La Commission présente un rapport sur la mise en uvre par les États membres de la décision-cadre 2008/909/JAI du Conseil concernant lapplication du principe de reconnaissance mutuelle aux jugements prononçant des peines ou des mesures privatives de liberté (décision-cadre relative au transfèrement de détenus). La décision-cadre devait être mise en uvre avant le 5 décembre 2011. Dune part, elle permet à un État membre dexécuter une peine de prison prononcée dans un autre État membre à lencontre dune personne qui demeure dans ce premier État membre. Dautre part, elle établit un système de transfèrement des détenus condamnés vers lÉtat membre dont ils ont la nationalité ou celui où ils ont leur résidence habituelle (ou vers un autre État membre avec lequel ils ont des liens étroits) afin quils y purgent leur peine de prison.
Dans le cadre de la mise en place dun espace européen de justice fondé sur la confiance mutuelle, lUnion européenne a pris des mesures pour garantir que les non-résidents faisant lobjet dune procédure pénale ne soient pas traités différemment des résidents. Linitiative est particulièrement importante, compte tenu du nombre considérable de citoyens de lUnion détenus dans dautres États membres.
Lanalyse des nombreuses réponses au Livre vert de la Commission de juin 2011 sur lapplication de la législation de lUE en matière de justice pénale dans le domaine de la détention a montré que la mise en uvre correcte et rapide des décisions-cadres devait avoir la priorité absolue.
Le rapport se concentre également sur deux autres textes législatifs :
Le présent rapport poursuit dès lors un double objectif:
État des lieux : chaque année, des dizaines de milliers de citoyens de lUnion sont poursuivis pour des infractions pénales présumées ou condamnés dans un autre État membre de lUnion européenne. Très souvent, les juridictions pénales ordonnent la détention des non-résidents, par crainte quils ne comparaissent pas au procès. Dans une situation analogue, un suspect résidant dans le pays bénéficierait souvent dune mesure de contrôle moins coercitive, en étant par exemple soumis à lobligation de se présenter à la police ou à une limitation de sa liberté de circulation.
Les décisions-cadres doivent dès lors être vues comme un ensemble législatif cohérent et complémentaire régissant la détention de citoyens de lUnion dans dautres États membres et susceptible de conduire à une réduction de la détention provisoire ou de faciliter la réinsertion sociale des personnes détenues dans un contexte transfrontière.
Les trois décisions-cadres comportent des liens opérationnels, mais il en existe aussi entre les décisions-cadres et la décision-cadre relative au mandat darrêt européen.
État de la transposition : au moment de la rédaction du présent rapport, seuls les États membres suivants avaient notifié à la Commission la transposition des décisions-cadres en droit national:
- Probation et peines de substitution: DK et FI à la date limite de transposition et AT, BE, BG, CZ, HR, HU, LV, NL, PL, RO, SI et SK après la date limite de transposition.
- Transfèrement de détenus: DK, FI, IT, LU et UK à la date limite de transposition et AT, BE, CZ, FR, HR, HU, LV, MT, NL, PL, RO, SI et SK après la date limite de transposition.
- Décision européenne de contrôle judiciaire: DK, FI, LV et PL à la date limite de transposition et AT, CZ, HR, HU, NL, RO, SI et SK après la date limite de transposition.
La non-transposition des décisions-cadres par certains États membres est très problématique car les États membres qui ont dûment transposé les décisions-cadres ne peuvent bénéficier de leurs dispositions en matière de coopération dans leurs relations avec ceux qui ne les ont pas transposées dans le délai imparti. En effet, le principe de reconnaissance mutuelle pierre angulaire de lespace judiciaire européen exige une transposition réciproque et ne peut fonctionner si les deux États membres concernés nont pas correctement mis en uvre les instruments. Par conséquent, en cas de coopération avec un État membre nayant pas transposé les décisions-cadres dans le délai fixé, les États membres ayant effectué cette transposition devront néanmoins continuer à appliquer les conventions du Conseil de lEurope correspondantes dans le cadre du transfèrement de détenus ou du transfert de peines à dautres États membres.
Principales conclusions du rapport : le rapport se concentre sur lévaluation dune sélection de dispositions des décisions-cadres à la lumière de leurs objectifs. Puisquil sagit dune évaluation préliminaire, il est prématuré de tirer des conclusions générales sur la qualité de la mise en uvre, dautant que de nombreux États membres nont pas encore satisfait à leur obligation de transposer les décisions-cadres.
Lobjectif de développement dun espace de liberté, de sécurité et de justice pour tous les citoyens de lUnion, tel quénoncé à larticle 3 du traité sur lUnion européenne, ne peut être atteint si les États membres ne mettent pas correctement en uvre les instruments quils ont tous approuvés.
La transposition partielle et incomplète des décisions-cadres entrave lapplication du principe de reconnaissance mutuelle dans le domaine de la justice pénale et porte atteinte à la confiance légitime des citoyens de lUnion, dans la mesure où ils sont privés dun instrument précieux pour réduire les répercussions négatives sur leur vie liées au fait dêtre soupçonné ou poursuivi dans un autre État membre. Latteinte est particulièrement importante dans le cas de citoyens faisant lobjet dun mandat darrêt européen au stade présentenciel. Cette situation empêche parallèlement de réaliser lobjectif des décisions-cadres qui consiste à garantir que la justice soit rendue, tout en améliorant la réinsertion sociale de la personne soupçonnée ou accusée.
Enfin, le retard pris dans la mise en uvre est regrettable, dans la mesure où les décisions-cadres pourraient entraîner une diminution des peines de détention prononcées par les juges à lencontre de non-résidents. Il en résulterait non seulement une baisse de la surpopulation carcérale et, partant, une amélioration des conditions de détention, mais aussi la réalisation déconomies considérables sur les budgets alloués par les États membres aux institutions pénitentiaires.
Procédures dinfraction : sachant quà partir du 1er décembre 2014, la Commission disposera du pouvoir dengager des procédures dinfraction, il est capital que tous les États membres prennent connaissance du présent rapport et communiquent toutes les informations pertinentes à la Commission afin de respecter leurs obligations découlant du traité.
La Commission engage dès lors les États membres qui ne lont pas encore fait à prendre rapidement les mesures nécessaires pour mettre en uvre ces décisions-cadres aussi exhaustivement que possible.