Le Parlement européen a adopté par 530 voix pour, 14 contre et 104 abstentions, une résolution sur l'état d'avancement de la mise en uvre de la législation de lUnion relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux.
La résolution a été déposée par les groupes PPE, S&D, Renew et Verts/EFA.
Selon Europol, pas moins de 0,7 % à 1,28 % du PIB annuel de lUnion est «identifié comme étant impliqué dans une activité financière suspecte» telle que le blanchiment de capitaux lié à la corruption, le trafic darmes, la traite dêtres humains, le trafic de drogues, la fraude et lévasion fiscales, le financement du terrorisme et dautres activités illégales qui se répercutent sur le quotidien des citoyens de lUnion.
Le cadre de lutte de lUnion contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme a été progressivement renforcé par ladoption, en mai 2015 et en avril 2018 respectivement, des quatrième et cinquième directives antiblanchiment, dont le délai de transposition dans la législation nationale des États membres a été fixé, respectivement, à juin 2017 et janvier 2020, ainsi que dautres actes et mesures complémentaires.
Le 24 juillet 2019, la Commission a adopté un train de mesures antiblanchiment. Elle a, à cette occasion, informé le Parlement et le Conseil des résultats qui ont été atteints ainsi que des lacunes qui subsistent au regard du cadre de lUnion pour la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, posant ainsi les jalons dune nouvelle amélioration de lapplication et de la mise en uvre de la législation en vigueur ainsi que déventuelles réformes législatives et institutionnelles.
Le Parlement sest montré vivement préoccupé par le défaut de mise en uvre de la quatrième directive antiblanchiment par un grand nombre dÉtats membres et sest félicité que la Commission ait engagé des procédures d'infraction contre des États membres au regard des conclusions des contrôles dexhaustivité quelle a menés.
Il a demandé à la Commission de réaliser, dans les meilleurs délais, des contrôles dexactitude rigoureux et dengager des procédures d'infraction sil y a lieu. Le Parlement a également pressé les États membres qui ne lont pas encore fait à transposer correctement, et le plus rapidement possible, la quatrième directive antiblanchiment dans leur législation nationale.
La résolution a souligné que lactuel cadre de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme souffre des lacunes dans la mise en uvre des règles de lUnion, exacerbées par un défaut de surveillance efficace. Laccent a été mis de manière répétée sur le fait quune législation reposant sur des «normes minimales» en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme risque de compromettre lefficacité de la surveillance, de léchange d'informations et de la coordination. Dès lors, le Parlement a invité la Commission à déterminer, dans le cadre de lanalyse dimpact requise pour toute révision de la législation antiblanchiment, si un règlement constituerait un acte juridique plus adéquat quune directive.
La Commission a également été invitée à :
- examiner plus avant la possibilité détablir une «liste grise» de pays qui présentent potentiellement un risque important en sappuyant sur une démarche analogue à celle mise en uvre par lUnion pour recenser les pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales ;
- garantir un processus transparent assorti de critères clairs et concrets pour les pays qui sengagent à entreprendre des réformes afin déviter dêtre inscrits sur la liste ;
- publier son évaluation initiale et son évaluation finale des pays inscrits sur la liste, ainsi que les critères utilisés, afin de garantir un contrôle public qui empêche dy recourir de façon abusive.