En vertu du règlement (UE) nº 305/2011 du Parlement européen et du Conseil sur les produits de construction (RPC), la Commission est tenue dévaluer la pertinence des fonctions visées au règlement, bénéficiant dun financement de lUnion au regard des besoins des politiques et de la législation de lUnion, et dinformer le Parlement européen et le Conseil du résultat de cette évaluation. Il sagit des fonctions assignées à lOrganisation européenne pour lévaluation technique (EOTA), à savoir lorganisation des organismes dévaluation technique.
Le présent rapport analyse la façon dont lEOTA a rempli les fonctions pour lesquelles elle a bénéficié des subventions de lUE. Les données recueillies proviennent des informations fournies par lEOTA comprenant des données quantitatives et statistiques pour la période 2014-2018 et dune étude externe couvrant la période située entre avril 2011 et la fin de 2015.
Évaluation de lEOTA dans lexercice de ses fonctions
LEOTA sest vu attribuer un rôle clé dans la transition de lancien système dagrément des produits établi en vertu de la directive sur les produits de construction (la «DPC») vers le nouveau système dévaluation des performances du RPC.
LEOTA offre aux fabricants une autre voie pour lobtention du marquage CE pour les produits de construction qui ne sont pas couverts ou pas totalement couverts par les normes européennes harmonisées élaborées par le comité européen de normalisation (CEN). Sagissant de ces produits de construction, les fabricants peuvent demander une évaluation technique européenne (ETE) qui servira de base pour délivrer la déclaration des performances et apposer le marquage CE. Cette voie devait également simplifier et accélérer lentrée de produits innovants sur le marché. Les ETE sont élaborées par les OET sur la base de documents dévaluation européens (DEE) qui sont rédigés par lEOTA.
En ce qui concerne les sept fonctions visées au RPC, les données recueillies indiquent que toutes les fonctions sont remplies et que le soutien financier de lUE est justifié. Pour la période analysée, la voie de lEOTA a soutenu la transition de la DPC vers le RPC en offrant la flexibilité requise.
Problèmes structurels détectés
Le rapport formule en particulier les observations suivantes :
- la voie de lEOTA est utilisée par un nombre limité de sociétés de fabrication de produits de construction. En outre, les activités de lEOTA présentent une couverture très restreinte dans chacune des trois dimensions possibles (domaines de produits, distribution géographique et OET concernés) et rien nindique que cette situation saméliore ;
- aucun élément probant na permis de démontrer limpact éventuel de lEOTA en matière dinnovation dans le secteur de la construction. La très grande majorité des DEE nont pas été établis pour des produits nouveaux et réellement innovants, mais pour des produits déjà sur le marché. Par conséquent, la voie de lEOTA pourrait être considérée comme un moyen pour les fabricants dobtenir un avantage commercial en apposant un marquage CE sur leurs produits ;
- lEOTA ne met pas suffisamment laccent sur le soutien au marquage CE des produits innovants ; il serait nécessaire de soutenir les OET et de fournir aux fabricants des orientations claires concernant les DEE et linnovation par le biais des associations professionnelles européennes ;
- des preuves circonstancielles indiquent clairement que la voie de lEOTA a surtout profité de la sous-performance du système de normalisation. Certains DEE peuvent même être considérés comme des normes élaborées par dautres moyens. Ceci est particulièrement manifeste dans le domaine des fixations où un ETAG (actuellement converti en DEE) a servi de base à 25 % des ETE ;
- les coûts délaboration des ETE sont élevés, de même que les frais facturés aux fabricants pour obtenir une ETE. Bien que les entreprises ne supportent pas les coûts délaboration des DEE, elles sacquittent de frais auprès des OET en contrepartie de la délivrance de lETE. Ces frais peuvent être importants (24.000 EUR à 36.000 EUR) et parfois, cet investissement ne peut pas être compensé par une demande accrue sur le marché. Cette voie demeure coûteuse et nest donc pas favorable aux PME.
- les OET reconnaissent généralement la valeur ajoutée de lEOTA pour ses actions, même sils suggèrent que cette valeur ajoutée pourrait être augmentée par des gains en efficience et en efficacité.
Améliorer la gestion de lEOTA
Le rapport relève les points suivants :
- il existe une marge damélioration, notamment au niveau de la communication et de la coopération entre les OET. Une certaine tension apparue entre coordination et concurrence parmi les OET a entraîné certains chevauchements et doubles emplois dans les livrables des OET. Il est recommandé de mieux surveiller les calendriers (délais dexécution) et clarifier les rôles dans le système de lEOTA ;
- dans un certain nombre de cas, plusieurs DEE sont élaborés en parallèle pour les mêmes types de produits (par exemple, les chevilles chimiques). Ladoption de ces DEE parallèles, si elle est autorisée, créerait de graves difficultés pour les produits concurrents, la confusion sur les performances déclarées et la confusion dans lesprit de lutilisateur du produit ;
- la coordination des procédures du fait de la prolifération des DEE et des ETE et de linsuffisance des contrôles internes de la qualité des projets de DEE, aboutit à des processus de vérifications multiples entre la Commission et lEOTA et contribue donc de manière substantielle aux retards dans ladoption finale et la citation des DEE dans le Journal officiel.
Le rapport conclut que si une révision du RPC et du système dharmonisation applicable aux produits de construction devait être proposée, il convient danalyser en profondeur le rôle de lEOTA et de la voie de lEOTA dans le cadre des spécifications techniques harmonisées au centre du RPC et de laligner sur les conclusions présentées dans lévaluation du RPC.