Le Parlement européen a adopté par 447 voix pour, 14 contre et 41 abstentions, une résolution sur la progression vers un cadre complet de lUnion européenne en matière de perturbateurs endocriniens.
Cette résolution a été déposée par les groupes PPE, S&D, ECR, ALDE, GUE/NGL, EFDD et Verts/ALE.
Le Parlement a rappelé que, dans le rapport de 2012 publié par lUNEP et lOMS, les perturbateurs endocriniens sont considérés comme une menace mondiale. Il a noté que, daprès le rapport, de nouveaux éléments dinformation permettent détablir un lien entre lexposition aux perturbateurs endocriniens et des pathologies de lappareil reproducteur (infertilité, cancer, malformations), et que des éléments de preuve de plus en plus nombreux attestent des effets de ces substances sur la fonction thyroïdienne, sur les fonctions cérébrales, sur lobésité et le métabolisme ainsi que sur linsuline et lhoméostasie du glucose. Il a ajouté que le cadre de lUnion européenne en matière de perturbateurs endocriniens, tel que proposé par la Commission dans sa communication, ne permet pas de faire face à la menace que représente lexposition aux perturbateurs endocriniens pour la santé humaine et lenvironnement et ne répond pas aux exigences du 7e programme daction général de lUnion pour lenvironnement (7e PAE).
Dispositions spécifiques
De même, les députés ont invité la Commission de formuler, au plus tard en juin 2020, des propositions législatives en vue dinsérer, dans le règlement (CE) n° 1223/2009, des dispositions spécifiques relatives aux perturbateurs endocriniens semblables aux dispositions relatives aux substances classées comme étant cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (ci-après, «substances CMR»). Ils ont noté que, cependant, la communication de la Commission ne présente ni un plan daction concret pour réduire au maximum lexposition aux perturbateurs endocriniens, ni un calendrier des prochaines étapes.
Définition transversale
Le Parlement a estimé que les perturbateurs endocriniens constituent une catégorie de substances chimiques qui est tout aussi préoccupante que celle des substances CMR et quil convient donc de leur réserver le même traitement dans la législation de lUnion. La Commission a été invitée à mettre au point, en juin 2020 au plus tard, une définition transversale des perturbateurs endocriniens fondée sur la définition de lOMS pour les substances suspectées dêtre des perturbateurs endocriniens ainsi que pour les perturbateurs endocriniens avérés et présumés, conformément à la classification des CMR dans le règlement relatif à la classification, à l'étiquetage et à l'emballage des substances et des mélanges (règlement CLP). Cette définition transversale doit saccompagner de documents dorientation dignes de ce nom.
Les députés ont ensuite noté que les critères scientifiques élaborés pour la détermination des perturbateurs endocriniens dans les pesticides et les biocides ne contiennent pas de catégorie de «substances suspectées dêtre des perturbateurs endocriniens» et ne sont donc pas adaptés à une application transversale. Cela nest pas conforme à la classification des substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) au sens du règlement CLP et du 7e PAE. La capacité didentifier les substances suspectées dêtre des perturbateurs endocriniens est extrêmement importante, dautant plus que le règlement relatif aux produits cosmétiques et la directive relative à la sécurité des jouets restreignent non seulement les substances CMR avérées et présumées (catégories 1A et 1B), mais aussi les substances suspectées de lêtre (catégorie 2). Le Parlement a invité la Commission à :
- formuler, au plus tard en juin 2020, des propositions législatives en vue dinsérer, dans la directive relative à la sécurité des jouets, des dispositions spécifiques relatives aux perturbateurs endocriniens semblables aux dispositions relatives aux substances CMR, mais sans référence aux seuils de classification, ceux-ci ne sappliquant pas aux perturbateurs endocriniens;
- réviser, au plus tard en juin 2020, le règlement (CE) n° 1935/2004 concernant les matériaux et objets destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires, en vue de réduire, dans les faits, les substances dangereuses entrant dans la composition de ceux-ci, y compris au moyen de dispositions spécifiques visant à remplacer les perturbateurs endocriniens.
REACH
Le Parlement a souligné les défaillances dans la mise en uvre du règlement concernant lenregistrement, lévaluation et lautorisation des substances chimiques (le «règlement REACH»), à savoir : pourcentage élevé de dossiers denregistrement non conformes, évaluations lentes en raison de données manquantes et absence de mesures réglementaires concernant les substances dont lévaluation a révélé quelles présentent un risque grave pour la santé humaine ou lenvironnement. Indiquant que de telles défaillances conduisent également à une incapacité à minimiser lexposition aux perturbateurs endocriniens avérés ou aux substances suspectées de lêtre, il a invité lAgence européenne des produits chimiques, la Commission et les États membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la conformité des dossiers denregistrement avec le règlement REACH (enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques) dici la fin de 2019, à accélérer lévaluation des substances et à mettre en uvre efficacement les conclusions finales des évaluations des substances au titre du règlement REACH afin de minimiser lexposition aux perturbateurs endocriniens.
Recherche et surveillance
Le Parlement a souligné que, daprès le rapport publié par lUNEP et lOMS, la capacité dinterférer avec les récepteurs hormonaux ou de perturber la synthèse ou la conversion hormonales est connue ou soupçonnée pour près de 800 substances chimiques, et que seule une petite partie de celles-ci a pourtant été étudiée lors dessais permettant de déceler les effets endocriniens manifestes sur des organismes intacts. Les exigences satisfaisantes relatives aux essais et aux données permettant didentifier les perturbateurs endocriniens font défaut dans des textes clés de la législation de lUnion. Les députés ont estimé quil est nécessaire et urgent daccélérer la mise au point et la validation dessais permettant didentifier les perturbateurs endocriniens, y compris en sappuyant sur de nouvelles approches méthodologiques. De plus, toutes les exigences en matière de données doivent être constamment mises à jour dans toute la législation pertinente afin de tenir compte des derniers progrès techniques et scientifiques, de sorte à identifier correctement les perturbateurs endocriniens.
Les députés ont invité la Commission à :
- encourager la recherche sur les perturbateurs endocriniens, en particulier en ce qui concerne leurs effets transgénérationnels et épigénétiques, leurs effets sur le microbiome, leurs modalités inédites et la caractérisation des fonctions dose-réponse, ainsi que des substances de remplacement plus sûres ;
- veiller à une biosurveillance adéquate des perturbateurs endocriniens dans les populations humaines et animales ainsi quà la surveillance des perturbateurs endocriniens dans lenvironnement, notamment dans leau potable.
En dernier lieu, constatant quà lheure actuelle, la Commission na pas encore adopté de stratégie de lUnion pour un environnement non toxique, pas plus quelle na adopté de mesures horizontales avant 2015 afin de garantir la réduction maximale de lexposition aux perturbateurs endocriniens tel quexigé par le 7e PAE, le Parlement a souligné le besoin de faire en sorte que le cadre de lUnion en matière de perturbateurs endocriniens contribue utilement à la stratégie de lUnion pour un environnement non toxique, quil convient dadopter dans les meilleurs délais.