «vin partiellement désalcoolisé»).
La mise en uvre de la réforme indique également que les règles de lUE sur les pratiques nologiques devraient être davantage harmonisées et simplifiées afin dassurer une concurrence loyale entre les producteurs de vin de lUnion et de garantir la transparence pour les consommateurs. En particulier :
En guise de conclusion, la Commission considère que la poursuite de la réforme du secteur vitivinicole contribuera à améliorer la compétitivité du secteur. La Commission étudiera la possibilité dapporter des améliorations à la législation en vue de clarifier et de préciser certains points spécifiques, notamment en ce qui concerne les programmes de soutien nationaux, la politique en matière de qualité, létiquetage et les pratiques nologiques.