Le Parlement européen a adopté par 479 voix pour, 71 contre et 15 abstentions, des amendements à la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil concernant les menaces transfrontières graves pour la santé et abrogeant la décision nº 1082/2013/UE.
La question a été renvoyée à la commission compétente, aux fins de négociations interinstitutionnelles. Les principaux amendements adoptés en plénière sont les suivants :
Objectif et champ dapplication
La proposition prévoit un cadre juridique plus solide et plus complet permettant à lUnion de réagir rapidement et de déclencher la mise en uvre de mesures de préparation et de réaction aux menaces transfrontières pour la santé dans toute lUnion européenne.
Les dispositions des traités en matière de santé restant largement sous utilisées, les députés estiment que le règlement devrait viser à utiliser au mieux ces dispositions afin de démontrer la force de la politique de santé de lUnion.
Les députés proposent que le règlement établisse également des règles concernant les plans de recherche et dinnovation durgence, y compris les réseaux dessais cliniques et les plateformes dinnovation, ainsi quun réseau de réserves stratégiques nationales et de contre-mesures médicales disponibles.
Le règlement devrait respecter les approches «Une seule santé» et «La santé dans toutes les politiques» et veiller à ce quà lavenir, en cas durgence sanitaire, la détection et le traitement dautres maladies graves, ainsi que les interventions sanitaires les concernant, ne soient pas entravés.
Le cadre sanitaire renforcé de lUnion devrait fonctionner en synergie avec les autres politiques et fonds de lUnion. Il devrait être mis en uvre dans le plein respect de la dignité ainsi que des droits et libertés fondamentaux des personnes.
Le règlement devrait sappliquer à la surveillance épidémiologique des maladies transmissibles ainsi quà la surveillance de lincidence de ces maladies sur les maladies non transmissibles majeures et sur des problèmes sanitaires particuliers connexes, tels que la santé mentale.
Les députés proposent que lUnion demande lélaboration dune convention-cadre de lOMS sur la préparation et la réaction aux pandémies. Cette convention devrait faciliter la mise en uvre du règlement sanitaire international (2005) et permettre de remédier aux défaillances de ce règlement identifiées lors de la crise de la COVID-19.
Coordination de la planification de la préparation et de la réaction au sein du Comité de sécurité sanitaire (CSS)
En liaison avec la Commission et les agences compétentes de lUnion, y compris lAutorité européenne de préparation et de réaction en cas durgence sanitaire (HERA), le CSS coordonnerait la planification la prévention, la préparation et la réaction des États membres. Il adopterait un programme daction annuel définissant des priorités et objectifs clairs. Les représentants des agences compétentes de lUnion, ainsi quun représentant désigné par le Parlement européen participeraient aux réunions du CSS en qualité dobservateurs.
Les membres du comité devraient agir dans un esprit dindépendance et ne devraient avoir aucun intérêt financier ou susceptible de nuire à leur impartialité. La liste des membres du CSS devrait être rendue publique.
Plan de prévention, de préparation et de réaction de lUnion
Ce plan devrait être établi par la Commission, en coopération avec les États membres et les agences compétentes de lUnion et en tenant compte du cadre de lOMS. Il devrait comporter:
- la communication relative aux risques et aux crises, à lintention des professionnels de santé et des citoyens;
- la cartographie des capacités de production de produits médicaux pour lensemble de lUnion;
- la constitution dun stock européen de produits médicaux critiques, de contre-mesures médicales et déquipements de protection individuelle dans le cadre de la réserve durgence rescEU;
- la mise en uvre des dispositions du plan relatives à la recherche et à linnovation durgence, ainsi que les critères dactivation et de désactivation des actions;
- la garantie de continuité des services de santé pendant les urgences sanitaires;
- linclusivité des systèmes de santé nationaux pour assurer légalité daccès aux soins de santé et permettre des traitements de qualité le plus rapidement possible;
- un niveau deffectifs adéquat et axé sur les besoins;
- un suivi permettant de vérifier que des évaluations des risques, des plans de préparation et des formations adéquats sont prévus pour les professionnels de la santé et des services sociaux.
Le plan de lUnion devrait également prévoir des mesures visant à assurer le fonctionnement normal du marché unique en cas de menaces transfrontières graves pour la santé.
Plans de prévention, de préparation et de réaction nationaux
Les députés proposent que les organisations de patients et de professionnels de la santé ainsi que les parties prenantes de lindustrie et de la chaîne dapprovisionnement et les partenaires sociaux nationaux soient consultés lors de lélaboration des plans nationaux.
Les États membres devraient transmettre à la Commission dans un délai de 6 mois à compter de lentrée en vigueur du règlement, puis tous les deux ans, un rapport actualisé sur leur planification et leur mise en uvre de la prévention, de la préparation et de la réaction à léchelon national et, le cas échéant, régional et transfrontalier. Le plan devrait comprendre des informations relatives à la «réserve stratégique», à savoir le nombre et la disponibilité de contre-mesures médicales, de médicaments et dappareils médicaux essentiels pour le contrôle des menaces ainsi que sur la capacité de conservation et de stockage de ces produits.
Tous les deux ans, lECDC effectuerait des audits dans les États membres afin de vérifier létat de mise en uvre des plans nationaux et leur cohérence avec le plan de lUnion. Ces audits seraient basés sur un ensemble dindicateurs et seraient réalisés en coopération avec les agences compétentes de lUnion.
Passation conjointe de marché
Les députés souhaitent que lUE fasse preuve de plus de transparence lorsquelle passe des marchés publics ou conclut des contrats dachat. La procédure de passation devrait imposer à toutes les parties de prendre et de respecter des engagements clairs, notamment que les fabricants livrent les quantités de production convenues et que les autorités achètent les volumes réservés convenus.
Les quantités précises commandées par chaque pays participant et qui lui sont fournies, ainsi que les détails de leurs engagements devraient être rendus publics. En cas de passation conjointe, les critères dattributions devraient également tenir compte, par exemple, de la capacité du fabricant à garantir la sécurité de lapprovisionnement en cas de crise sanitaire.
Le Parlement européen devrait être informé des négociations et se réserverait le droit, à tout moment, dexaminer, dans le respect des règles de confidentialité, le contenu non censuré de tous les marchés conclus dans le cadre de la procédure.
Système dalerte précoce et de réaction
LECDC devrait étendre ses activités de communication au grand public à travers la mise en place dun portail permettant le partage dinformations vérifiées. Par ailleurs, les députés proposent de mettre à jour le système dalerte précoce et de réaction (SAPR), un instrument géré par lECDC, à laide de technologies modernes afin de garantir son interopérabilité avec les systèmes dalerte internationaux, européens, nationaux et régionaux.