Le Parlement européen a adopté par 479 voix pour, 130, contre et 32 abstentions, des amendements à la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 2003/87/CE en ce qui concerne la contribution de laviation à lobjectif de réduction des émissions à léchelle de lensemble de léconomie de lUnion et mettant en uvre de manière appropriée un mécanisme de marché mondial.
La question a été renvoyée à la commission compétente pour négociations interinstitutionnelles.
La proposition de modification de la législation relative au système d'échange de quotas d'émission de l'UE (SEQE de lUE) en ce qui concerne son application à l'aviation sinscrit dans le cadre du paquet «Ajustement à lobjectif 55» qui vise à permettre à l'Union de réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55% d'ici à 2030 par rapport à 1990.
Les principaux amendements adoptés en plénière sont les suivants :
Inclusion des émissions des vols vers les pays hors Espace économique européen (EEE)
Afin de garantir des réductions ambitieuses des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de laviation, conformément à laccord de Paris, et de contribuer à linstauration de conditions de concurrence équitables au niveau international tout en garantissant légalité de traitement sur les liaisons, les députés ont proposé que le SEQE de lUE s'applique à tous les vols au départ d'un aéroport situé dans l'EEE à compter du 30 avril de l'année suivant l'entrée en vigueur des nouvelles règles.
Une dérogation au SEQE de lUE serait prévue pour les émissions provenant des vols entre aéroports situés dans une région ultrapériphérique de lUE et les aéroports situés dans une autre région de lEEE, ainsi que des vols entre aéroports situés dans la même région ultrapériphérique.
Afin de garantir que les émissions ne sont pas comptabilisées deux fois, les exploitants daéronefs devraient pouvoir déduire la valeur financière des dépenses afférentes aux crédits quils utilisent au titre du système de compensation et de réduction du carbone pour l'aviation internationale (CORSIA) pour les vols relevant du champ dapplication de la directive.
Suppression progressive des allocations gratuites d'ici 2025
Laviation représente 2 à 3% des émissions de CO2 au niveau mondial. Au sein de lUnion, les émissions provenant de laviation représentent 3,7% du total des émissions de CO2. Le secteur de laviation est responsable de 15,7% des émissions dues au transport, sans compter les émissions autres que celles de CO2, ce qui en fait le deuxième producteur démissions de gaz à effet de serre après le transport routier.
Le Parlement prévoit la fin des quotas gratuits au secteur de l'aviation d'ici 2025, soit deux ans avant le calendrier proposé par la Commission. Pour garantir une suppression progressive, une diminution accélérée de 50% des quotas gratuits est proposée pour 2024, par rapport à la proposition de la Commission.
Sur la quantité totale de quotas pour la période allant du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2029, il est prévu que 20 millions soient réservés pour être alloués de la même manière quun contrat décart compensatoire, pour couvrir lécart de prix entre le kérosène fossile et les carburants durables daviation, aux exploitants daéronefs qui utilisent davantage de carburants durables daviation, en donnant la priorité aux carburants renouvelables dorigine non biologique.
La Commission devrait veiller à ce que 70% de ces quotas soient alloués spécifiquement à lutilisation de carburants de synthèse pour laviation, la priorité étant accordée aux carburants renouvelables dorigine non biologique.
Orienter les ressources financières vers la transition climatique
Les députés ont proposé que :
- 75% des revenus générés par la mise aux enchères des quotas pour l'aviation (à l'exception de ceux qui sont affectés comme ressources propres dans le budget de l'UE) soient utilisés pour soutenir l'innovation et les nouvelles technologies, y compris le déploiement de solutions de décarbonation dans le secteur de l'aviation par le biais du Fonds d'investissement climatique;
- 15% des recettes générées par la mise aux enchères des quotas pour les émissions des vols quittant lEEE soient alloués aux fonds de la CCNUCC pour le climat (en particulier au Fonds vert pour le climat et au Fonds pour ladaptation) afin de faire progresser laction internationale visant à atténuer les effets du changement climatique sur les communautés les plus vulnérables.
Cadre pour la surveillance et la déclaration des émissions de laviation autres que le CO2
La Commission devrait mettre en place un système de surveillance, de déclaration et de vérification pour les émissions de laviation autres que le CO2 (telles que de la vapeur deau (H2O), des oxydes dazote (NOx), du dioxyde de soufre (SO2) et des particules de suie). Sappuyant sur les résultats de ce système, la Commission devrait, au plus tard le 31 décembre 2026, sur la base dune analyse dimpact, présenter une proposition législative contenant des mesures datténuation des émissions autres que le CO2, en élargissant le champ dapplication du SEQE de lUE pour couvrir ces émissions.
Applicabilité du CORSIA
En vue de garantir la transparence des données et daméliorer lapplicabilité du CORSIA ainsi que laccès du public aux informations concernant le CORSIA, les exploitants daéronefs devraient déclarer de manière conviviale leurs émissions et la compensation correspondante dans le processus dévaluation de limpact du CORSIA sur la réduction des émissions de CO2 à léchelle mondiale ainsi que de son rôle dans la réalisation des objectifs de laccord de Paris.
Afin daccroître la transparence, la Commission devrait publier une liste des exploitants daéronefs qui ne sont pas considérés comme appliquant le CORSIA pour les vols à destination et en provenance de pays tiers.
Rapports et réexamen
Le Parlement a demandé que la Commission présente un rapport d'avancement, avant le 1er janvier 2027 et tous les deux ans par la suite, sur les négociations de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) visant à mettre en uvre la mesure globale fondée sur le marché qui sera appliquée aux émissions à partir de 2021.
Les députés estiment par ailleurs que la transition du secteur de laviation vers une aviation durable devrait tenir compte de la dimension sociale du secteur et de sa compétitivité, afin de garantir que cette transition soit socialement juste et permette aux travailleurs daccéder à une formation, à une reconversion et à un perfectionnement professionnels. La Commission devrait présenter au Parlement européen et au Conseil un rapport sur lapplication de la directive et sur son incidence sur le marché intérieur sagissant du secteur de laviation, et notamment ses incidences sociales.