Le Parlement européen a adopté par 469 voix pour, 93 contre et 82 abstentions, des amendements à la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à lefficacité énergétique (refonte).
La question a été renvoyée à la commission compétente pour négociations interinstitutionnelles.
Les principaux amendements adoptés en plénière sont les suivants :
Objectifs
La directive établirait un cadre commun de mesures pour la promotion de lefficacité énergétique dans lUnion en vue dassurer la réalisation de lobjectif contraignant de lUnion relatif à lefficacité énergétique afin de contribuer à la mise en uvre de laccord de Paris et à la sécurité de lapprovisionnement énergétique de lUnion par la réduction de sa dépendance à légard des importations dénergie, notamment de combustibles fossiles. La directive prévoit aussi létablissement de contributions nationales contraignantes en matière defficacité énergétique pour 2030.
Relèvement des objectifs defficacité énergétique
Les États membres devraient veiller collectivement à réduire la consommation dénergie dau moins 40% en ce qui concerne la consommation dénergie finale et dau moins 42,5% en ce qui concerne la consommation dénergie primaire en 2030 par rapport aux projections du scénario de référence de 2007, afin que la consommation finale dénergie de lUnion ne dépasse pas 740 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) et que la consommation dénergie primaire de lUnion ne dépasse pas 960 Mtep en 2030. Les États membres devraient fixer des contributions nationales contraignantes pour atteindre ces objectifs. Ils devraient notifier ces contributions, accompagnées dune trajectoire assortie de deux points de référence (étapes) fixés en 2025 et en 2027 les concernant.
La Commission évaluerait si la contribution collective des États membres est suffisante pour atteindre lobjectif de lUnion en matière defficacité énergétique. Si elle conclut quelle nest pas suffisante, elle proposerait à chaque État membre une contribution nationale corrigée permettant à la contribution collective des États membres datteindre lobjectif de lUnion.
Principe de primauté de lefficacité énergétique
Conformément au principe de primauté de lefficacité énergétique, les solutions en matière defficacité énergétique devraient être évaluées lors de la conception et de la planification des décisions dorientation ainsi que des décisions dinvestissement importantes,y compris en ce qui concerne les secteurs non énergétiques, lorsquils ont une incidence sur la consommation dénergie et lefficacité énergétique, notamment les secteurs du bâtiment, des transports, de leau, des technologies de linformation et de la communication (TIC) et de lagriculture ainsi que le secteur financier.
Lorsquils appliquent le principe de primauté de lefficacité énergétique, les États membres devraient:
- définir une méthode danalyse coûts-avantages qui permette dévaluer les avantages quoffrent les solutions en matière defficacité énergétique compte tenu de la totalité du cycle de vie et de lévolution prévisible, de lefficacité du système et de la rentabilité, de la sécurité de lapprovisionnement et de la quantification du point de vue sociétal, sanitaire, économique et de la neutralité climatique;
- veiller à ce que lapplication du principe de primauté de lefficacité énergétique ait une incidence positive sur la lutte contre la précarité énergétique;
- garantir que les investissements réalisés sont durables sur le plan environnemental à tous les stades de la chaîne de valeur énergétique et appliquent les principes de circularité à la transition vers la neutralité climatique.
Rôle moteur du secteur public dans le domaine de lefficacité énergétique
La consommation dénergie finale totale de tous les organismes publics cumulés devrait être réduite dau moins 2% chaque année, par rapport à lannée de lentrée en vigueur de la directive. Les États membres devraient :
- apporter un soutien financier et technique aux organismes publics pour leur permettre dadopter des mesures visant à améliorer lefficacité énergétique et les encourager à tenir compte des avantages comme la qualité de lair et de lenvironnement intérieurs ainsi que lamélioration de la qualité de vie et le confort des bâtiments publics rénovés, en particulier les écoles, les garderies, les établissements de soins, les foyers-logements, les hôpitaux et les logements sociaux;
- encourager les organismes publics à prendre des mesures pour sattaquer à la question du chauffage des bâtiments appartenant à des organismes publics ou occupés par eux;
- promouvoir lutilisation des transports publics et dautres formes de mobilité moins polluantes et plus efficaces sur le plan énergétique, comme le rail, le vélo, la marche ou la mobilité partagée.
Chaque État membre devrait veiller à ce quau moins 3% de la surface au sol totale des bâtiments chauffés et/ou refroidis des catégories appartenant aux organismes publics et des bâtiments assurant une fonction de service social soit rénovée chaque année. Les logements sociaux pourraient être exemptés de lobligation de rénovation lorsque ces rénovations ne seraient pas neutres en termes de coûts.
Lorsque des organismes publics occupent un bâtiment dont ils ne sont pas propriétaires, ils devraient encourager le propriétaire du bâtiment à mettre en uvre un système de management de lénergie ou un contrat de performance énergétique pour maintenir et améliorer la performance énergétique dans le temps.
Autonomiser et protéger les clients vulnérables et réduire la précarité énergétique
Les États membres devraient, entre autres à:
- élaborer une stratégie solide à long terme et prendre les mesures appropriées pour autonomiser et protéger les personnes touchées par la précarité énergétique, les clients vulnérables et les ménages à faible revenu et, le cas échéant, les personnes vivant dans des logements sociaux;
- mettre en place des instruments de suivi et dévaluation pour faire en sorte que les personnes exposées au risque de précarité énergétique soient soutenues par des mesures visant à améliorer lefficacité énergétique;
- veiller à ce que les mesures visant à promouvoir ou à faciliter lefficacité énergétique, en particulier celles qui concernent les bâtiments et la mobilité, nentraînent pas daugmentation disproportionnée du coût de ces services ou une plus grande exclusion sociale;
- prendre les mesures appropriées pour protéger les personnes touchées par la précarité énergétique contre la fixation de prix abusifs et les augmentations de prix pour la fourniture de chauffage, de refroidissement et deau chaude sanitaire.
Systèmes de management de lénergie et audits énergétiques
Les entreprises devraient mettre en uvre un système de management de lénergie lorsque leur consommation annuelle moyenne dénergie au cours des trois années écoulées, en tenant compte de tous les vecteurs énergétiques, a été: a) supérieure à 100 TJ, à partir du 1er janvier 2024; b) supérieure à 70 TJ, à partir du 1er janvier 2027.
Les entreprises qui ne mettent pas en uvre un système de management de lénergie devraient faire lobjet dun audit énergétique lorsque leur consommation annuelle moyenne dénergie au cours des trois années écoulées, en tenant compte de tous les vecteurs énergétiques, a été: a) supérieure à 10 TJ, à partir du 1er janvier 2024; b) supérieure à 6 TJ, à partir du 1er janvier 2027.
Centres de données
Afin de promouvoir le développement durable dans le secteur des TIC, en particulier les centres de données, les États membres devraient recueillir et publier des données pertinentes pour la performance énergétique, lempreinte hydrique et la flexibilité de la demande des centres de données, sur la base dun modèle commun de lUnion. Les États membres ne devraient recueillir et publier de données que sur les centres de données qui ont une demande de puissance informatique installée dau moins 100 kW.
Information et sensibilisation
Les États membres devraient sassurer du concours des autorités compétentes et des acteurs privés pour mettre en place des guichets uniques locaux, régionaux ou nationaux spécialisés dans lefficacité énergétique. Ces guichets permettraient de développer localement des projets, par exemple en conseillant les ménages, les PME, les microentreprises et les organismes publics et en leur fournissant des informations sur les possibilités et les solutions techniques et financières; en prodiguant des conseils sur les comportements en matière de consommation dénergie; en mettant en place des services en faveur des personnes touchées par la précarité énergétique, des consommateurs vulnérables et des ménages à faible revenu.