OBJECTIF : réformer le cadre de gouvernance économique de lUE.
ACTE PROPOSÉ : Règlement du Parlement européen et du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN : le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire et sur un pied d'égalité avec le Conseil.
CONTEXTE : la proposition fait partie dun train de mesures et vise à remplacer le règlement (CE) nº 1466/97 relatif au renforcement de la surveillance des positions budgétaires ainsi que de la surveillance et de la coordination des politiques économiques (volet préventif du pacte de stabilité et de croissance). Elle est accompagnée :
- dune proposition de modification du règlement (CE) nº 1467/97 du Conseil visant à accélérer et à clarifier la mise en uvre de la procédure concernant les déficits excessifs (volet correctif du pacte de stabilité et de croissance), et
- dune proposition de modification de la directive 2011/85/UE du Conseil sur les exigences applicables aux cadres budgétaires des États membres.
Le réexamen du cadre de gouvernance économique de lUE sest fondé sur une consultation dun large éventail de parties prenantes. Il a révélé que le cadre comportait un certain nombre de points forts, mais aussi une série de lacunes, en particulier i) une complexité accrue, ii) la nécessité de faire preuve dune plus grande efficacité pour réduire les niveaux dendettement élevés et de constituer des réserves pour les chocs futurs, ainsi que iii) la nécessité de mettre à jour un certain nombre dinstruments et de procédures pour intégrer les enseignements tirés des mesures prises en réaction aux chocs économiques récents, y compris linteraction entre les réformes et les investissements au titre de la facilité pour la reprise et la résilience.
La réponse forte des pouvoirs publics à la pandémie de COVID-19 sest avérée très efficace pour atténuer les dommages économiques et sociaux causés par la crise, mais celle-ci a entraîné une augmentation significative des ratios dendettement des secteurs public et privé qui accentue la nécessité de ramener progressivement et durablement ces ratios à des niveaux prudents, sans nuire à la croissance, et de remédier aux déséquilibres macroéconomiques, tout en tenant dûment compte des objectifs sociaux et des objectifs en matière demploi.
Le train de mesures vise à rendre le cadre de gouvernance de lUE plus simple (en utilisant un indicateur opérationnel unique sous la forme dun sentier des dépenses nettes et en simplifiant les exigences en matière de rapports), plus transparent et plus efficace, avec une plus grande appropriation nationale et une meilleure application de la législation, et à permettre des réformes et des investissements tout en réduisant les ratios dendettement public élevés de manière réaliste, progressive et durable.
Lobjectif central de ces propositions est de renforcer la soutenabilité de la dette publique et de promouvoir une croissance durable et inclusive dans tous les États membres au moyen de réformes et dinvestissements.
CONTENU : le règlement proposé établit des règles garantissant une coordination efficace des politiques économiques des États membres et soutenant ainsi la réalisation des objectifs de lUnion en matière de croissance et demploi. Ses principaux éléments sont les suivants :
Semestre européen
Les dispositions introduisent le cadre budgétaire de lUE dans le cycle de la surveillance du Semestre européen. Elles prévoient également que les États membres doivent prendre en considération les orientations données par le Conseil et énumèrent les instruments juridiques que pourrait entraîner la non-prise en considération de ces orientations par les États membres.
Trajectoire technique
Pour chaque État membre dont le déficit public dépasse 3% du PIB ou dont la dette publique dépasse 60% du PIB, la Commission publiera une «trajectoire technique» des dépenses nettes couvrant une période dajustement minimale de quatre ans du plan budgétaire et structurel national à moyen terme et son éventuelle prolongation de trois ans au maximum. Cette trajectoire visera à faire en sorte que la dette soit placée sur une trajectoire descendante plausible ou maintenue à des niveaux prudents, et que le déficit reste ou soit ramené et maintenu en dessous de 3% du PIB à moyen terme.
Pour les États membres dont le déficit public est inférieur à 3% du PIB et dont la dette publique est inférieure à 60% du PIB, la Commission fournira des informations techniques aux États membres pour faire en sorte que le déficit public soit maintenu sous la valeur de référence de 3% du PIB également à moyen terme.
Ces trajectoires techniques et informations techniques guideront les États membres lors de la définition des objectifs pluriannuels de dépenses quils incluront dans leurs plans.
Plans budgétaires et structurels nationaux à moyen terme
La proposition vise à passer à un cadre de surveillance de lUE axé sur les risques, qui différencie les États membres en tenant compte des défis posés par leur dette publique. Les plans budgétaires et structurels nationaux à moyen terme constituent la pierre angulaire du cadre proposé. Ils intégreront les objectifs en matière de politique budgétaire, de réformes et dinvestissements, y compris ceux destinés à remédier aux déséquilibres macroéconomiques le cas échéant, et à mettre en uvre le socle européen des droits sociaux, dans un plan à moyen terme global et unique, ce qui créera un processus cohérent et rationalisé. Les États membres disposeront dune plus grande marge de manuvre pour fixer leur trajectoire des dépenses budgétaires nettes, ce qui renforcera ladhésion nationale à ces trajectoires budgétaires.
Ces plans seront évalués par la Commission et approuvés par le Conseil sur la base de critères communs de lUE. La proposition fixe également les conditions dans lesquelles Conseil pourra demander à un État membre de présenter un plan révisé et dans lesquelles le Conseil pourra proposer une révision du sentier des dépenses nettes quil a lui-même approuvé si lÉtat membre ne respecte pas les conditions requises en ce qui concerne la présentation dun plan révisé.
Les États membres devront présenter un rapport davancement annuel et la Commission suivra la mise en uvre des sentiers des dépenses nettes, notamment par létablissement dun compte de contrôle. Le suivi annuel exercé par la Commission sera ainsi moins contraignant pour les États membres.
Clauses dérogatoires
Sur recommandation de la Commission, le Conseil pourra adopter une recommandation autorisant un État membre à sécarter de son sentier de dépenses nettes si des circonstances exceptionnelles échappant à son contrôle ont une incidence majeure sur ses finances publiques, pour autant que cela ne mette pas en péril sa viabilité budgétaire à moyen terme. Le Conseil fixera une limite dans le temps pour un tel écart.
Dialogue économique
La proposition de règlement fixe les conditions dans lesquelles le dialogue économique a lieu entre les institutions et les États membres, y compris la nécessité dinformer le Parlement européen de lapplication du règlement et la possibilité pour le Parlement européen de procéder à un échange de vues avec un État membre où il existe un risque important décart par rapport au sentier des dépenses nettes.
Interaction avec le règlement (UE) nº 1176/2011
La proposition de règlement établit linteraction avec le règlement (UE) nº 1176/2011, qui exige denvisager louverture de la procédure concernant les déséquilibres excessifs dans le cas où les États membres ne mettent pas en uvre les engagements en matière de réformes et dinvestissements liés à la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques qui figurent dans leur plan budgétaire et structurel à moyen terme. Elle prévoit également que, lorsque la procédure concernant les déséquilibres excessifs est ouverte, lÉtat membre doit présenter un plan budgétaire et structurel à moyen terme révisé qui sert de plan de mesures correctives au titre de ce dernier règlement.