La commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures a adopté le rapport de Ramona STRUGARIU (Renew, RO) sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à la lutte contre la corruption, remplaçant la décision-cadre 2003/568/JAI du Conseil et la convention relative à la lutte contre la corruption impliquant des fonctionnaires des Communautés européennes ou des fonctionnaires des États membres de lUnion européenne, et modifiant la directive (UE) 2017/1371 du Parlement européen et du Conseil.
La directive proposée établit des règles minimales relatives à la définition des infractions pénales et des sanctions dans le domaine de la corruption, ainsi que des mesures visant à prévenir et combattre la corruption au niveau national et de lUnion.
La commission compétente a recommandé que la position du Parlement européen arrêtée en première lecture dans le cadre de la procédure législative ordinaire modifie la proposition comme suit :
Prévention de la corruption
Les États membres devraient prendre les mesures pour que des outils de prévention essentiels soient en place, notamment:
- une stratégie et un plan daction de lutte contre la corruption élaborés avec la participation des autorités compétentes;
- le libre accès aux informations dintérêt public;
- des règles efficaces i) pour la divulgation et la gestion des conflits dintérêts dans le secteur public, ii) concernant la divulgation et la vérification périodiques des avoirs et intérêts des agents publics, assorties de sanctions en cas de non-déclaration davoirs ou dintérêts importants; iii) sur linteraction entre le secteur privé et le secteur public, y compris la réglementation des situations de représentation dintérêts et de pantouflage;
- des mesures efficaces visant à interdire les programmes de citoyenneté ou de résidence par investissement.
Les États membres devraient entre autres:
- prendre des mesures pour assurer la transparence du financement des candidatures à un mandat public électif et des partis politiques, grâce à des mécanismes de déclaration annuelle;
- adopter des mesures globales et réexaminées périodiquement ciblant au moins les domaines communs à haut risque et comprenant au moins des actions visant à repérer et à combattre la criminalité organisée ou les autres formes graves de criminalité;
- prendre des mesures pour créer une solide culture de service public, reposant sur lintégrité, la transparence et lobligation de rendre des comptes;
- procéder à une évaluation annuelle afin de recenser les secteurs les plus exposés au risque de corruption;
- élaborer des plans de lutte contre la corruption assortis de mécanismes de mise en uvre et de contrôle pour agir sur les principaux risques qui pèsent sur les secteurs plus exposés au risque de corruption;
- mettre en place des systèmes appropriés de passation des marchés publics qui soient fondés sur la transparence, la concurrence et des critères objectifs pour la prise des décisions;
- mobiliser et consulter régulièrement la société civile, les organisations non gouvernementales, les associations locales et le milieu universitaire pour lélaboration, le suivi et lanalyse des lois et des politiques de lutte contre la corruption;
- prendre des mesures pour prévenir la corruption impliquant le secteur privé, en élaborant des codes de conduite.
Organismes spécialisés dans la prévention de la corruption
Ces organismes devraient être indépendants du gouvernement et capables de prendre des décisions de manière autonome sur des cas individuels, exercer leurs fonctions sans ingérence indue et traiter les plaintes relatives à des infractions aux règles de prévention de la corruption.
Infractions pénales
Selon les députés, les comportements suivants, lorsquils sont intentionnels, devraient être passibles de sanctions en tant quinfractions pénales: i) le financement politique illicite; ii) la dissimulation de biens acquis par la corruption et iii) la faute commise dans lexercice dune fonction publique.
Sanctions
La proposition introduit de nouvelles règles en matière de sanctions et de garanties procédurales afin déliminer toute possibilité déviter les poursuites pour corruption. Le rapport alourdit certaines des peines minimales demprisonnement afin de les conformer à la gravité du comportement en question. Les peines pourraient aller jusquà 7 ans demprisonnement.
En ce qui concerne les personnes physiques, les sanctions pourraient comprendre la révocation, la suspension et la réaffectation dun mandat public, la déchéance du droit de détenir un mandat public ou dexercer une fonction de service public et lexclusion de laccès aux financements publics.
Les sanctions applicables aux personnes morales devraient inclure i) des amendes pénales ou non pénales, proportionnées et appropriées à la gravité de linfraction. Le plafond de ces amendes ne devrait pas être inférieur à 10% du chiffre daffaires mondial total réalisé par la personne morale; ii) la publication, au niveau national ou de lUnion, de tout ou partie de la décision judiciaire relative à linfraction pénale commise et des sanctions ou mesures imposées.
Seraient considérées comme circonstances aggravantes le fait que lauteur de linfraction i) a profité de la situation de vulnérabilité dune personne impliquée dans la commission de linfraction; ii) a eu recours à une tromperie ingénieuse ou à linstrumentalisation dagents publics pour commettre linfraction.
Droits des victimes et indemnisation du préjudice
Les États membres devraient protéger les victimes et permettre la présentation et lexamen de leurs points de vue et de leurs préoccupations à des stades appropriés de la procédure pénale contre les auteurs dinfractions, dune manière qui ne porte pas atteinte aux droits de la défense. Les entités ou les personnes ayant subi un préjudice du fait dun acte de corruption devraient avoir le droit dintenter une action en justice contre les responsables de ce préjudice afin dobtenir une réparation proportionnée et adéquate.
En outre, le public concerné devrait bénéficier de droits appropriés pour participer aux procédures couvertes par la présente directive, par exemple en tant que partie civile, lorsque, à la suite dune infraction de corruption, ledit public a un intérêt suffisant à faire valoir une atteinte à un droit et est en droit de le faire, conformément au droit national.