Instrument international sur les marchés publics
OBJECTIF : établir des mesures visant à améliorer laccès des opérateurs économiques, produits et services de lUnion aux marchés publics et marchés de concessions des pays tiers.
ACTE PROPOSÉ : Règlement du Parlement européen et du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN : le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire sur un pied dégalité avec le Conseil.
CONTEXTE : bien que les marchés publics de lUE soient ouverts aux soumissionnaires étrangers, les marchés publics pour des produits ou services étrangers dans les pays tiers demeurent largement fermés en droit ou en fait. De nombreux pays tiers sont réticents à ouvrir leurs marchés publics à la concurrence internationale. La valeur des marchés publics ouverts aux soumissionnaires étrangers nest ainsi que de 178 milliards EUR aux États-Unis et de 27 milliards EUR au Japon, et, en Chine, seule une fraction minime des marchés publics leur est accessible.
La Commission estime que globalement, plus de la moitié des marchés publics au niveau mondial est actuellement verrouillée par des mesures protectionnistes, et cette proportion ne cesse de croître. En conséquence, seulement 10 milliards EUR dexportations en provenance de lUnion (représentant 0,08% de son PIB) trouvent actuellement un débouché sur les marchés publics au niveau mondial, alors que lon estime à 12 milliards EUR les exportations qui ne se réalisent pas en raison des restrictions appliquées.
Les marchés publics de lUnion sont pour leur part ouverts, pour un montant de quelque 352 milliards EUR, aux soumissionnaires originaires des pays parties à laccord de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) sur les marchés publics (AMP). Toutefois, certains acteurs économiques dimportance comme la Chine, le Brésil ou lInde ne sont pas encore signataires de cet accord.
En mars 2012, la Commission a présenté sa première proposition dinstrument international sur les marchés publics en vue daméliorer les conditions dans lesquelles les entreprises de lUE participent à des marchés publics dans les pays tiers. Cette proposition initiale a été examinée au Parlement européen et au Conseil, toutefois sans conclusion de la première lecture.
Depuis le lancement de sa proposition de 2012, des négociations commerciales importantes ont été engagées avec les États-Unis (TTIP) et le Japon (ALE) ou poursuivies, comme avec la Chine (pour ladhésion à lAMP). La Commission estime que ladoption de linstrument international sur les marchés publics enverrait un signal fort à ces pays et aux autres partenaires, et encouragerait les négociateurs à accélérer et poursuivre louverture substantielle de leurs marchés en la matière.
Étant donné quil semble y avoir un large consensus sur le fait que les entreprises européennes devraient bénéficier dun meilleur accès aux perspectives de marchés publics à létranger, la Commission a décidé de revoir sa proposition initiale afin de répondre à certaines des préoccupations exprimées par les deux organes législatifs de lUnion, tout en garantissant que, grâce à la proposition révisée, lUnion dispose de moyens de pression plus appropriés dans ses négociations visant à ouvrir les marchés publics étrangers.
ANALYSE DIMPACT : le comité danalyses dimpact de la Commission a rendu deux avis sur le rapport danalyse dimpact. Les modifications proposées à présent visent à cibler davantage linstrument et à faciliter sa mise en uvre tout en limitant les effets négatifs potentiels.
Sur le plan de lefficacité,
- la proposition modifiée continue de respecter lobjectif initial de clarification des règles applicables et la Commission continuera davoir le dernier mot concernant le recours aux mesures restrictives ;
- avec la suppression du pilier décentralisé (qui permettait à lentité adjudicatrice dexclure une offre de manière autonome), lapplication des règles sera plus simple et plus harmonisée et la marge derreur liée à la mise en uvre des mesures restrictives par les pouvoirs adjudicateurs et entités adjudicatrices sera réduite ;
- le raccourcissement des délais accordés à la Commission pour mener ses enquêtes permettra de savoir plus rapidement si des mesures restrictives doivent être prises.
Sur le plan de lefficience, les amendements proposés réduisent la charge administrative :
- lanalyse dimpact a estimé les coûts liés au processus de notification de la procédure décentralisée à quelque 3,5 millions EUR. La suppression du pilier décentralisé, y compris ses délais, élimine tous les risques potentiels associés au processus de notification relevés par lanalyse dimpact ;
- la possibilité de mesures plus ciblées sur les territoires dun pays tiers qui sont véritablement responsables de lapplication de mesures discriminatoires, sans frapper le pays tout entier, devrait réduire le risque de rétorsion.
CONTENU : la proposition révisée de la Commission visant à mettre en place un instrument international sur les marchés publics est la réponse apportée par lUnion pour pallier labsence de conditions équitables en matière de passation de marchés au niveau mondial.
Les modifications incluses dans la proposition visent à accroître les effets de linstrument sur les pays tiers, tout en éliminant toutes les conséquences négatives quil aurait pu avoir sous sa forme initiale, telles que la possibilité de fermer complètement les marchés publics de lUnion à un partenaire commercial, la charge administrative liée à lapplication de linstrument et le risque de fragmentation du marché intérieur.
En parallèle, la proposition met en évidence le rôle de la Commission dans le cadre des enquêtes sur les barrières existant dans les pays tiers et fournit les outils nécessaires pour dialoguer avec ces pays en vue de leur suppression.
Concrètement, la proposition :
- supprime la possibilité de fermeture du marché tout en conservant la possibilité dimposer des pénalités de prix - désormais appelées «mesures dajustement des prix», sous certaines conditions. Si la Commission établit, au terme de son enquête, quun pays applique des barrières entravant la participation européenne à des marchés publics, un ajustement des prix pourrait être appliqué aux soumissionnaires, aux produits ou aux services de ce pays. Les soumissionnaires étrangers faisant lobjet dune mesure dajustement des prix pourraient néanmoins remporter le marché si, malgré cet ajustement, leur offre reste compétitive en termes de prix et de qualité ;
- supprime le «pilier décentralisé», éliminant ainsi la possibilité, pour les pouvoirs adjudicateurs, de décider de manière autonome dinterdire la participation de soumissionnaires étrangers à leurs appels doffres ;
- établit la présomption que les offres émanant dentreprises originaires du pays tiers ciblé seront soumises à la pénalité de prix, sauf si elles peuvent démontrer que la valeur totale de leur offre est constituée à moins de 50% de produits ou de services non couverts qui sont originaires de ce pays tiers. La charge de la preuve incomberait désormais au soumissionnaire;
- réduit la charge administrative en autorisant les États membres à indiquer, parmi leurs entités adjudicatrices, celles qui seront chargées de mettre en uvre la mesure dajustement des prix ;
- prévoit que la mesure dajustement des prix ne serait applicable ni aux PME européennes ni aux soumissionnaires ou aux produits originaires de pays en développement bénéficiant dun traitement SPG+ ;
- introduit une nouvelle disposition qui permettrait de cibler des territoires au niveau régional ou local, par exemple des entités fédérées, des régions, voire des municipalités ;
- raccourcit le délai accordé à la Commission pour ses enquêtes dans le cadre de la procédure centralisée ;
- prévoit de rendre publiques les conclusions des enquêtes de la Commission établissant lexistence de barrières dans les pays tiers ;
- clarifie que linstrument sappliquera à tous les marchés publics et concessions couverts par les directives de lUnion sur la passation de marchés publics et de concessions adoptées en février 2014 (qui excluent par exemple les concessions relatives aux services dalimentation en eau).